Précédent9 101112 13 Suivant SUPERNOVA. Spectacle DEOLS 36130 Du 21/03/2023 à 20:00 au 22/03/2023 à 17:30 HOLIDAY ON ICE - SUPERNOVA DEOLS / MACH 36 Parce qu'il ne fait pas bon vivre ces temps-ci sur notre bonne vieille Terre, Holiday on Ice vous invite cette année sous des cieux plus cléments, vers un incroyable voyage aux confins de la galaxie.
"32 articles publiĂ©s au 7 fĂ©vrier 2022" c​​​​​​ 1954 – du mercredi 7 juillet au lundi 13 dĂ©cembre Contingent 54/ 
 Camille Chevrel Qui c'est l'andouille qui vous a dĂ©clarĂ© apte ... Je suis appelĂ© Ă  l’activitĂ© le 7 juillet 1954 et c’est Gustave Chapon, mon cousin, qui m’emmĂšne Ă  la gare de ChĂąteaubriant. Je prends le train et je me rends Ă  la caserne Desjardin Ă  Angers oĂč je rencontre d'autres jeunes recrues. Nous passons la nuit au casernement et, le lendemain, nous recevons notre paquetage et reprenons un train se dirigeant sur Marseille. AprĂšs deux jours d’attente au camp Sainte-Marthe, nous embarquons Ă  bord d’un bateau qui va nous conduire au Maroc. Sur le pont, je fais connaissance d’un certain Victor, originaire du Maine-et-Loire. Comme moi, il est fils d’agriculteur. L'embarcation longe la cĂŽte jusqu’au dĂ©troit de Gibraltar et, aprĂšs avoir naviguĂ© durant une semaine, elle accoste Ă  Tanger, citĂ© communĂ©ment appelĂ©e "ville internationale". Le 13 juillet, j'arrive Ă  Casablanca. je suis affectĂ© Ă  la 11Ăšme section d’infirmiers militaires la 11Ăšme SIM, dans un rĂ©giment de tirailleurs sĂ©nĂ©galais. AussitĂŽt, je suis mutĂ© 240 km plus bas pour la durĂ©e de mes classes mais je reste au bord de l’ocĂ©an atlantique. La caserne se situe prĂšs du port de pĂȘche de Safi et la tempĂ©rature avoisine les 50°. Victor, mon copain du Maine-et-Loire, est toujours avec moi. Nous suivons une formation pour devenir infirmiers militaires. Un jour, lors d’une manƓuvre, je suis prĂšs de notre bivouac et je me mets Ă  crier. Je viens d’ĂȘtre mordu au poitrail par un scorpion. Le sergent, infirmier de mĂ©tier, vient Ă  ma rescousse avec deux secouristes. Tous les trois, ils ont dĂ©jĂ  vĂ©cu ce genre de situation. Ils me dĂ©barrassent de ma tenue de combat et, dans la doublure de ma veste, ils dĂ©gotent le crapaud de mer qui vient de me mordre et dont l’abdomen se termine par une aiguille venimeuse. J'entends le sergent dire Ă  ses deux assistants C’est foutu, on ne pourra rien faire ». Il essaie quand-mĂȘme de tout mettre en Ɠuvre pour tenter de me sauver. Avec un canif bien affutĂ©, il me fait une entaille Ă  vif sur sept Ă  huit centimĂštres lĂ  oĂč j’ai Ă©tĂ© mordu par cette bestiole enragĂ©e. Pendant de longues minutes, avec sa bouche, il mord ma blessure et suce le sang en le recrachant d'emblĂ©e. Lorsque cet exercice douloureux est terminĂ©, il ordonne Ă  un conducteur de camion benne de me prendre en charge dans sa cabine et de me conduire Ă  l’hospice de Safi. Le lendemain, je suis transfĂ©rĂ© Ă  l’hĂŽpital de Casablanca. Je prĂ©sente le certificat que m’a fait le docteur Ricaud de JanzĂ© avant ma mobilisation, certificat attestant que j’ai eu une insolation et que je suis restĂ© huit dans le coma en mai de l’annĂ©e derniĂšre. Le capitaine est prĂ©sent et il s’exaspĂšre Qui c’est l’andouille qui vous dĂ©clarĂ© apte Ă  effectuer un service militaire au Maroc ? ». Le 19 novembre 1954, je suis rĂ©formĂ© dĂ©finitif et rayĂ© du corps de l'armĂ©e active. J’écris Ă  mes parents. Je leur annonce que je ne suis plus soldat mais que je revenu Ă  la vie civile. Un certain Guilloux, cousin de la famille au second degrĂ© cĂŽtĂ© Bertheux originaire de TresbƓuf et au mĂȘme Ă©chelon que moi avec Odette, Hilaire et Roger Gaulay des Cours-Luniaux est installĂ© prĂšs de Rabat depuis de nombreuses annĂ©es et il devait passer me voir Ă  la caserne. Finalement, comme je suis rĂ©formĂ©, il vient me chercher avec sa voiture et m'emmĂšne chez lui. ArrivĂ© Ă  son domicile, il me raconte qu'il exploitait une ferme d’une quinzaine d’hectares lorsqu'il est arrivĂ© ici et qu’il dormait dans une petite cabane qu’il avait construit lui-mĂȘme avec des parpaings en terre cuite. Aujourd'hui, il cultive environ six-cents hectares et emploie dix-huit salariĂ©s. Il me met une 2 CV Ă  disposition et je me dĂ©place selon mon bon vouloir. Je visite le secteur en m'autorisant Ă  aller voir comment ses immenses parcelles sont exploitĂ©es. Je sĂ©journe trois semaines dans son corps de ferme et le soir il m’emmĂšne rĂ©guliĂšrement avec lui chasser le sanglier dans la forĂȘt de Rabat, laquelle jouxte son exploitation. Etant sur le point de faire valoir ses droits Ă  la retraite, il me propose de reprendre ses terres mais, vu les hostilitĂ©s et compte tenu que la France est en guerre avec l’AlgĂ©rie depuis maintenant cinq semaines, je fais le choix de retourner sur mes terres natales. Le 8 dĂ©cembre 1954, je reviens en autocar Ă  la caserne de Casablanca pour rĂ©cupĂ©rer les documents attestant que je suis rayĂ© des contrĂŽles de l’armĂ©e puis, aprĂšs avoir rejoint le port de Tanger, je reprends le bateau mais pour Bordeaux cette fois. Lors de la traversĂ©e, tous les passagers que nous sommes, nous essuyons une Ă©norme tempĂȘte. À la radio, nous apprenons qu’un chalutier vient de faire naufrage. Le 12 dĂ©cembre, en remettant les pieds sur le sol français, je constate que la tempĂ©rature est glaciale, Ă  l'opposĂ© de celle que j'ai connue au Maroc. [Camille Chevrel 88 ans – le 4 fĂ©vrier 2022] CC33 35012 À Safi, au Maroc Camille Chevrel, un copain du Maine-et-Loire, le Sergent de la section 1955-1957 – du mardi 15 fĂ©vrier 1955 au lundi 6 mai 1957 Contingent 55/1A Romain Prunault Trente mois Ă  l’armĂ©e sans aucune permission La guerre d’AlgĂ©rie est dĂ©clarĂ©e depuis trois mois et demi lorsque, le 15 fĂ©vrier 1955, je pars de La Haute-Bosse. AppelĂ© du contingent, je rejoins le corps du 8Ăšme RĂ©giment de Cuirassiers au camp militaire de La Valbonne, dans l’Ain. Le 12 juin, je suis mutĂ© Ă  Donaueschingen, en Allemagne. Je suis employĂ© Ă  faire des rodages de voitures et camions de l’armĂ©e, ce qui me permet de partir frĂ©quemment en dĂ©placement loin de la caserne et ça me plaĂźt. Nous circulons en convoi et dormons dans des fermes, quelquefois sous la toile de tente, mais plus souvent sur le la paille dans des hangars. Comme je suis rĂ©guliĂšrement sur la route, je monte rarement la garde. À la fin de la troisiĂšme semaine d’aoĂ»t 1955, avec mon rĂ©giment, je pars pour l’AlgĂ©rie. Nous prenons le train Ă  la gare d’Offenbourg. AprĂšs avoir chargĂ© des chars de combat AMX sur les wagons et nous partons direction Marseille oĂč nous devons attendre une semaine, au quartier Sainte-Marthe, avant d’avoir un bateau. Nous embarquons le 1er septembre sur le Ville d’Oran ». Le 3 septembre, en dĂ©barquant au port d’Oran, je prends les commandes d’un char et un de mes camarades s’installe dans la tourelle. Nous parcourons une petite centaine de kilomĂštres puis nous faisons une halte Ă  Mostaganem. Au bout de quelques jours, nous repartons direction de Sidi Bel AbbĂšs et c’est lĂ  que nous stationnons. Les conditions de vie ne sont diffĂ©rentes de celles de l’Allemagne. Nous partons trĂšs souvent en opĂ©ration et toujours avec la lĂ©gion Ă©trangĂšre. Trois mois aprĂšs notre arrivĂ©e sur le territoire algĂ©rien, nous recevons des nouveaux chars de combat, plus modernes que ceux que nous avons. Ce sont des Engins BlindĂ©s de Reconnaissance EBR Ă  huit roues, avec pilotage avant et pilotage arriĂšre. Ils sont performants mais, trĂšs vite, nous devons les abandonner car des combattants partisans de l’AlgĂ©rie indĂ©pendante creusent des tranchĂ©es un peu partout pour nous empĂȘcher d’avancer. Le 15 dĂ©cembre 1955, nous dĂ©mĂ©nageons. Je prends place au volant d’un GMC et le lendemain nous installons notre campement Ă  Oujda, au Maroc. Pour ne rien changer dans nos habitudes, nous continuons Ă  faire des opĂ©rations, souvent Ă  une soixantaine de kilomĂštres, dans le secteur de SaĂŻdia, sur la cĂŽte, prĂšs de la frontiĂšre algĂ©rienne. Nous ne partons jamais sans ĂȘtre escortĂ©s par des lĂ©gionnaires. DĂ©but 1956, nous arrivons face Ă  une mechta lorsque, par une petite lucarne, les occupants nous tirent dessus. Deux de mes meilleurs copains avec lesquels j'ai fait mes classes Ă  La Valbonne sont abattus. J'attrape le lieutenant par l'Ă©paule et, au moment oĂč nous nous allongeons au sol, je reçois une balle Ă  la jambe gauche. AprĂšs une courte pĂ©riode Ă  Oujda, nous reprenons nos jeeps Ă©quipĂ©es de mitraillettes et poursuivons notre route direction FĂšs, Rabat, puis nous descendons Ă  Agadir. De lĂ , nous nous rendons sur les hauts plateaux dans les environs de Marrakech et nous allons Ă  la chasse Ă  la gazelle avec nos gradĂ©s capitaine, lieutenant
. Le Maroc Ă©tant devenu officiellement indĂ©pendant en mars 1956, nous revenons en AlgĂ©rie le 1er aoĂ»t suivant. Le Poste de Commandement du 8Ăšme RĂ©giment d’Infanterie MotorisĂ©e 8Ăšme RIM auquel nous appartenons sĂ©journe Ă  SaĂŻda, soixante-dix kilomĂštres au sud de Mascara. Nous y restons Ă  peu prĂšs deux mois et, rĂ©guliĂšrement, nous accompagnons des administrateurs civils et militaires dans les douars pour vĂ©rifier l’identitĂ© des fellaghas que nous rencontrons et s’assurer qu’ils ne sont pas Ă©trangers au village que nous contrĂŽlons. Nous participons Ă  l’opĂ©ration d’envergure Amirouche » en Kabylie. J’assure le transport d’un groupe de militaires avec mon GMC. Lors d’un arrĂȘt sur un sentier retirĂ© en pleine brousse, en sautant de chaque cĂŽtĂ© du camion, mes camarades se trouvent nez Ă  nez avec des rebelles surgissant des buissons. Enfin, nous stationnons Ă  Colomb BĂ©char et nous rayonnons dans le dĂ©sert environnant en restant toujours opĂ©rationnels. En encerclant une mechta, nous sommes pris en Ă©tau dans une embuscade. Le gars de Laval installe Ă  nouveau son fusil mitrailleur sur le trĂ©pied et lance une rafale de balles sur les rebelles qui viennent de nous attaquer. Par son action courageuse et spontanĂ©e, il sauve la vie du capitaine et la mienne mais, quelques jours plus tard, ce sera l’Adjudant qui recevra une citation alors qu’il est restĂ© Ă  l’abri au campement de la Compagnie. C’est Ă  Colomb BĂ©char que mon service militaire s’achĂšve. J’ai enfin la quille ! Nous sommes une dizaine dans mon cas. Nous rejoignons Oran en voyageant dans un train Ă  bestiaux. LĂ  encore, en nous Ă©cartant de la fenĂȘtre du wagon, nous Ă©chappons de peu Ă  une attaque. Les rebelles circulant sur la piste longeant la ligne de chemin de fer pourraient nous zigouiller facilement car, sur les dix que nous sommes, nous n’avons qu’un fusil pour assurer notre dĂ©fense. AprĂšs trente mois d’armĂ©e sans rentrer dans ma famille, le 4 mai 1957 je prends le bateau Ville d’Oran » et le lendemain je suis en France. Je rentre au foyer familial le 6 mai avec cinquante-six jours de permission libĂ©rable, si bien que je rends mon paquetage Ă  la gendarmerie du Sel seulement Ă  la fin du mois de juin. En souvenir, je garde mon tic-tac. [RacontĂ© par Romain Prunault 85 ans – le 4 septembre 2019] RP34 35131 ***** Bernard Aulnette se souvient trĂšs bien du jour oĂč Romain est rentrĂ© de l’armĂ©e Il est arrivĂ© Ă  La Bosse en mĂȘme temps qu’Albert Chevrel du bourg et Claude Louis de TresbƓuf qui, eux aussi, venaient d’ĂȘtre libĂ©rĂ©s de leurs obligations militaires. Romain, Albert et Claude, aprĂšs avoir peut-ĂȘtre un peu trop arrosĂ© la quille, avaient fait un tel vacarme dans l'autocar que le conducteur Ă©tait bien content de les voir descendre Ă  Bain-de-Bretagne ! » [Bernard Aulnette 81 ans – septembre 2019] BA38 35066 ***** Le commentaire ci-dessus arrive aux oreilles de Romain le 12 septembre 2019. Ce dernier rĂ©flĂ©chit et rĂ©pond C’est possible
 et je me demande si ce n’est pas Charles Legendre, marchand de tissus sillonnant la campagne, qui nous a ramenĂ©s chez nos parents
 » [Romain Prunault 85 ans – septembre 2019] RP34 35131 ***** Ce jour-lĂ , nous avons pris le car Drouin Ă  la gare routiĂšre de Rennes et nous sommes descendus Ă  Bain-de-Bretagne. Ensuite, nous avons rĂ©quisitionnĂ© Charles Legendre marchand de tissus pour qu'il nous ramĂšne Ă  La Bosse. En arrivant au bourg, pour le remercier, nous l’avons invitĂ© Ă  boire un coup. Nous Ă©tions quatre et nous avons fait les quatre bistrots Chez Robert et Denise Hugues Chez Gustave et Marie-ThĂ©rĂšse Chapon Chez Maria Perrudin dite Maria du bureau Chez Louis et Denise Leray [Claude Louis 85 ans – le 17 septembre 2019] CL34 35066 ***** En examinant le parcours effectuĂ© par Romain, j'ai une pensĂ©e pour mon pĂšre "Guy Buzy" nĂ© en 1933 Ă  Seysses en Haute-Garonne. Lui aussi, il a fait une partie de son service Ă  Oujda dans ces annĂ©es-lĂ . Il Ă©tait mĂ©canicien sur des avions T-6 de l'escadrille 3/72. [Pierre-Henry Buzy 38 ans – le 12 mai 2020] PHB82 Romain Prunault, Ă  Oujda Maroc DĂ©but 1956 Romain Prunault sur une civiĂšre Ă  Oujda Maroc aprĂšs avoir reçu une balle Ă  la jambe gauche Le 5 janvier 1956 Romain Prunault, devant une jeep Ă  Oujda Maroc Romain Prunault 3Ăšme accroupi, en AlgĂ©rie Printemps 1957 Romain Prunault Ă  Colomb BĂ©char, peu avant sa libĂ©ration 1954-1956 Contingent ... RenĂ© Hamon 1934- .... NĂ© en 1934 aux Cours-Luniaux en La Bosse-de-Bretagne, RenĂ© a fait l'intĂ©gralitĂ© de son service militaire au Maroc oĂč il a dĂ» sĂ©journĂ© durant vingt-quatre mois. Il est rentrĂ© une seule fois en permission. [Jean Hamon 83 ans, frĂšre de RenĂ© – le 30 janvier 2022] JH38 35051 1955 – d’octobre 1955 Ă  novembre 1955 – appelĂ© au service militaire en 1953 et rappelĂ© en Tunisie en octobre 201955 Marcel Massicot J’ai ramenĂ© une tortue tunisienne Ă  La MouchĂšre AppelĂ© sous les drapeaux en 1953, je suis incorporĂ© Ă  Marbourg, en Allemagne. Je fais mes classes et ensuite, je suis affectĂ© Ă  diverses missions. Pendant une courte pĂ©riode, je pilote un char. AprĂšs onze mois passĂ©s sur le territoire allemand, je suis mutĂ© Ă  Villeurbanne, en banlieue Est de Lyon. Le travail qui m’est destinĂ© est bien diffĂ©rent car je suis dĂ©signĂ© chef de cuisine. Tous les matins, j'ai mon chauffeur pour aller faire les courses en ville. Je suis libĂ©rĂ© de mes obligations militaires aprĂšs dix-huit mois de service. DĂ©but octobre 1955, comme beaucoup de soldats de mon contingent, je suis rappelĂ©. Je me rends Ă  Vannes et seulement quelques jours plus tard, le samedi 15 octobre, accompagnĂ© d’un autre rappelĂ© originaire de TresbƓuf dont le nom m'Ă©chappe, je reviens en stop Ă  La Bosse pour assister au mariage d'Henri Piton avec Yvonne Lunel, ma cousine. Les festivitĂ©s repas et bal ont lieu au centre-bourg, sous une tente installĂ©e dans l’aire de la ferme de mon oncle Alexandre et de ma tante AurĂ©lie. Le dimanche matin, mon frĂšre Bernard et sa fiancĂ©e Monique me reconduisent Ă  Vannes avec leur 4 cv. Le copain de TresbƓuf revient avec nous mais Bernard roule tellement vite qu’il dĂ©gueule dans la voiture. Lorsque nous arrivons Ă  Vannes, avant de nous quitter, nous prenons un verre ensemble au cafĂ© situĂ© face Ă  la caserne. Nous assistons Ă  un spectacle peu commun. De leurs chambres, des rappelĂ©s comme moi protestent violemment en balançant leurs matelas et leurs sommiers par la fenĂȘtre. Le lendemain, nous sommes conduits Ă  la base de Lann-BihouĂ© et nous prenons l’avion pour une destination inconnue. En descendant de l'avion, nous apprenons que nous sommes Ă  Tunis. Comme mes camarades, je suis ici pour assurer le maintien de l’ordre. Nous nous relayons pour monter des gardes sans avoir besoin d'utiliser nos armes. Une seule fois, un troufion dĂ©tecte un bruit suspect. Il tire et tue un chien. Des enfants passent devant le poste de gardiennage tous les jours. Chaque fois que c'est possible, nous leur donnons des restes de nourriture. AprĂšs un mois et demi de prĂ©sence sur le sol tunisien, j'embarque sur un bateau qui me rapatrie en France. Je reviens Ă  La Bosse, dĂ©finitivement cette fois. Dans mes bagages, je ramĂšne une tortue depuis la Tunisie jusqu’à la MouchĂšre. Je l’apprivoise dans la ferme de mes parents jusqu'au jour oĂč elle disparait. Quelqu’un la retrouve dans le bourg, prĂšs de chez Bernard Chapon, au bord du ruisseau des NoĂ«s. Je ne sais pas et je ne saurais jamais comment elle est venue lĂ . [RacontĂ© par Marcel Massicot 87 ans – le 22 octobre 2020] MM33 35051 ***** À Vannes, Marcel Ă©tait prĂȘt Ă  partir en AlgĂ©rie quand il a dĂ©cidĂ© de venir en stop au mariage d’Henri et Yvonne. Son rĂ©giment Ă©tant en dĂ©bandade, il Ă©tait rentrĂ© sans permission. À un de ses copains, avant de quitter la caserne, il avait seulement donnĂ© un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone oĂč il pouvait ĂȘtre joint, probablement au cafĂ© Hugues ou au cafĂ© Chapon. AprĂšs le bal de mariage, Monique ma fiancĂ©e et moi-mĂȘme, nous sommes allĂ©s dormir chez Bernard et Bernadette Chevrel. TrĂšs tĂŽt le dimanche matin, Marcel apprenait que son dĂ©part pour l’AlgĂ©rie avait lieu le jour mĂȘme. AussitĂŽt, il est venu nous rĂ©veiller. Nous sommes partis avec ma 4 cv qui, je crois, n’a jamais roulĂ© aussi vite que ce jour-lĂ . ArrivĂ© Ă  la caserne, Marcel recevait une information indiquant que le dĂ©part Ă©tait retardĂ© d’une journĂ©e. C’est Ă  ce moment-lĂ  que nous sommes allĂ©s boire un coup au cafĂ© d’en face et que nous avons vu les matelas et les sommiers passer par les fenĂȘtres. Vingt-quatre jours plus tard, quand nous nous sommes mariĂ©s Monique et moi, Marcel Ă©tait en Tunisie. [Bernard Massicot 94 ans, frĂšre de Marcel – le 20 octobre 2020] BM26 35131 1956/1958 – du mardi 6 mars 1956 au lundi 17 mars 1958 Contingent 56/1A Jean SavourĂ© J’ai assistĂ© aux obsĂšques d’un conscrit Mort pour la France » Je quitte La BellandiĂšre le 6 mars 1956 et je me rends Ă  ChĂąteaubriant pour prendre un car qui m’emmĂšne Ă  Angers. Je suis incorporĂ© Ă  la caserne Verneau, au 6Ăšme RĂ©giment du GĂ©nie. Parmi les nouvelles recrues, il y a deux gars de mon secteur, Marcel Saulnier dont l’adresse m'Ă©chappe et RaphaĂ«l Vincent, du Haut-GerminiĂ© en ErcĂ©-en-LamĂ©e. Ayant passĂ© mes permis VL et PL avant de venir Ă  l’armĂ©e, je suis dĂ©signĂ© pour conduire un camion CitroĂ«n P45. Je bĂ©nĂ©ficie de deux permissions pendant mes trois mois de classes et je retourne une semaine dans ma famille avant de partir en Afrique du Nord. À chaque fois je rentre en stop comme Marcel et RaphaĂ«l mais, pour le retour, nous revenons en autocar pour avoir la garantie de ne pas arriver en retard. Voici venu le jour oĂč je dois partir en AlgĂ©rie. Avec les militaires de mon contingent, je rejoins Marseille. Le 3 juillet 1956, nous embarquons sur le Kairouan ». Le lendemain, nous accostons Ă  Alger. Nous montons Ă  bord d’un train qui roule lentement et la chaleur est Ă©touffante. Comme nous arrĂȘtons Ă  toutes les gares, nous en profitons pour descendre prendre l’air et Ă  chaque fois nous cherchons un robinet pour boire de l’eau. Enfin, nous arrivons au 70Ăšme RĂ©giment du GĂ©nie Ă  Bouira, en Kabylie. Parmi les militaires que je cĂŽtoie il y a Espinasse, Malle un vendĂ©en, Dudit un normand. Nous sommes transportĂ©s sur un chantier situĂ© dans les gorges de Palestro, pour surveiller des gars qui construisent des blockhaus le long de la voie ferrĂ©e. En arrivant, nous apprenons que tous les soldats d'une section d’infanterie ont Ă©tĂ© Ă©gorgĂ©s il y a seulement quelques jours. Une permission exceptionnelle d’une semaine nous est accordĂ©e. Nous partons Ă  quelques copains au bord de la mer, Ă  l’Est d’Alger. DĂšs notre arrivĂ©e, nous allons nous baigner. Au dĂ©but, nous buvons la tasse mais au fil des jours, nous prenons de la hardiesse. Peu avant que les vacances ne s’achĂšvent, nous rĂ©ussissons Ă  plonger du haut d’un rocher. Quand nous rentrons Ă  la caserne, je suis content de pouvoir dire que je sais nager. Durant plusieurs semaines, nous surveillons une piste sur laquelle un bulldozer rĂ©alise des travaux de terrassement et nous obĂ©issons aux ordres du capitaine. Un jour, en faisant sa ronde derriĂšre les barbelĂ©s du camp, il manque de se faire descendre par des engagĂ©s ayant participĂ© Ă  la guerre d’Indochine. Ils se battent au corps Ă  corps. AprĂšs avoir passĂ© sept mois Ă  Bouira, le 7 fĂ©vrier 1957, nous sommes mutĂ©s Ă  Aumale. Lorsque nous arrivons au nouveau casernement, un hĂ©licoptĂšre ramĂšne les cadavres de plusieurs soldats abattus dans les gorges de la Chiffa. À la mi-mai, je prends le bateau Ville d’Alger » pour rentrer dans ma famille. Pendant ma permission, j’assiste aux obsĂšques d'AndrĂ© Hersent Ă  TresbƓuf. Il s'agit d'un gars avec qui j'ai fait la noce de conscrits il y a deux ans. Il est Mort pour la France » en AlgĂ©rie. J'ai effectuĂ© sept mois de service Ă  Bouira et neuf Ă  Aumale, lorsque mon frĂšre AndrĂ© arrive en AlgĂ©rie. Pour ne pas que nous soyons deux de la mĂȘme fratrie ensemble sur le sol algĂ©rien, je suis rapatriĂ© en France. Le 13 novembre 1957, je prends le bateau Ville d’Oran » et, le 14, je dĂ©barque Ă  Marseille. Le 15 novembre, je suis de retour Ă  la caserne Verneau Ă  Angers, lĂ  oĂč j’ai fait mes classes. Quatre mois plus tard, le 17 mars 1958, je suis libĂ©rĂ© et renvoyĂ© dans mes foyers. Je prends le train en gare d’Angers et je rentre dĂ©finitivement en me disant que si j’ai vĂ©cu des moments dont je me serai bien passĂ©, le service militaire m’a permis d’apprendre Ă  me dĂ©brouiller et Ă  devenir responsable. [RacontĂ© par Jean SavourĂ© 84 ans – le 12 mars 2020] JS35 94081 ***** Je suis allĂ© Ă  l'Ă©cole Ă  TresbƓuf avec Jean SavourĂ© et AndrĂ© Hersent qui n'a aucun lien de parentĂ© avec moi Hersent pour lui, Hersant pour moi. AndrĂ© est nĂ© le 25 avril 1935 Ă  TresbƓuf. Soldat de 2Ăšme classe Ă  la 4Ăšme compagnie du 57Ăšme RĂ©giment d'Infanterie, il est mort le 21 aoĂ»t 1956 au volant d'un GMC rempli de militaires, au cours d'une embuscade, Ă  El Djenane. [Claude Hersant 83 ans – le 18 mars 2020] CH36 35343 ***** J'ai huit ans et demi lorsque mon frĂšre "AndrĂ©" meurt en AlgĂ©rie. Nous entendons Ă  la radio qu'un camion est passĂ© sur une mine et comme c'est dans la rĂ©gion oĂč il fait son service, nous avons tout de suite pensĂ© Ă  lui. L'embuscade a lieu le mardi 21 aoĂ»t 1956 et le vendredi suivant, nous grillons de la sardine lorsque le maire et un adjoint viennent nous annoncer sa mort. Ses obsĂšques ont lieu en l'Ă©glise de TresbƓuf seulement le jeudi 23 mai 1957. J'ai en ma possession une lettre de Michel Grolleau originaire de Charente-Maritime rĂ©digĂ©e au sĂ©minaire de Pontigny Yonne. Elle dĂ©taille les circonstances dans lesquelles AndrĂ© est mort. Je n'ai pas beaucoup de souvenir de lui car avant de partir Ă  l'armĂ©e, il Ă©tait commis dans une ferme et il ne rentrait pas souvent Ă  la maison. [Huguette Aulnette, nĂ©e Hersent, sƓur d'AndrĂ© 72 ans – le 19 mars 2020] HA47 35343 2Ăšme semestre 1956 Jean SavourĂ©. 1956 Jean SavourĂ©, avec un groupe de copains, en montagne prĂšs de Bouira. Jean SavourĂ© 1er debout Ă  gauche. Jean SavourĂ© 1er Ă  gauche. 1957 Jean SavourĂ© 2Ăšme Ă  gauche, Ă  Aumale. 1957 Jean SavourĂ© Ă  droite, Ă  Aumale. Jean SavourĂ©. 1956-1958 – du mercredi 7 mars 1956 au mercredi 26 mars 1958 Contingent 56/1A Francis Morel 1935-2006 Il n'obtient pas de permission pour assister aux obsĂšques de son pĂšre ClassĂ© service armĂ© par le Conseil de rĂ©vision de la classe 1955, Francis participe aux opĂ©rations de sĂ©lection au centre de Guingamp du 8 au 12 novembre 1955. Il est appelĂ© Ă  l’activitĂ© au 2Ăšme RĂ©giment d’Infanterie Coloniale au Grand Blottereau, en banlieue Nord-Est de Nantes le 7 mars 1956 Il obtient le grade de chef d’agrĂšs le 23 juin 1956 puis il est nommĂ© Ă  l’emploi de 1Ăšre classe le 1er aoĂ»t. Il participe aux manƓuvres du camp de Meucon prĂšs de Vannes du 5 au 14 aoĂ»t 1956. AffectĂ© au 6Ăšme RĂ©giment d’Infanterie et bĂ©nĂ©ficie de huit jours de dĂ©tente AFN entre le 19 et le 26 aoĂ»t 1956. Il est dirigĂ© sur Marseille le 29 aoĂ»t 1956 et il y parvient le lendemain. Le 31 aoĂ»t il embarque sur le paquebot Le Pasteur ». Le 1er septembre, il accoste au port d’Alger. Francis est affectĂ© Ă  la Compagnie de Commandement, d’Appui et de Soutien. Le 1er novembre 1956, il redevient 2Ăšme classe avant d’ĂȘtre mutĂ© Ă  la 7Ăšme Compagnie. Le 15 mai 1957, il est Ă  nouveau nommĂ© Ă  l’emploi de 1Ăšre classe. Son pĂšre, ThĂ©ophile Morel, dĂ©cĂšde le 25 mai 1957 mais il n’obtient pas de permission lui permettant d’assister Ă  ses obsĂšques. Le 1er juillet il est nommĂ© au grade de Caporal par dĂ©cision du chef de bataillon. Il est transfĂ©rĂ© Ă  la 8Ăšme Compagnie le 26 fĂ©vrier 1958. Le 24 mars 1958, il embarque Ă  Alger sur le bateau Ville d’Oran » et le lendemain il dĂ©barque Ă  Marseille. Le 26 mars, il est de retour chez ses parents au lieu-dit Le Plessis LĂ©ger en PancĂ©. [Renseignements relevĂ©s sur son livret militaire ***** C’est le 7 novembre 1950, au mariage d’EugĂšne Aulnette, mon cousin de Pouchard, que j’ai fait connaissance de Francis. C’est mon cavalier et il est le frĂšre de Marie-JosĂšphe la mariĂ©e. Nous n’avons que 15 ans. Neuf ans plus tard, nous nous marions. [Marie Morel, nĂ©e Aulnette 83 ans Ă©pouse de Francis – le 24 mars 2019] MM35 35047 ***** Il me semble avoir entendu Francis dire que durant une pĂ©riode de son service en AlgĂ©rie, il Ă©tait stationnĂ© sur un piton dans les gorges de Palestro. [Camille Aulnette 79 ans, beau-frĂšre de Francis - le 26 mars 2019] CM39 78005 ***** Durant une trentaine d’annĂ©es, Papa et certains de ses copains se sont revus Ă  plusieurs reprises. [Françoise Ramonet 60 ans, fille aĂźnĂ©e de Francis – le 5 octobre 2020] FR60 83137 Francis Morel assis Francis Morel 2Ăšme debout en partant de gauche Francis Morel Ă  gauche Francis Morel Francis Morel Ă  droite Francis Morel 4Ăšme en partant de gauche Francis Morel debout Ă  droite au 1er plan Francis Morel Francis Morel assis au 1er plan Francis Morel accroupi Ă  gauche 1956-1958 – du vendredi 4 mai 1956 au vendredi 15 aoĂ»t 1958 Contingent 56/1B Francis Luce Je suis employĂ© au mess des officiers Je suis commis de ferme chez ArsĂšne Aulnette Ă  La Touche lorsque je reçois ma convocation pour partir au service militaire. J’abandonne Gamin et CĂ©line, les deux chevaux dont je me suis occupĂ© tous les jours depuis deux ans et je me rends Ă  la caserne Mac-Mahon, Ă  Rennes. Je suis incorporĂ© au 41Ăšme RĂ©giment d’Infanterie. J’y reste pendant quatre mois et je fais beaucoup de la marche. DĂ©but septembre, je devrais partir en AlgĂ©rie mais, Ă©tant donnĂ© que mon frĂšre Roger est mobilisĂ© au Maroc, je ne peux pas quitter la France avant qu'il revienne. Je suis mutĂ© Ă  la Lande d’OuĂ©e, dans un camp situĂ© sur la commune de Saint-Aubin-du-Cormier. J’ai beau ĂȘtre volontaire pour aller servir en AlgĂ©rie, c’est seulement en dĂ©cembre que ma demande est exaucĂ©e. Roger revient du Maroc et il me remplace Ă  la Lande d’OuĂ©e oĂč il va rester jusqu’à ce qu’il obtienne la quille. Il est content car, en Afrique, il Ă©tait presque toujours en opĂ©ration et il ne mangeait pas Ă  sa faim. Quant Ă  moi, je rentre en permission chez mes parents Ă  La CouyĂšre pour les fĂȘtes de fin d’annĂ©e puis, le rĂ©veillon du nouvel an passĂ©, je descends Ă  Marseille. Le 3 janvier 1957, nous sommes nombreux Ă  embarquer. DĂšs le lendemain, nous accostons au port d’Alger. Pris en charge aussitĂŽt, nous sommes emmenĂ©s en camion Ă  Tiaret. Nous y restons deux mois et les conditions de vie sont tout Ă  fait acceptables. De-lĂ , nous descendons cent-soixante-dix kilomĂštres plus au sud puis nous stationnons dans un camp situĂ© en pleine brousse, sur la commune d’Aflou. Nous dormons sous tente. Je ne suis plus affectĂ© au 41Ăšme RĂ©giment d’Infanterie mais au 110Ăšme RĂ©giment d’Infanterie MotorisĂ©. Quelques jours passent et nous remarquons plusieurs GMC calcinĂ©s sur un terrain vague, non loin de notre cantonnement. Nous apprenons par la suite que de nombreux soldats sont morts dans une embuscade ayant eu lieu Ă  cet endroit il y a trois mois. – RĂ©alitĂ© des faits L’embuscade d'El-Khoteifa constitue une des nombreuses Ă©popĂ©es jalonnant l'histoire de la RĂ©volution. Cet accrochage livrĂ© par les combattants moudjahidines et fidayines prĂšs de la zone de Taouiala a pour but de libĂ©rer les dĂ©tenus politiques de la prison d'Aflou. Au matin du 2 octobre 1956, un convoi des forces coloniales composĂ© de 135 camions est repĂ©rĂ© sur la route menant Ă  Aflou. Durant leur passage, les soldats français procĂšdent Ă  un ratissage et Ă  des fouilles systĂ©matiques et sans mĂ©nagement des populations nomades. Une partie du convoi, devancĂ©e par la Jeep du Capitaine, quitte les lieux et le reste est pris sous les feux nourris des moudjahidines. L'accrochage avec les forces ennemies se solde par la mort de 39 soldats français et d'importants dĂ©gĂąts matĂ©riels dont quatre camions blindĂ©s incendiĂ©s – Ici, le rĂšglement est strict et notre rĂ©giment est menĂ© Ă  la dure. Un jour, le camp est attaquĂ© par des felouzes et les balles arrivent de toutes parts. Nous courrons nous mettre Ă  l’abri derriĂšre un mur de pierre mais plusieurs troufions restent sous la tente. Un gars de ma section est tuĂ© dans son lit en recevant une balle. Je rentre en permission en France pour seulement une semaine. Revenu au camp, je fais partie des privilĂ©giĂ©s car je suis employĂ© pour servir au mess des officiers. Ici, tous les gradĂ©s du Sergent au Capitaine mangent Ă  la mĂȘme table. Ce n’est pas comme en France oĂč ils sont rassemblĂ©s en fonction de leur grade. Je ne mange pas avec eux mais je mange comme eux. Je fais partie d’une Ă©quipe qui a la chance d’ĂȘtre bien servie en nourriture, aussi bien en quantitĂ© qu’en qualitĂ©. Les gars de la compagnie qui partent rĂ©guliĂšrement en opĂ©ration ne peuvent pas en dire autant car ils sont sous-alimentĂ©s. Ils se plaignent de ne pas manger tous les jours Ă  leur faim. Je me porte volontaire une fois pour aller avec eux et voir leurs conditions de vie sur le terrain mais je ne demande pas Ă  renouveler cette expĂ©rience. PlutĂŽt que de les voir chaparder des moutons chez des petits paysans qui nous invitent Ă  boire un kawa un cafĂ© au goĂ»t amer quand nous passons devant leur porte, je prĂ©fĂšre les accompagner dans mes temps libres lorsqu’ils volent des lapins ou des volailles chez les colons fortunĂ©s qui n’ont aucune considĂ©ration pour nous. Durant les quatre derniers mois de service, des gars d’un nouveau contingent assurent notre remplacement au mess des officiers et nous, les anciens, nous passons notre temps Ă  jouer Ă  la pĂ©tanque et au billard. Au bout de vingt-sept mois et demi d’armĂ©e et aprĂšs avoir passĂ© les trois quarts de mon temps en AlgĂ©rie, je suis libĂ©rĂ©. Avant de rentrer en France, pour avoir un peu d'argent, je revends l'appareil photo que j'avais achetĂ© en arrivant Ă  Aflou. Le 12 aoĂ»t 1958, j’embarque sur le MarĂ©chal Joffre » Ă  Oran et le 14 je suis au port de Marseille. Le 15 aoĂ»t, je suis de retour parmi les miens. [RacontĂ© par Francis Luce 85 ans – le 21 dĂ©cembre 2020] FL35 35231 Francis Luce Ă  Aflou Francis Luce avec un mulet Les officiers auxquels Francis Luce assure le service au mess Francis Luce boit un kawa qu'un paysan lui offre Francis Luce est debout au centre Francis Luce, la pioche Ă  la main Francis Luce avec un chien Francis Luce avec le poste Ă©metteur Francis Luce en tenue de service au mess des officiers Ă  gauche et en tenue de sortie Ă  droite Francis Luce Ă  gauche joue au billard Francis Luce sur le bateau au milieu de la MĂ©diterranĂ©e 1956 – de fin mai 1956 Ă  dĂ©but dĂ©cembre 1956 – appelĂ© au service militaire le 14 novembre 1952 et rappelĂ© en AlgĂ©rie fin mai 1956 Contingent 52/2 Guy Massicot Ici, ce sont les rats pelĂ©s et les mĂąles heureux Etant du contingent 52/2, je suis appelĂ© au service militaire le 14 novembre 1952, en Allemagne. Je pars Ă  vĂ©lo de Sevrault, en PancĂ© puis je prends le car de la ligne Drouin Ă  Bain-de-Bretagne pour me rendre Ă  ChĂąteaubriant. Je m’assoie Ă  cĂŽtĂ© de Victor Poussin, habitant le Sel. Il est passĂ© me voir chez mes parents, il y a quelques jours, aprĂšs avoir appris que j’étais incorporĂ©, comme lui, dans l’armĂ©e de terre au 10Ăšme escadron du 12Ăšme RĂ©giment de Cuirassiers Ă  TĂŒbingen. À l’arrĂȘt de Teillay, un certain Roger Micault monte dans le l’autocar avec une valise et il prend place prĂšs de nous. Devinant qu’il se rend Ă  l’armĂ©e, je lui demande OĂč vas-tu ? » Comme par hasard, il me rĂ©pond À TĂŒbingen ! » Rendus Ă  ChĂąteaubriant, nous prenons le train pour Angers. Nous faisons une halte Ă  la caserne Desjardin oĂč nous devons passer une sĂ©rie de radios et de visites mĂ©dicales. Le 16 novembre, nous reprenons le train. AprĂšs Strasbourg, derniĂšre ville française, nous franchissons le Rhin en passant sur le pont de Kehl. Cent-vingt kilomĂštres aprĂšs la frontiĂšre, nous arrivons au quartier DĂ©sazars de Montgailhard, Ă  TĂŒbingen. Notre caserne est situĂ©e en bordure du Nekar, un affluent du Rhin. Nous partons souvent en manƓuvre et le climat est rude. Il fait si froid que j’ai du mal Ă  me servir de mon fusil. Le 9 novembre 1953, j’obtiens le CAT2 de tireur sur char Patton. Peu aprĂšs, je suis nommĂ© 1Ăšre classe. Le temps passe et le 1er mai 1954, aprĂšs dix-huit mois de bons et loyaux services, mon contingent Ă  la quille et nous sommes tous bien contents. Bizarrement, Ă  l’instant oĂč nous allons ĂȘtre libĂ©rĂ©s, Victor Poussin dĂ©cide de faire carriĂšre dans l’armĂ©e. Il rempile alors que le jour oĂč il est entrĂ© sous les drapeaux, en voyageant dans le car qui nous emmenait de Bain-de-Bretagne Ă  ChĂąteaubriant, il criait haut et fort La quille, bordel !» 
 
 Fin mai 1956, soit un peu plus de deux ans aprĂšs avoir Ă©tĂ© libĂ©rĂ© de mes obligations militaires en Allemagne, je suis rappelĂ© pour aller servir en AlgĂ©rie – 1956 est aussi l’annĂ©e oĂč mes parents quittent Sevrault pour venir habiter Ă  La MouchĂšre, en La Bosse-de-Bretagne – Comme lors de ma 1Ăšre incorporation, je repasse Ă  la caserne Desjardin d’Angers avant de me rendre Ă  Marseille. Le 8 juin, j’embarque sur le Sidi-Mabrouk », un cargo moutonnier conçu, comme son nom l’indique, pour transporter des moutons
 Nous voyageons installĂ©s inconfortablement, sur des transats, dans les cales du bateau et nous nous avons le mal de mer. Les uns aprĂšs les autres, nous grimpons l’échelle accĂ©dant au pont pour aller vomir. Le 10 juin, en arrivant Ă  Alger, nous prenons notre premier repas lorsqu’un des bidasses assurant le service me dit Salut Ă  toi, tu es un gars de PancĂ© ? » Je rĂ©ponds Oui et toi, tu es de Bain-de-Bretagne ? » Nous ne nous Ă©tions jamais parlĂ© mais nous connaissons de vue. Il me dit qu’il est menuisier mais je ne pense mĂȘme pas Ă  lui demander son nom. Nous montons dans des camions mis Ă  notre disposition et nous sommes une trentaine Ă  ĂȘtre conduits Ă  Bouira, en petite Kabylie. Notre mission consiste Ă  garder une exploitation agricole au lieu-dit Bel-Air ». Elle appartient Ă  un colon dont l’épouse est originaire de la Mayenne. Pour ma premiĂšre nuit en AlgĂ©rie, comme tous les autres troufions du bataillon, je dors Ă  la belle Ă©toile, dans un sillon de charrue. Le matin, c’est une batteuse qui me rĂ©veille. En cours de journĂ©e, nous installons une tente dans laquelle nous allons ĂȘtre une vingtaine Ă  cohabiter. Parmi nous, il y a un gars de Saint-Brieuc qui s’empresse d’écrire sur la toile Ă  peine tendue, la phrase suivante Ici, ce sont les rats pelĂ©s et les mĂąles heureux ! » Heureux peut-ĂȘtre mais nous devons quand-mĂȘme obĂ©ir aux ordres du lieutenant Aubry. Lui aussi, il est originaire de Saint-Brieuc et comme nous, il est rappelĂ©. Quelques temps plus tard, il meurt accidentellement par Ă©lectrocution. Dans la ferme de Bel-Air, il y a de la vigne Ă  perte de vue. Une barrique de vin rosĂ© Ă  18 degrĂ©s d'alcool par litre est entreposĂ©e tout prĂšs de notre lieu de stationnement. Elle est, soi-disant, rĂ©servĂ©e au patron. Quelques jours passent et des ouvriers de la ferme viennent la soutirer. Elle est vide
 Le capitaine convoque toute la compagnie et dit Que ceux qui ont participĂ© au vidage de cette barrique sortent des rangs ! » Comme nous avons tous plus ou moins consommĂ©, personne ne bouge. Furieux, le capitaine dĂ©clare J’ai honte pour la compagnie
 » AprĂšs ĂȘtre restĂ©s quelques minutes sans broncher, nous sommes autorisĂ©s Ă  rejoindre notre unitĂ© sans ĂȘtre inquiĂ©tĂ©s. Nous assurons des gardes nuit et jour, Ă  tour de rĂŽle. Quand nous allons en opĂ©ration, parfois, nous avons des accrochages avec les rebelles. Nous partons rĂ©guliĂšrement durant une semaine, en half-track, pour faire des bouclages. Les fantassins et des tirailleurs sĂ©nĂ©galais rabattent depuis une bonne trentaine de kilomĂštres et, pendant que la biffe en bave, nous attendons des heures sans bouger, dans des endroits totalement isolĂ©s. Comme nous n’avons rien Ă  faire, de temps en temps, nous allons Ă  la pĂȘche dans les oueds environnants. Chacun sait qu’il est davantage exposĂ© au risque de se faire tuer. Nous dormons dans des chars stationnĂ©s sur place. Il arrive que d’autres rĂ©giments nous demandent du secours quand ils sont pris en embuscade. Un jour, nous sommes appelĂ©s en renfort au lieu-dit La Perrine ». Des opĂ©rationnels stationnĂ©s dans une ferme se font tirer dessus depuis un piton oĂč des rĂ©voltĂ©s sont camouflĂ©s. Notre contingent est libĂ©rĂ© en deux temps. En novembre 1956, les gars mariĂ©s sont renvoyĂ©s dans leurs foyers. Ceux qui, comme moi, sont cĂ©libataires doivent attendre un mois de plus. Nous n’apprĂ©cions pas vraiment mais c’est la rĂšgle et nous devons l’accepter. Le 5 dĂ©cembre 1956, je rentre Ă  mon tour avec une permission libĂ©rable de trente-sept jours. J’embarque sur le bateau El-Djazair » le 6 et je dĂ©barque Ă  Marseille le 7. Il ne me reste plus qu’à rentrer Ă  La MouchĂšre, mais je ne suis rayĂ© des contrĂŽles que le 14 janvier 1957. [RacontĂ© par Guy Massicot 87 ans – le 7 septembre 2019] GM32 35030 ***** Je me souviens trĂšs bien d’avoir Ă©voquĂ© la quille le jour oĂč je suis parti au service militaire Guy me l’a souvent rappelĂ© depuis
 » Je me souviens aussi que nous avions Ă©tĂ©s trĂšs surpris, en voyant l’épaisseur de neige recouvrant le sol, quand nous sommes arrivĂ©s Ă  TĂŒbingen. [Victor Poussin 87 ans – le 13 septembre 2019] VP32 35136 1952 TĂŒbingen À TĂŒbingen Le groupe de Tireurs sur Patton ; Guy Massicot est accroupi devant Ă  droite À TĂŒbingen 1 Allicault, 2 Roger Micault, 3 Guy Massicot En AlgĂ©rie Guy Massicot est Ă  droite En AlgĂ©rie Guy Massicot est le 2Ăšme assis, sur l'avant d'un half-track À Bouira Guy Massicot est Ă  gauche À Bouira Guy Massicot est le 2Ăšme Guy Massicot, Ă  gauche, devant un avion Piper de reconnaissance En AlgĂ©rie Guy Massicot Ă  cĂŽtĂ© d'un char, Ă  la ferme de Bel-Air 1956 – du mercredi 30 mai 1956 au mercredi 28 novembre 1956 – appelĂ© au service militaire le 14 novembre 1952 et rappelĂ© en AlgĂ©rie le 30 mai 1956 Contingent 52/2 Jean Posson RĂ©formĂ© pour avoir reçu une balle dans la main droite en AlgĂ©rie Le 14 novembre 1952, je quitte la maison de mes parents situĂ©e 41, faubourg d’Anjou Ă  La Guerche-de-Bretagne et je vais faire mon service militaire en Allemagne. Je laisse mon mĂ©tier de mĂ©canicien vĂ©lo. J’abandonne aussi le bĂ©nĂ©volat au cinĂ©ma de La Guerche et le prĂ©sident de l’association me fait une attestation dĂ©taillant le rĂŽle que j’occupe. Le 16 novembre, je franchis la frontiĂšre franco-allemande Ă  Kehl. En arrivant Ă  TĂŒbingen, mon lieu d’affectation. Le 20 janvier 1953 je suis mutĂ© au 1er escadron des services du 12Ăšme RĂ©giment de Cuirassiers. Je peux remercier le prĂ©sident du cinĂ©ma de La Guerche car, grĂące Ă  l’attestation qu’il m’a dĂ©livrĂ©e, on me propose un stage d’opĂ©rateur projectionniste. La formation terminĂ©e, je deviens permanent Ă  la cinĂ©mathĂšque. Il m’arrive aussi de donner un coup de main au mess. Je suis planquĂ© ! Le 1er novembre 1953, je suis nommĂ© 1Ăšre classe. AprĂšs avoir servi durant toute la pĂ©riode rĂ©glementaire de dix-huit mois, je suis libĂ©rĂ© le 12 avril 1954 et rayĂ© des contrĂŽles du corps le 1er mai. Revenu Ă  la vie civile, je reprends mon activitĂ© de mĂ©canicien vĂ©lo. Le 30 mai 1956, je suis rappelĂ© pour aller servir en AlgĂ©rie. Je rejoins le 19Ăšme RĂ©giment de Chasseurs Ă  Saumur, un rĂ©giment de reconnaissance de la 20Ăšme Division d’Infanterie. Le 8 juin, nous embarquons sur le Sidi Mabrouk » Ă  Marseille. Quelques heures aprĂšs le dĂ©part, nous apercevons la Corse sur notre gauche. C’est sur une plate-forme sans bordure et sans cabine que nous voyageons, allongĂ©s sur des hamacs calĂ©s seulement par nos bagages. La mer est houleuse et les vagues dĂ©ferlent sur notre bivouac de fortune. Nous sommes trempĂ©s ! Le 10 juin, dĂšs notre arrivĂ©e Ă  Alger, des camions nous prennent en charge et nous conduisent dans une zone opĂ©rationnelle, en Grande Kabylie. AffectĂ©s au 2Ăšme escadron, nous sommes lĂ  pour assurer le maintien de l’ordre. Nous changeons de lieux trĂšs souvent mais nous dormons toujours sous la guitoune. Nos gradĂ©s ne nous mĂ©nagent pas. Ils nous font faire beaucoup de marches dans la brousse et, sur notre parcours, nous devons fouiller des mechtas et contrĂŽler si des rebelles ne sont pas camouflĂ©s Ă  l’intĂ©rieur. Parmi les troufions avec lesquels je suis, deux sont de mon secteur. Un de Moulins et l’autre de PirĂ©-sur-Seiche. DĂ©but aoĂ»t, un jour de repos, un copain rentre sous la tente et annonce qu’il vient de troquer son pistolet mitrailleur contre un modĂšle plus rĂ©cent. À la demande d’un gars de la chambrĂ©e, il nous explique le fonctionnement et va jusqu’à appuyer sur la gĂąchette alors que son arme est chargĂ©e. Me trouvant debout face Ă  lui, je reçois une balle dans la main droite. Une ambulance vient me chercher et, allongĂ© sur une civiĂšre, je suis expĂ©diĂ© en urgence dans un hĂŽpital civil Ă  Aumale, ville situĂ©e au Sud-ouest de Bouira. J’y reste un mois avant de rapatrier en France. Je prends le train pour Alger oĂč je dois attendre les papiers nĂ©cessaires Ă  l’embarquement. Le 7 septembre, je monte Ă  bord du Ville d’Alger », un bateau de haute gamme. Je voyage en sanitaire. ArrivĂ© Ă  Marseille, je passe une semaine dans un hĂŽpital militaire mais on m’autorise Ă  sortir dans la journĂ©e. Une aprĂšs-midi, je suis sur le port de Marseille lorsqu’un marin avec qui je fais la causette me propose de monter sur son bateau de plaisance pour faire une petite virĂ©e me permettant de mieux dĂ©couvrir Notre-Dame-de-la-Garde. À la mi-septembre, j’accĂšde au train allant de Marseille Ă  Paris et je sĂ©journe encore deux jours dans un hosto avant de rejoindre Rennes et me rendre Ă  l’hĂŽpital militaire Ambroise ParĂ©. On m’envoie Ă  la 4Ăšme compagnie de garnison. Le 27 novembre, je passe une derniĂšre visite mĂ©dicale avant d’ĂȘtre rĂ©formĂ© pour inaptitude physique. Le 28, je suis autorisĂ© Ă  rentrer dans mes foyers. Avant de quitter Rennes, je passe chez Jean Bonnamy, rĂ©parateur de vĂ©los boulevard Laennec, oĂč mon copain guerchais Henri Barbelivien travaille. Henri m’annonce qu’un motard fait une halte Ă  l’atelier tous les soirs avant de rentrer Ă  Domalain. Je l’attends et il me ramĂšne chez mon frĂšre Lucien, lui aussi rĂ©parateur de vĂ©los, rue Duguesclin Ă  La Guerche. Il ne me reste plus qu’à monter le faubourg d’Anjou pour ĂȘtre chez mes parents. Lorsque j’arrive Ă  leur domicile, j’ai encore la tenue militaire que je portais le jour oĂč j’ai reçu la balle. En effet, depuis quatre mois, je suis toujours avec le mĂȘme short et le mĂȘme maillot de corps. Lorsque je suis parti en ambulance, on ne m’a pas laissĂ© le temps de rĂ©cupĂ©rer mes bagages, mĂȘme pas mon argent. Un mardi, pendant le marchĂ© de La Guerche, le gars de Moulins et celui de PirĂ©-sur-Seiche viennent tout juste d’ĂȘtre libĂ©rĂ©s lorsqu’ils me rapportent mon portefeuille. Quant Ă  ma valise, elle va probablement rester de l’autre cĂŽtĂ© de la MĂ©diterranĂ©e
 Revenu dans la vie civile, je travaille quelques semaines chez mon frĂšre Lucien avant d’ĂȘtre embauchĂ© aux Etablissements Braud Ă  Saint-Mars-la-Jaille. Un mois plus tard, par l’intermĂ©diaire de mon copain Barbelivien, je suis recrutĂ© par Joseph ChĂ©rel, atelier de mĂ©canique vĂ©lo situĂ© place Sainte-Anne, Ă  Rennes. Plus tard, mon patron se met en relation avec son cousin, gradĂ© dans l’armĂ©e, lequel fait la dĂ©marche pour que j’obtienne ma carte de combattant. [RacontĂ© par Jean Posson 87 ans – le 6 septembre 2019] JP32 35030 1953 Jean Posson, Ă  TĂŒbingen 1953 Jean Posson, Ă  TĂŒbingen 1953, Ă  TĂŒbingen Jean Posson, opĂ©rateur Ă  la salle de cinĂ©ma 1953 Jean Posson, 3Ăšme, dans la roulante Ă©quipĂ©e d'un bar 1953, en manƓuvre Ă  MĂŒnsingen Jean Posson est le 4Ăšme en partant de gauche le 3Ăšme est du secteur de FougĂšres 1953 En repos pendant une patrouille Ă  MĂŒnsingen Jean Posson est le 3Ăšme 1956-1958 – du lundi 3 septembre 1956 au mardi 25 novembre 1958 Contingent 56/2A Joseph Masson Douze soldats tuĂ©s et un prisonnier dans une attaque Le 3 septembre 1956, je quitte le village des Cours-Luniaux, en La Bosse-de-Bretagne et, dĂ©pendant du contingent 56/2A, je me rends sur mon lieu d’incorporation Ă  Vannes, dans le 5Ăšme RĂ©giment de Cuirassiers. DĂ©but novembre, je suis mutĂ© au camp de Meucon et fin dĂ©cembre, mes classes s’achĂšvent. Je ne suis pas mĂ©content car je viens de vivre quatre mois Ă©prouvants. J’ai droit Ă  une 2Ăšme permission, juste avant de partir pour l’AlgĂ©rie. Le 3 janvier 1957, j’arrive au camp Sainte-Marthe Ă  Marseille et j’embarque Ă  bord du bateau norvĂ©gien Skaugum » sur lequel nous sommes plus de deux milles soldats. Nous traversons la MĂ©diterranĂ©e et nous atteignons le port de Philippeville. De lĂ , nous sommes dispatchĂ©s sur tout le Constantinois, dans diffĂ©rentes unitĂ©s. Je suis affectĂ© Ă  la 4Ăšme Compagnie du 2Ăšme RĂ©giment d’Infanterie Coloniale qui, plus tard, devient 2Ăšme RĂ©giment d’Infanterie de Marine. Il est implantĂ© Ă  Babar, commune situĂ©e dans les AurĂšs de Nementcha, sur la province de Khenchela, Ă  140 kms au Sud de Constantine. Dans ce rĂ©giment de combat, sous les ordres du sergent-chef AndrĂ© Drouet, nous sommes une quarantaine de français du Grand-Ouest bretons, normands, vendĂ©ens et environ quatre-vingt africains venus du Dahomey, du Niger et du SĂ©nĂ©gal. Nous allons rĂ©guliĂšrement Ă  la chasse aux fellaghas. Au cours d’une opĂ©ration, nous tombons dans une embuscade faisant douze tuĂ©s et un prisonnier dans notre camp. Les jours suivants, ils sont remplacĂ©s par d’autres soldats venant de la base arriĂšre de la Coloniale. Parmi eux, Julien Huard originaire de Saint-Germain-le-Guillaume, en Mayenne qui a fait ses classes au 38Ăšme RĂ©giment de Transmissions Ă  Laval et qui est venu nous rejoindre Ă  Vannes fin dĂ©cembre, comme plusieurs autres escadrons de l’Ouest de la France afin de faire un dĂ©part groupĂ© pour l’AlgĂ©rie. Julien va devenir mon copain prĂ©fĂ©rĂ©. Il est employĂ© Ă  faire la popote des sous-officiers, des cabots dont la plupart avaient fait l’Indochine et qu’il surnomme les gars qui ont toujours soif ! » Courant avril 1957, nous dĂ©mĂ©nageons pour aller stationner une quinzaine de jours dans une ferme Ă©cole Ă  Edgar Quinet, sur la route qui va de Khenchela Ă  Batna. DĂ©but juin 1957, nous nous installons au moulin de la ferme Morin, Ă  cinq kilomĂštres de Khenchela. C’est lĂ  qu’un soir, en rentrant d’opĂ©ration, nous sommes environ trente-cinq troufions de la compagnie Ă  nous reposer dans un hangar sur nos lits superposĂ©s, lorsqu’un des nĂŽtres, AndrĂ© Lorteau, originaire de Saint-Colomban au Sud de Nantes, appuie sur la gĂąchette de son fusil mitrailleur chargĂ©. La balle passe au travers de trois couvertures pliĂ©es sur un lit, ce qui attĂ©nue la vitesse, et se rĂ©fugie dans l’abdomen d’un gars de la chambrĂ©e. La victime qui, heureusement n’a aucun organe touchĂ©, est conduite Ă  l’hĂŽpital. Quant Ă  AndrĂ© Lorteau, il est condamnĂ© Ă  une peine de prison. Un jour, j'apprends que Marcel Lemoine est allĂ© rendre visite Ă  mon pĂšre aux Cours-Luniaux pendant une permission. Sachant que son casernement est Ă  Khenchela, j'essaie de le rencontrer. Je ne rĂ©ussis pas car, Ă©tant lĂ©gionnaire, il n'est identifiĂ© que par son matricule. En septembre 1957, notre campement s’établit dans une jolie palmeraie, Ă  Khanga Sidi Nadji. Tout prĂšs de nous, il y a un dĂ©pĂŽt d’essence pour approvisionner les camions en cas d’opĂ©rations dans le Sud des AurĂšs. Il fait une chaleur avoisinant les 50 degrĂ©s et nous sommes priĂ©s de ne pas sortir l’aprĂšs-midi. Nous sommes envahis de mouches en jour et de moustiques la nuit. Pour ce qui concerne la nourriture, la boisson et les produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© nous sommes ravitaillĂ©s environ tous les dix jours par un avion Nord-Atlas. Fin octobre, leur contrat de trois ans Ă©tant arrivĂ© Ă  terme, les soldats africains repartent dans leurs pays respectifs. En novembre 1957, Julien Huard et moi-mĂȘme, nous partons en permission dans nos familles pour une durĂ©e de seize jours. Lorsque les camions sortent de la palmeraie, les oueds dĂ©bordent. Nous sommes hĂ©bergĂ©s pour quelques jours dans un camp militaire. À chaque lit de riviĂšre, nous devons attendre que le niveau baisse pour pouvoir traverser, si bien que nous prenons un retard considĂ©rable. Etant donnĂ© que nos jours de permission sont dĂ©comptĂ©s uniquement quand nous sommes sur le territoire français, nous ne nous inquiĂ©tons pas plus que ça, bien au contraire. Nous franchissons la MĂ©diterranĂ©e Ă  bord du El djazair ». Lorsque nous revenons Ă  Khanga Sidi Nadji, nous analysons que nous avons Ă©tĂ© partis un petit mois. En avril 1958, nous dĂ©mĂ©nageons une fois de plus et allons Ă  Berhoum, lieu situĂ© entre Barika et M’Sila, en dessous des Monts du Hodna. Nous sommes logĂ©s sous tente derriĂšre une ancienne Ă©cole et nous dormons dans des lits superposĂ©s. Il y a des Harkis avec nous. Le Capitaine Zelas un belge habite dans une maison de luxe au fond de la cour. Je construis une plate-forme en ciment sur la place centrale du bourg, pour permettre aux paysans du secteur d'Ă©taler leur viande chevreau et mouton les jours de marchĂ©s. Un jour, la 7Ăšme Compagnie du 2Ăšme RĂ©giment de Tirailleurs AlgĂ©riens passe en convoi prĂšs de notre cantonnement. Par hasard, je rencontre AndrĂ© SavourĂ©, un conscrit de La Bosse. Nous rĂ©ussissons Ă  discuter un petit quart d'heure ensemble. C’est Ă  Berhoum que je suis libĂ©rĂ© le 20 novembre 1958. J’obtiens une permission avec un solde de prĂ©sence de quatorze jours, valable du 24 novembre au 7 dĂ©cembre inclus. Avant de partir, comme la plupart de mes copains quillards, je suis convoquĂ© par le capitaine. Il cherche des volontaires acceptant de rester Ă  travailler en AlgĂ©rie, sur des puits de pĂ©trole situĂ©s Ă  Colomb BĂ©char. Comme je suis maçon de mĂ©tier, il insiste pour que je fasse candidature mais je ne suis pas intĂ©ressĂ©. Ma seule envie, c’est de rentrer en France et d’y rester. Je quitte la 4Ăšme compagnie du 2Ăšme RIMA aprĂšs vingt-trois mois de prĂ©sence en AlgĂ©rie en pensant Ă  ces soldats qui sont morts dans des combats auxquels je participais douze en fĂ©vrier 1957, deux en octobre 1958. Je pense aussi Ă  celui qui a Ă©tĂ© fait prisonnier et dont nous sommes toujours restĂ©s sans nouvelles. Je perçois deux jours de vivres avant d’ĂȘtre conduit Ă  la gare de Batna et le 22 novembre, je prends le Djebel Dira » Ă  Philippeville, destination Marseille. Je suis rayĂ© des contrĂŽles le 8 dĂ©cembre 1958. [RacontĂ© par Joseph Masson 83 ans – le 8 aoĂ»t 2019, avec l’aide prĂ©cieuse de Julien Huard 83 ans – le 18 septembre 2019] JM36 44020 – JH36 53222 ***** Je me souviens d’un jour oĂč un gitan, un gars de notre groupe, a fait l’imbĂ©cile. Les officiers l’ont fait aller en dehors du camp oĂč nous Ă©tions stationnĂ©s. ConsidĂ©rant qu’il risquait se faire zigouiller par les fellaghas, nous sommes allĂ©s le rĂ©cupĂ©rer. Joseph Masson a donnĂ© un coup de gueule contre les gradĂ©s. Il protestait en criant Mort aux vaches ! » DĂšs son retour en France, Joseph, qui avait Ă©tĂ© repĂ©rĂ© en AlgĂ©rie par le sergent-chef Drouet comme Ă©tant un trĂšs bon maçon, a Ă©tĂ© embauchĂ© par son frĂšre Louis Drouet, codirigeant de l’entreprise de maçonnerie Goubault-Drouet Ă  Ancenis. [Julien Huard 83 ans – le 27 septembre 2019] JH36 53222 ***** Mort aux vaches ! Ce jour lĂ , si j’ai eu des propos excessifs, c’est parce que j’avais bu un peu plus qu’à l’ordinaire. Ça m’a quand-mĂȘme valu quinze jours de taule. Le Capitaine Zelas donna l’ordre, Ă  deux soldats algĂ©riens de la compagnie, de m’emmener dans une mechta faisant office de prison. Pour m’y rendre, j’en avais un de chaque cĂŽtĂ© de moi, la mitraillette chargĂ©e Ă  la main. La prison Ă©tait gardĂ©e par des copains encadrĂ©s par un lieutenant plutĂŽt sympa. Je n’ai pas gardĂ© un mauvais souvenir de cette pĂ©riode car je n’étais pas maltraitĂ© et surtout, pendant que je purgeais ma peine, j’étais exemptĂ© d’opĂ©rations. Le Capitaine Zelas avait une dauphine qu'il stationnait sous le porche et il mettait une bĂąche dessus pour la protĂ©ger. Un matin, aprĂšs s'ĂȘtre aperçu que la bĂąche Ă©tait dĂ©chirĂ©e, il mena une enquĂȘte afin de trouver le coupable mais personne n'avoua. Plus tard, l'instituteur d'Ille-et-Vilaine dont je n'ai plus le nom nous informa que c'Ă©tait le Major qui avait fait ça, par vengeance. Entreprise Goubault-Drouet d’Ancenis J’entretenais de bonnes relations avec mes patrons mais, malgrĂ© que l’ambiance fĂ»t bonne, je n’y suis restĂ© qu’un an. J’étais logĂ© chez un brave couple qui tenait un restaurant. Je prenais le repas du soir et le petit dĂ©jeuner chez eux et ils me prĂ©paraient la gamelle pour le midi. Nous Ă©tions une dizaine d’ouvriers dans le fourgon CitroĂ«n pour aller du dĂ©pĂŽt d’Ancenis au chantier Ă  Nantes. Le matin, le trajet durait trente minutes mais le soir, pour rentrer, il fallait une heure-et-demie quand ce n’était pas deux heures. Ce n’était pas pour des raisons d’embouteillage mais pour des raisons de bouteilles
 En effet, sur l’itinĂ©raire de retour, il y avait plusieurs arrĂȘts "bistrot" et moi, non seulement ça ne m’intĂ©ressait pas, mais je n’avais d’argent Ă  dĂ©penser. Chaque soir, dans le fourgon, nous Ă©tions deux Ă  attendre sept ou huit "piliers de bars". Une fois, j'avais un rendez-vous pour une leçon de conduite moto. Voyant que j'Ă©tais agacĂ© de les voir traĂźner sur la terrasse d'un cafĂ©, mon copain avait cognĂ© Ă  la vitre du fourgon. Le chef d'Ă©quipe s'Ă©tait approchĂ© de nous et il avait dit Si vous n'ĂȘtes pas contents, allez chercher du travail ailleurs... » À cette Ă©poque, le boulot ne manquait pas. Huit jours plus tard, j'Ă©tais embauchĂ© Ă  l'entreprise de maçonnerie Grossin, Ă  Nantes, chez qui RĂ©my Tessier du bourg de La Bosse avait fait un stage quelques annĂ©es plus tĂŽt. [Joseph Masson 83 ans – le 1er octobre 2019] JM36 44020 ***** Au printemps 1958, Joseph Masson et Julien Huard sĂ©journent Ă  Berhoum. Avec les militaires de leur rĂ©giment, il y a des Harkis et certains d'entre eux tentent Ă  plusieurs reprises de dĂ©serter pour rallier un groupe de fellaghas. Ils sont liquidĂ©s par des soldats français. Suite Ă  une enquĂȘte, plusieurs habitants du douar sont soupçonnĂ©s d'intervenir en faveur de ces Harkis dĂ©serteurs et ils sont arrĂȘtĂ©s. Parmi eux, il y a mon grand-pĂšre Allaoua Saadi 51 ans et mon oncle Ahmed Saadi 22 ans. Ils disparaissent et la famille n'a plus jamais entendu parler d'eux. Vivant Ă  Berhoum oĂč je suis nĂ© en 1971, je ne parle pas de ce que j'ai connu mais seulement de ce que j'ai entendu. C'est dans l'Ă©cole Ă©lĂ©mentaire situĂ©e dans l'enceinte du cantonnement oĂč Ă©taient Joseph Masson et Julien Huard que j’ai Ă©tĂ© scolarisĂ© jusqu’à l’ñge de treize ans. Les bĂątiments existent toujours. [Abdelhamid Saadi 48 ans – le 23 mai 2020] AS71 AlgĂ©rie ***** Je connaissais bien Joseph car il a dĂ©butĂ© le mĂ©tier de maçon chez mes parents, Alexandre et Germaine Tessier. Il est restĂ© jusqu'au jour de son dĂ©part Ă  l’armĂ©e. En rentrant d’AlgĂ©rie, il est allĂ© faire sa vie sur Nantes et je ne l’ai plus jamais revu. RĂ©mi mon mari travaillait aussi Ă  l’entreprise et il aimait bien Joseph Masson. C’était un bon compagnon. [ThĂ©rĂšse Aulnette, nĂ©e Tessier 87 ans – le 7 dĂ©cembre 2020] TA33 35106 Janvier 1957 le bateau avec lequel Joseph Masson est allĂ© en AlgĂ©rie DĂ©part en opĂ©ration. Joseph Masson est le 8Ăšme En opĂ©ration Joseph Masson est debout Ă  gauche, Michel Fortin du Morbihan est accroupi, Julien Huard de la Mayenne, avec un chapeau est accroupi derriĂšre, Joseph NĂ©dĂ©lec du FinistĂšre est torse nu, Marcel Clusseau de VendĂ©e est Ă  droite Repos Ă  l'ombre pendant une opĂ©ration de ratissage Julien Huard est assis au centre avec un chapeau de brousse, Joseph Masson est assis Ă  sa droite et Michel Fortin du Morbihan est allongĂ© Ă  sa gauche Joseph Masson, lors d'une embuscade, avec un lance grenades MAS 49 DĂ©but 1957 Ă  Babar Debout au centre, Joseph Masson avec un de ses copains nommĂ© "Ouzous", mort dans une embuscade quelques jours plus tard 1957 Joseph Masson, Ă  Babar, avec l'Ăąne "LĂ©on" qui accompagne les troufions quand ils vont au bistrot. Avec son nez, il secoue le coude de l'un d'entre eux jusqu'Ă  ce qu'il obtienne une biĂšre Fin 1957 Vue sur la palmeraie de Kangha Sidi Nadji. En bas Ă  gauche, des soldats lavent leur linge dans l'oued 22 novembre 1958 Joseph Masson Ă  gauche avec sa quille Ă  la gare de Batna, avec Claude Denoual de Plouasne et Noblet de la Loire-Atlantique 1958, Ă  Berhoum L'endroit oĂč Ă©tait situĂ© le cantonnement des soldats français. [AS71] 1956-1959 ~ ~ novembre 1956 Ă  ~ ~ fĂ©vrier 1959 dates non officielles Contingent 56/2B Robert Maleuvre 1935-2015 Dix morts dans une embuscade Robert part des Cours-Luniaux en La Bosse en novembre 1956 pour aller faire son service militaire. Il effectue ses classes en France et ensuite il est envoyĂ© en AlgĂ©rie. Il est affectĂ© Ă  la 2Ăšme compagnie du 8Ăšme RĂ©giment d’Infanterie MotorisĂ©e 8Ăšme RIM situĂ© prĂšs de SaĂŻda en Oranie. Le lundi 10 mars 1958, sa compagnie tombe dans une embuscade dans les gorges de Tifrit. Le bilan est de dix morts. Robert est infirmier et il donne des soins aux blessĂ©s. Il voit le capitaine mourir Ă  ses pieds. AprĂšs avoir joint ses mains en invoquant sa femme il aurait dit Adieu Marie ». Maman et moi, nous assistons aux obsĂšques cĂ©lĂ©brĂ©es en l’église de SaĂŻda. Il y a dix cercueils devant nous. Nous ne connaissons aucun de ces soldats mais nous jugeons que nous devons ĂȘtre lĂ  car, sans nous et quelques autres femmes pieds-noirs, il n’y aurait personne Ă  accompagner les quelques mĂšres venues de France en avion jusqu’à Oran et en hĂ©licoptĂšre ensuite. AprĂšs cette fusillade meurtriĂšre, le 8Ăšme RIM est transfĂ©rĂ© dans les bĂątiments de l’école Jules Ferry, Ă  Nazereg-Flinois, en banlieue nord de SaĂŻda. J’habite en face et je suis scolarisĂ©e au Centre professionnel de SaĂŻda. Le lundi matin, c’est un arabe voisin de mes parents qui me conduit avec sa camionnette. Il me ramĂšne chaque week-end. Dans la semaine, je suis hĂ©bergĂ©e chez Tante Marie. Robert est infirmier et il vient rĂ©guliĂšrement en jeep Ă  SaĂŻda. Il passe me voir Ă  chaque fois. Mon pĂšre, Antoine Garcia, cesse de travailler Ă  la fonderie Joffrey Ă  l’entrĂ©e SaĂŻda et il s’engage dans l’armĂ©e. Il est affectĂ© au Groupe Mobile de SĂ©curitĂ© GMS Ă  Charrier. Ma mĂšre va le voir le dimanche. Elle part en autocar Ă  dix heures et elle revient vers dix-sept heures. DĂšs son arrivĂ©e, Robert installe un tourne-disque avec ses copains sous le prĂ©au de l’école. Je mets mes plus beaux habits pour aller danser et Maman m’accompagne. Les jeunes filles du quartier sont prĂ©sentes. Pendant que nous dansons, nos mamans sont assises sur des bancs et elles nous surveillent. Ma mĂšre Ă©lĂšve quelques cochons. Robert leur apporte rĂ©guliĂšrement Ă  manger depuis l’école toute proche. Il arrive avec deux seaux remplis des restes de repas de la compagnie. Pour lui c’est aussi une occasion pour venir me voir. Quand Robert est libĂ©rĂ© de ses obligations militaires, il rentre dans sa famille en Bretagne. Plus tard, il refait le chemin inverse pour me retrouver. Le samedi 26 mars 1960, nous nous marions Ă  Nazereg-Flinois. AprĂšs la cĂ©rĂ©monie, nous festoyons et dansons dans la maison de mes parents. À la tombĂ©e de la nuit, juste avant le couvre-feu, nous partons passer la nuit chez des membres de la famille Ă  SaĂŻda. Quelques jours aprĂšs notre mariage, nous dĂ©cidons d’aller vivre Ă  Colomb BĂ©char. Robert est embauchĂ© Ă  l’économat de l’armĂ©e et moi, je travaille dans une supĂ©rette. Dans le quartier oĂč nous habitons, la majoritĂ© des gens sont des militaires ou des lĂ©gionnaires. AprĂšs avoir vĂ©cu presque deux annĂ©es Ă  Colomb BĂ©char, voyant que l’AlgĂ©rie va devenir indĂ©pendante, nous dĂ©cidons de venir habiter en France. La nuit de la Saint-Sylvestre 1961, nous rĂ©veillonnons dans l’avion en traversant la MĂ©diterranĂ©e. Nous restons un mois Ă  Rennes puis nous allons nous installer en Normandie. Nous habitons Ă  Vire depuis peu, lorsqu’un beau matin, alors que je suis en train de faire mon marchĂ©, j’entends crier Francine, Francine
 ». Je me retourne, ce sont mes parents et mes cinq frĂšres et sƓurs qui arrivent en surprise. Eux aussi, ils ont dĂ©cidĂ© de venir vivre en France. [RacontĂ© par Francine Maleuvre 77 ans, nĂ©e Garcia, l’épouse de Robert – le 31 mars 2020] FM43 06083 ***** Robert, je l’ai connu dĂšs mon plus jeune Ăąge. Nos parents Ă©taient amis. Il avait quatre ans de plus que moi et je le considĂ©rai comme un frĂšre. Il habitait Les Cours-Luniaux en La Bosse mais il venait Ă  l’école Ă  TresbƓuf. Pendant les vacances, il Ă©tait "patou" chez le pĂšre Rabu au Clos-Neuf. Lorsqu’il conduisait le troupeau en pĂąture, il passait devant la porte de notre maison, Ă  La Hucheloire. Maman me rĂ©veillait et me disait LĂšve-toi et habille toi vite si tu veux aller avec Robert ». Je partais au champ avec lui et nous prenions le chemin du retour en fin de matinĂ©e, lorsque les vaches commençaient Ă  moucher. Les annĂ©es passent et je n’ai plus de nouvelles de Robert. Le 2 septembre 1959, je rentre sous les drapeaux au service santĂ© Ă  Vincennes. Seulement trois semaines aprĂšs, j'apprends le dĂ©cĂšs de ma mĂšre. En janvier 1960, je suis mutĂ© Ă  l’hĂŽpital BĂ©gin Ă  Saint-MandĂ© et le 23 octobre suivant, je suis infirmier en AlgĂ©rie, au 5Ăšme RĂ©giment du GĂ©nie Ă  Colomb-BĂ©char. Lorsque j'arrive au 5Ăšme RG, j’écris Ă  mon pĂšre en prĂ©cisant que je viens de passer Ă  SaĂŻda, lĂ  oĂč Robert et Francine se sont mariĂ©s. Il informe Marie la mĂšre de Robert puis, en me rĂ©pondant, il indique qu'ils habitent rue CaĂŻd Ali Ben Khalifa Ă  Colomb-BĂ©char. Robert est prĂ©venu par sa mĂšre. Le dimanche suivant, il parcoure Ă  pied les 1500 mĂštres qui le sĂ©pare du casernement oĂč je suis puis il m'emmĂšne chez lui. Ensuite, presque chaque dimanche aprĂšs-midi, Robert et Francine me reçoivent chez eux et je suis super bien accueilli. Le 15 dĂ©cembre 1961, je suis libĂ©rĂ© et seulement quinze jours plus tard, eux aussi, ils viennent vivre en France. Plus tard, pour le bon temps qu’ils m’ont offert, j’aurai bien aimĂ© les recevoir avec ma femme Ă  la maison mais, hĂ©las, ça ne s’est jamais fait. [Claude Faucheux 80 ans – le 15 mai 2020] CF39 35066 ***** Robert rentre d'AlgĂ©rie avec la quille au dĂ©but de l'annĂ©e 1959. Lui et moi, nous sommes nĂ©s dans le mĂȘme village. Une cinquantaine de mĂštres sĂ©pare les maisons de nos parents. Fin novembre de la mĂȘme annĂ©e, Robert retourne Ă  Nazereg-Flinois pour rejoindre sa fiancĂ©e qu'il a connue lĂ -bas pendant son service militaire. C'est moi qui le conduis avec ma "MotobĂ©cane", de La Bosse Ă  Nantes oĂč je travaille. En arrivant, nous allons faire un tour Ă  la foire aux chĂątaignes place Viarme et c'est la fĂȘte. En soirĂ©e, nous nous rendons chez Jean BĂ©dard et LĂ©one mon beau-frĂšre et ma soeur, rue de la ville en Bois. Nous jouons Ă  la belote avec Jean et Serge Le Fol le frĂšre de sa femme jusqu'au milieu de la nuit. Le lendemain matin, je reprends le travail Ă  l'entreprise de maçonnerie Grossin et Robert s'envole de l'aĂ©roport de Nantes-ChĂąteau Bougon pour aller Ă©pouser Francine en AlgĂ©rie. Je n'ai jamais revu Robert depuis ce jour-lĂ . [Joseph Masson 84 ans – le 23 mai 2020] JM36 44020 1957 Robert Maleuvre en AlgĂ©rie. Robert Maleuvre 3Ăšme avec trois copains. Avril 1957 Ă  SaĂŻda, lors des obsĂšques des douze soldats morts dans une embuscade. 1959 Robert avec sa fiancĂ©e "Francine" Ă  Nazereg-Flinois. FĂ©vrier 1959 aux Cours-Luniaux en La Bosse. Robert Maleuvre vient d'ĂȘtre libĂ©rĂ© et Jacques son frĂšre est en permission. Les mĂ©dailles attribuĂ©es Ă  Robert Maleuvre. Vers 1985, Ă  Dreux Robert Maleuvre est mis Ă  l'honneur Beaucoup plus tard, sans doute en 1993 Robert Maleuvre porte drapeau Ă  Menton, le 8 mai. 1956-1958 Contingent ... Henri Hamon 1936-2002 NĂ© aux Cours-Luniaux en La Bosse-de-Bretagne, Henri a fait la totalitĂ© de son service militaire en Tunisie et il a dĂ» y sĂ©journĂ© durant vingt-quatre mois. Il est rentrĂ© une seule fois en permission. [Jean Hamon 83 ans, frĂšre de Henri – le 30 janvier 2022] JH38 35051 1956-1959 – du mardi 6 novembre 1956 au dimanche 15 fĂ©vrier 1959 Contingent 56/2B AndrĂ© SavourĂ© Si j’avais eu une permission, je ne serais jamais reparti Je quitte La BellandiĂšre le 6 novembre 1956 et je rejoins mon unitĂ© dans les Chasseurs Ă  pied pour faire mes quatre mois de classes Ă  Granville, dans une caserne situĂ©e Ă  la pointe du Roc. Ensuite, je reviens pour six mois au camp de Verdun, Ă  Rennes. Ma principale mission est de monter la garde au quartier Marguerite et au camp de la MaltiĂšre. Le jour de mes 21 ans, je reçois ma feuille de route. Je dois aller en AlgĂ©rie pour remplacer mon frĂšre Jean qui est lĂ -bas depuis dix mois – l’avenir prouvera que mon arrivĂ©e sur le sol algĂ©rien ne le fera pas rentrer plus tĂŽt – Jean va effectuer son temps rĂ©glementaire. Avant de quitter Marseille, un repas est offert Ă  tous ceux qui, comme moi, prennent le bateau. Notre section est la derniĂšre servie. On nous demande de dĂ©barrasser les tables et de faire la vaisselle mais nous ne sommes pas trĂšs motivĂ©s. Je force une porte Ă  double battants et Ă  nous rĂ©ussissons Ă  Ă©chapper Ă  la corvĂ©e qui nous est rĂ©servĂ©e. Nous traversons la MĂ©diterranĂ©e sur le bateau "Sidi Okba", un vieux rafiot. Je suis malade pendant presque tout le trajet. Nous sommes tellement transbahutĂ©s que les vagues passent par-dessus bord, les vomissements aussi. ArrivĂ©s en AlgĂ©rie, nous sommes affectĂ©s au 2Ăšme RĂ©giment de Tirailleurs AlgĂ©riens, dans la 7Ăšme Compagnie 2–7–RTA. Un rĂ©giment pourri dans lequel il y a seulement un tiers de français. Tout de suite, on s’empresse de me dire Il y a dĂ©jĂ  eu dix-sept morts aujourd’hui ». Et on poursuit VoilĂ  un flingue pour toi, tu sors avec nous demain ». On me fournit une tenue en me traduisant la phrase Ă©crite en arabe sur l’insigne qui est cousu Ă  ma veste Tu marches ou tu crĂšves ». Ce n’est pas trĂšs rĂ©jouissant et, comme si ça ne suffisait pas, on ajoute Jusqu’à maintenant, c’est vous qui nous avez commandĂ©. À partir d'aujourd’hui, c’est nous qui vous commanderons ». Nous campons dans la brousse, le long des gorges d’El Kantara dans le Constantinois et, pour le ravitaillement, nous devons nous rendre Ă  Batna mais le dĂ©placement est risquĂ©. Heureusement, je ne suis pas souvent dĂ©signĂ©. Lorsque j’y vais pour la premiĂšre fois, je conduis une jeep et je me fais arrĂȘter par la patrouille militaire. Elle me laisse repartir moyennant que je passe le permis militaire. Je n’ai que mon permis civil mais le capitaine m’a mis au volant car le rĂ©giment n’a pas suffisamment de conducteurs possĂ©dant le permis permettant de conduire Ă  l’armĂ©e. Au retour, nous repĂ©rons des poteaux tĂ©lĂ©phoniques sectionnĂ©s sur le bord de la route et des vaches avec les quatre pattes en l’air. Le lendemain, le capitaine me fait passer le permis militaire. Quelques jours plus tard, nous sommes une trentaine de vĂ©hicules, GMC, jeeps et BlindĂ©s Ă  partir en opĂ©ration. Au retour, je suis au volant de ma jeep et je perds les traces du convoi. J’ai deux troufions avec moi et nous rentrons lorsque tout Ă  coup, en arrivant dans un village, des fellaghas tentent de nous barrer le passage. J’accĂ©lĂšre brusquement et je rĂ©ussi Ă  les semer en Ă©vitant une fusillade. Quand j’arrive au campement, le capitaine m’attend de pied ferme. Il me reproche de ne pas avoir suivi le convoi. Je suis toujours dans la brousse, soit en montagne, soit le long des oueds, lorsqu’un beau matin, par hasard, je rencontre Joseph Masson, un conscrit de La Bosse. Une fois, en revenant d’une opĂ©ration de ratissage, nous roulons entassĂ©s Ă  une quinzaine dans un GMC dĂ©bĂąchĂ©. Du haut de la montagne, des fellaghas font dĂ©bouler des grosses pierres sur la route oĂč nous passons. D’autres sont en contrebas pour nous allumer. Etant dans le dernier vĂ©hicule du convoi, nous sommes bloquĂ©s. C’est Ă  la tombĂ©e de la nuit mais nous avons des fusĂ©es pour nous Ă©clairer. Mon fusil, un MAS 36, est coincĂ© avec mon ceinturon et, sur la quinzaine de tirailleurs que nous sommes, je suis le seul Ă  ne pas rĂ©ussir Ă  sauter du GMC. Je reste debout et les balles me sifflent aux oreilles. Me sentant vraiment en danger, je me laisse tomber sur le plancher. Je me fais mal Ă  l’épaule gauche – soixante ans aprĂšs, j’ai encore des douleurs – Je fais le mort pendant un bon quart d’heure, jusqu’à ce que le calme revienne. Les fellouzes arrĂȘtent de tirer et s’en vont en longeant un oued. Je suis toujours allongĂ© Ă  l’intĂ©rieur lorsque mes coĂ©quipiers reviennent au camion. J’entends l’un d’eux dire SavourĂ© est mort ». Avant de remonter dans le GMC, ils rangent les grosses pierres sur l’accotement et nous pouvons poursuivre notre route. Les fellaghas qui ont tirĂ© sur nous ne veulent pas de la guerre. Ils veulent simplement rester les maĂźtres chez eux. J’ai souvent l’occasion de prendre un avion hĂ©liportĂ©, Banane ou Sikorski, mais Ă  chaque fois c’est parce que le haut de la montagne est bombardĂ©. On nous largue sur les lieux pour finir le ratissage. Nous sautons de deux ou trois mĂštres et quelquefois plus. L’hĂ©lico ne se pose que lorsqu’il y a des morts ou des blessĂ©s Ă  Ă©vacuer. Quant Ă  nous, pour le retour, des GMC viennent nous chercher en bas de la montagne en Ă©tant protĂ©gĂ©s par des blindĂ©s. Un soir, je dĂ©couvre un tirailleur algĂ©rien tombĂ© Ă  la renverse sur mon lit. Un copain vient de le tuer avec un fusil Ă  rĂ©pĂ©tition. Il a appuyĂ© sur la gĂąchette, pensant qu’il n’y avait pas de balles dans le chargeur. Pourtant, comme moi, il vient d’assister Ă  une dĂ©monstration oĂč un gradĂ© lui a appris Ă  manier les armes. Une fois, pendant une opĂ©ration d’attaque, nous capturons un fellouze et le faisons prisonnier. VexĂ© de le voir un de ses cousins avec nous, il lui donne deux baffes. Nous mettons le prisonnier au trou et, dĂšs la nuit suivante, le cousin qui pourtant est des nĂŽtres le libĂšre. Une autre fois, toujours en opĂ©ration d’attaque, un blessĂ© est restĂ© en contrebas et il hurle. L’Adjudant envoie le sergent Ă  son secours mais ce dernier fait demi-tour car les fellaghas lui tirent dessus. Voulant Ă  tout prix sauver l’estropiĂ©, il envoie un 2Ăšme classe qui revient lui aussi et pour les mĂȘmes raisons. L’Adjudant n’insiste pas et dit Ne bougez pas, je vais chercher le blessĂ© ». Il est abattu sous nos yeux. Deux mois avant la fin de mon service en AlgĂ©rie, mon rĂ©giment compte une trentaine d’hommes, dont seulement un quart de français. Un soir, au coucher du soleil, nous partons en opĂ©ration sur un terrain d’aviation. On nous ordonne de mettre nos fusils en faisceaux et de nous replier ensuite. Le commandant appelle vingt-deux soldats les 22 arabes un par un en, citant le nom de chacun. Ils sont alignĂ©s debout puis Ă©liminĂ©s par des Paras et la LĂ©gion. Selon ce que nous apprenons par la suite, ils avaient prĂ©vu de trancher la gorge aux français que nous sommes, pendant notre sommeil, et de s’en aller avec nos armes. Nous dormons toujours sous une tente, qui bien souvent est criblĂ©e de balles. Un matin, lorsque je me lĂšve, je m'aperçois que mon portefeuille a disparu. Il a sĂ»rement Ă©tĂ© pris dans la nuit par un des arabes faisant partie de notre compagnie. Dans la journĂ©e, je le retrouve cachĂ© sous une planche des toilettes rudimentaires installĂ©es en plein air au bout de notre campement. Mon permis de conduire est toujours Ă  l'intĂ©rieur mais il n'y a plus d'argent. Chaque fois que nous quittons le camp, c’est avec notre MAS 36, un fusil mitrailleur lourd. Il y a des jours oĂč nous devons porter le poste radio en plus. Celui qui le prend le matin doit le garder toute la journĂ©e et quand il faut sauter de l’hĂ©lico avec tout cela sur le dos, c’est pĂ©nible. C’est tellement dur que je cherche un moyen pour faire de la prison. Des fois, nous restons plusieurs jours Ă  l’attaque alors que nous avons une ration de nourriture seulement pour une journĂ©e. Dans ces cas, nous sommes ravitaillĂ©s par hĂ©lico des pots de confiture de cinq kg et des biscuits de guerre pour remplacer le pain
 Nous raflons des fruits et des oignons dans les jardins se trouvant sur notre passage ou des artichauts sauvages pour nous passer la soif. Quand nous trouvons de l’eau Ă  couler quelque part, nous en buvons mĂȘme si elle est de couleur jaune ou crĂšme et nous remplissons notre gourde. Il nous arrive de trouver des cadavres sur notre chemin. Je n’ai eu aucune permission en AlgĂ©rie. Si j’en avais eu une, je ne serai jamais reparti. Je suis renvoyĂ© dans mes foyers le 10 janvier 1959 avec une permission libĂ©rable de huit jours. J’embarque Ă  Philippeville le 13 janvier et le Sidi Okba me ramĂšne Ă  Marseille. Je rentre Ă  La Bosse en fĂ©vrier 1959. Le lendemain, je retourne Ă  Rennes, Ă  la caserne du Colombier, pour rendre mon paquetage. On me fait passer une visite puis on m’envoie aux urgences Ă  l’hĂŽpital Ambroise ParĂ©. J’y reste un peu plus de quatre semaines. J’ai le corps couvert de psoriasis. Six mois aprĂšs mon retour Ă  la maison, n’étant pas bien, le docteur Dre Amina, du Sel m’ausculte et m’expĂ©die Ă  l’HĂŽtel Dieu et lĂ  on dĂ©couvre ma maladie. J’ai le paludisme, ce qui me vaut encore un temps d’hospitalisation. Peu de temps aprĂšs, je suis avec les vaches dans un prĂ© Ă  la BellandiĂšre, lorsque les gendarmes du Sel s’arrĂȘtent pour me proposer un recrutement dans leur brigade. Je refuse en disant que j’en avais vu assez. Peu aprĂšs, ils repassent chez mes parents en leur demandant d’essayer de me convaincre mais ils ne rĂ©ussissent pas. J’ai reçu un certificat de bonne conduite, mais j’ai aussi cinq mĂ©dailles voir photos ci-dessous. J’ai une Ă©toile de bronze car un jour, j’étais Radio, et c’est moi qui avais commandĂ© l’opĂ©ration, bien qu’étant seulement 2Ăšme classe. J’étais en relation directe avec le capitaine qui se trouvait en arriĂšre, au poste de commandement. Le 1er janvier 1958, j’ai Ă©tĂ© nommĂ© 1Ăšre classe. [AndrĂ© SavourĂ© 82 ans – le 18 fĂ©vrier 2019] AS36 35012 ***** Le 18 octobre 1957, AndrĂ© SavourĂ© est dans le Constantinois lorsque Marcel BĂ©nard soldat de 2Ăšme classe au 5Ăšme Groupement de Chasseurs PortĂ©s et domiciliĂ© au lieu-dit "Le Tertre de la Nouette" en ErcĂ©-en-LamĂ©e perd la vie Ă  l'Ăąge de 23 ans entre Tircine et SaĂŻda, dans le Sud-Oranais. Le 5 mai 1960, AndrĂ© se marie avec Marie BĂ©nard, la sƓur de Marcel. JA49 35235 Les cinq mĂ©dailles d'AndrĂ© 1 mĂ©daille militaire remise le 5 dĂ©cembre 2012 - 2 mĂ©daille commĂ©morative opĂ©ration sĂ©curitĂ© et maintien de l'ordre - 3 Ă©toile de bronze - 4 mĂ©daille d'Afrique du Nord - 5 croix de combattant. Citation militaire Certificat de bonne conduite 1957-1959 – du vendredi 1er fĂ©vrier 1957 au samedi 16 mai 1959 Contingent 57/1 AndrĂ© Marsolier J'Ă©tais chauffeur de semi-remorque Le 1er fĂ©vrier 1957, je suis incorporĂ© dans l’armĂ©e de l’air, Ă  la base aĂ©rienne 720 de Carpiquet, en pĂ©riphĂ©rie de Caen. C’est lĂ  que, la semaine suivante, je fĂȘte mes vingt ans. Je fais seulement un mois et demi de classes et je prends le train direction Marseille, puis j’embarque pour l’AlgĂ©rie. ArrivĂ© Ă  BĂŽne, des camions attendent les soldats venant de France. Ils nous emmĂšnent Ă  Guelma oĂč nous restons pendant trois Ă  quatre semaines. Ensuite, nous sommes environ trois mille trouffions Ă  prendre la route pour d’autres horizons. Les uns sont transportĂ©s en jeeps, les autres en camions. Nous formons un convoi impressionnant de plusieurs km pour nous rendre Ă  El-Milia. LĂ , nous stationnons quatre mois, en support de renseignements. À peine arrivĂ©, on me convoque pour m’annoncer que je suis dĂ©signĂ© de corvĂ©e. J’épluche des pommes de terre toute la journĂ©e. Il faut bien nourrir la troupe
 La nuit, nous dormons sous des tentes qui ont dĂ©jĂ  du vĂ©cu. Les toiles sont criblĂ©es de balles. Il y a seulement quelques jours que nous sommes ici lorsqu’un hĂ©licoptĂšre vient se poser tout prĂšs de l’endroit oĂč nous campons. À l’intĂ©rieur, il y a des cadavres. Le 1er novembre 1957, avant de quitter El-Milia, je suis nommĂ© Soldat de 1Ăšre classe. Cette fois, c’est Ă  la base aĂ©rienne 211 de Telergma, situĂ©e Ă  une cinquantaine de km au Sud-ouest de Constantine, que je suis mutĂ©. LĂ , on me donne quelques responsabilitĂ©s. Le matin, je dois passer sur les pistes d’aviation pour repĂ©rer si un bout de fil de fer ou tout autre objet suspect ne traĂźne pas sur le macadam. Rouler dessus pourrait peut-ĂȘtre dĂ©clencher un dĂ©pĂŽt de mines. Un jour, le GĂ©nĂ©ral De Gaulle atterrit Ă  l’aĂ©roport. On nous demande d’ĂȘtre trĂšs vigilants et de vĂ©rifier si un attentat Ă  l'explosif n’est pas en cours de prĂ©paration. Je suis chauffeur de semi-remorque et je me dĂ©place dans tout le Constantinois. Il n’est pas rare que je parte pour plusieurs jours. Je fais souvent la route qui emmĂšne Ă  Batna et Biskra, ainsi que celle va Ă  Ferkane et NĂ©grine, en bordure de la frontiĂšre tunisienne. Ça m’arrive d’aller chercher des bombes et autres munitions arrivant par le train Ă  la gare situĂ©e Ă  quatre kilomĂštres. Je les amĂšne Ă  la base. Il nous arrive aussi de transporter des morceaux d’avions quand il y a des crashs dans la rĂ©gion. Un jour, nous allons chercher une Ă©pave de zinc dans un endroit trĂšs difficile d'accĂšs. Il n’y a pas de route, pas mĂȘme de piste pour s'y rendre. Nous sommes Ă  plusieurs camions et nous roulons sur un terrain accidentĂ©. Des inondations ont eu lieu ces derniers jours et tout a Ă©tĂ© emportĂ© par les courants. Nous traversons des oueds Ă  l’aveuglette et nous rencontrons quelques problĂšmes mĂ©caniques. Nous nous dĂ©pannons entre nous, avec les moyens du bord. Ça ne nous empĂȘche pas d’avoir du plaisir. Peu de temps aprĂšs cette escapade, j’ai la chance d’ĂȘtre choisi pour partir en dĂ©tachement pendant un mois Ă  Philippeville. Je profite de la mer et j’ai l’impression d’ĂȘtre en vacances. Je ne suis pas un soldat opĂ©rationnel, c’est la raison pour laquelle je ne vais jamais crapahuter. Il m’arrive quand-mĂȘme de me faire tirer dessus. J’ai une mitraillette en permanence avec moi, mais je ne m’en sers jamais. Des fois, nous roulons tous Ă  la queue leu leu et quand ça bombarde trop, nous arrĂȘtons notre camion et nous attendons que ça se calme. J’ai eu trois permissions durant mes vingt-cinq mois d’armĂ©e en AlgĂ©rie dont une fin aoĂ»t 1958, pour le mariage de ma cousine Yvette Guibert avec Francis Rouyer. J’étais tĂ©moin et je suis arrivĂ© en retard, mais je n’avais pas d’excuses. Au total, j’ai traversĂ© huit fois la MĂ©diterranĂ©e, trois en bateau et cinq en avion. Je suis rentrĂ© dĂ©finitivement Ă  La Bosse le 16 mai 1959. [RacontĂ© par AndrĂ© Marsolier 82 ans – le 28 fĂ©vrier 2019] AM37 78490 1958 AndrĂ© Marsolier, assis sur une bombe, Ă  la soute Ă  munitions de Telergma 1958 AndrĂ© Marsolier, debout sur une bombe, Ă  la soute Ă  munitions de Telergma 1958 la soute Ă  munitions de Telergma 1958 En rentrant de NĂ©grine Ă  Telergma, le camion "Saurer" d'AndrĂ© Marsolier s'enlise avec sa remorque de 40 pieds dans un oued aprĂšs un orage 1958 jeep mitraillĂ©e lors d'une embuscade dans laquelle deux soldats viennent de trouver la mort 1958 un avion T6 s'Ă©crase en pleine nature 1957-1959 – du dimanche 5 mai 1957 au mardi 18 aoĂ»t 1959 Contingent 57/2 Joseph Hurel J’ai attrapĂ© la jaunisse en rentrant de permission Le lundi de PĂąques 1957, j’assite Ă  l’AssemblĂ©e de PancĂ© et le lendemain matin je reçois la convocation m’indiquant le lieu oĂč je dois aller servir sous les drapeaux. Le dimanche 5 mai, je quitte la ferme de mes parents, aux Bignons en Le Sel. AndrĂ© BarrĂ©, de La JeussiniĂšre en TresbƓuf, est incorporĂ© Ă  la mĂȘme caserne que moi et c’est son frĂšre Auguste qui nous emmĂšne en voiture Ă  la gare de Rennes. Ensuite, c’est en train que nous voyageons pour atteindre la base aĂ©rienne 136 Bremgarten, sur la rive droite du Rhin, Ă  Hartheim am Rhein, en Allemagne. Nous restons ensemble durant six semaines mais ensuite, nous sommes sĂ©parĂ©s. Je suis mutĂ© en France et affectĂ© au garage, en tant que chauffeur, Ă  la base aĂ©rienne 132 de Colmar-Meyenheim. Fin septembre 1957, je bĂ©nĂ©ficie d’une permission de huit jours puis, Ă  peine revenu Ă  Colmar, mon tour est venu de partir en AlgĂ©rie. Je prends le bateau Ă  Marseille le 10 octobre. Le lendemain, arrivĂ© au port d’Alger, je suis conduit Ă  la base aĂ©rienne 146 de RĂ©ghaĂŻa situĂ©e Ă  une trentaine de kilomĂštres Ă  l’Est de la capitale algĂ©rienne. Nous sommes un bon groupe de nouveaux arrivants Ă  ĂȘtre accueillis par un gradĂ© qui commence par nous dire Vous ĂȘtes partis de France pour venir au pays de la mort lente ! » Au printemps 1958, je passe le permis poids lourd. En novembre 1958, suite Ă  une demande faite par mon pĂšre, j’obtiens une permission agricole de quinze jours. Dans le bateau qui me ramĂšne de France en AlgĂ©rie, je suis malade pendant toute la traversĂ©e. Lorsque je suis de retour Ă  la base, le mĂ©decin capitaine Joseph, dont je suis le chauffeur, me trouve bizarre et il me demande de passer Ă  son cabinet. Il me dĂ©tecte une jaunisse. Je passe plusieurs semaines Ă  l’infirmerie avant de retourner dans ma famille en avion pour une dizaine de jours, en convalescence cette fois. Le 1er juillet 1959, je suis nommĂ© Soldat de 1Ăšre classe. À la mi-aoĂ»t 1959, je suis libĂ©rĂ© aprĂšs avoir passĂ© deux ans en AlgĂ©rie et toujours Ă  Ă  la base de RĂ©ghaĂŻa. Le 16 aoĂ»t, j’embarque sur le Sidi Ferruch Ă  Alger, Ă  destination de Marseille. Je rentre aux Bignons le 18 aoĂ»t avec une permission libĂ©rable de dix jours. Je suis rayĂ© des contrĂŽles de l’unitĂ© le 28 aoĂ»t 1959. [RacontĂ© par Joseph Hurel 83 ans – le 4 aoĂ»t 2020] JH37 35030 ***** J’ai un souvenir de ce dimanche 5 mai 1957 oĂč je suis parti en Allemagne avec Joseph Hurel. Le baptĂȘme de ma niĂšce Françoise BarrĂ© » avait lieu Ă  TresbƓuf ce jour-lĂ  et je n’ai pas pu y assister. Joseph et moi, nous avons passĂ© six semaines ensemble Ă  Hartheim am Rhein. Ensuite il est revenu en France mais moi, je suis restĂ© en Allemagne. J’ai fait un stage Ă  la base 178 de Achern. Je n’avais rien demandĂ© mais je n’étais vraiment pas malheureux. Quand je suis allĂ© en AlgĂ©rie, comme par hasard, j’ai Ă©tĂ© mutĂ© Ă  RĂ©ghaĂŻa. Un jour, en me rendant Ă  l’infirmerie, je croise le capitaine. Il me regarde le blanc des yeux et me dit Pourquoi vas-tu Ă  l’infirmerie, tu n’as pas l’air malade ?» Je lui dis que j’allais chez le dentiste. C’est lĂ  qu’il m’a annoncĂ© qu’un Breton venait d’attraper la jaunisse et qu’il s’agissait de Joseph Hurel. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvĂ©s. [AndrĂ© BarrĂ© 83 ans – le 19 septembre 2020] AB37 35343 Joseph Hurel Joseph Hurel 1957/1959 – du mercredi 6 novembre 1957 au jeudi 25 fĂ©vrier 1960 Contingent 57/2B AndrĂ© Fralin Dix-huit soldats de ma compagnie perdent la vie dans une embuscade J’obtiens un sursis qui me permet de retarder mon dĂ©part Ă  l’armĂ©e et de pouvoir continuer Ă  aider ma mĂšre Ă  la boucherie. Mon pĂšre LĂ©on est dĂ©cĂ©dĂ© et mon frĂšre prĂ©nommĂ© aussi LĂ©on est toujours sous les drapeaux. Le sursis qui m’a Ă©tĂ© accordĂ© expire le 31 octobre 1957. J’ai 21 ans et demi lorsque je quitte le bourg de Teillay pour me rendre Ă  la caserne Mellinet, Ă  Nantes. Le 6 novembre, je rentre au Centre d’Information et d’Orientation du 2Ăšme RĂ©giment d’Infanterie Coloniale. AprĂšs quatre mois de classes, je rentre en permission pour une dizaine de jours. Le 8 mars 1958, je prends la mer au port de Marseille et le lendemain j’accoste Ă  Alger. Ensuite, un petit train roulant Ă  faible allure m’emmĂšne Ă  mon lieu d’incorporation, Medjadja, une commune situĂ©e Ă  deux-cents kilomĂštres d'Alger, entre BĂ©ni Rached et OrlĂ©ansville. Je pars de temps en temps en opĂ©ration mais je ne suis jamais confrontĂ© Ă  des coups durs. J'ai la chance de ne pas ĂȘtre prĂ©sent lorsqu'une section de ma compagnie se trouve prise en Ă©tau dans une embuscade. Ce jour-lĂ , dix-huit soldats perdent la vie en traversant le massif montagneux de l’Ouarsenis. Le 1er dĂ©cembre 1958, par changement de dĂ©nomination, le 2Ăšme RĂ©giment d’Infanterie Coloniale devient le 2Ăšme RĂ©giment d’Infanterie de Marine 2Ăšme RIMa. Nous sommes environ une centaine dans la compagnie. Je suis employĂ© aux cuisines de la troupe pendant trois mois et ensuite, je suis affectĂ© au mess des sous-officiers. En fĂ©vrier 1959, je rentre dans ma famille pour une permission de deux semaines. Un jour, alors que je prĂ©pare la cuisine Ă  la roulante, je me dĂ©boite la cheville du pied droit en montant sur un rondin de bois. Je dois rester plĂątrĂ© pendant deux semaines sans trop pouvoir bouger. Lorsque je sors de l’infirmerie, on m'accorde une longue pĂ©riode de convalescence. Pour me dĂ©placer, j’utilise des bĂ©quilles. Le 22 fĂ©vrier 1960, je suis libĂ©rĂ© de mes obligations et conduit sur la base militaire d’Alger. Le 23, j’embarque Ă  bord du bateau Ville de Tunis » et le 24 je suis au port de Marseille. Le jeudi 25 fĂ©vrier 1960, je suis de retour au bourg de Teillay avec une permission libĂ©rable de onze jours. Le 7 mars, je suis dĂ©finitivement rayĂ© des contrĂŽles du corps des armĂ©es. [RacontĂ© par AndrĂ© Fralin 84 ans – le 19 aoĂ»t 2020] AF36 35030 ***** Avant de partir Ă  l'armĂ©e, AndrĂ© Ă©tait un membre trĂšs actif Ă  la clique de Teillay. Il jouait du clairon. Il Ă©tait aussi membre du club de football. PassionnĂ©, il pratiquait ces deux disciplines sous la direction de l'abbĂ© Jean Denoual. À son retour d'AlgĂ©rie, il a repris la musique et le foot. Lorsqu'il s'est mariĂ©, il s'est installĂ© Ă  La Bosse mais il a continuĂ© Ă  venir jouer encore quelques annĂ©es Ă  Teillay. [Jean Martin 79 ans – le 12 novembre 2020] JM41 35238 AndrĂ© Fralin, avec des arabes, sur le marchĂ© du village de Medjadja. AndrĂ© Fralin accroupi Ă  gauche, avec son Ă©quipe des cuisines dont un gars de Sion-les-Mines. AndrĂ© Fralin Ă  droite avec des copains et une cigogne apprivoisĂ©e. 1959 AndrĂ© Fralin prĂ©pare la cuisine pour la troupe. AndrĂ© Fralin, de service au bar du mess des sous-officiers. Convoi partant en opĂ©ration. AndrĂ© Fralin la cheville plĂątrĂ©e se dĂ©place avec des bĂ©quilles. AndrĂ© Fralin accroupi et ses collĂšgues des cuisines ont devant eux la carcasse d'une vache qu'ils viennent de dĂ©pecer. AndrĂ© Fralin, avec les joueurs de son Ă©quipe de foot. AndrĂ© Fralin avec sa quille. 1958-1960 – du mardi 7 janvier 1958 au jeudi 28 avril 1960 Contingent 57/2C Jacques Maleuvre J'ai terminĂ© l'armĂ©e au grade de MarĂ©chal des Logis Le 7 janvier 1958, je prends le car De Saint-HĂ©nis devant le cafĂ© de Robert Hugues au bourg de La Bosse. Je vais Ă  Rennes et je monte dans le train en partance pour Paris. Rendu Ă  Montparnasse, je rejoins la gare de l’Est et je me rends Ă  Thionville, en Moselle. Je suis incorporĂ© dans le 59Ăšme RĂ©giment d’Artillerie. Je fais mes classes et, ensuite, j’aide Ă  former des jeunes AlgĂ©riens arrivant du djebel. Ils ont entre de dix-sept et dix-neuf ans. Comme les appelĂ©s du contingent, ils apprennent Ă  marcher au pas et Ă  manier les armes mais, n’étant pas encore de vrais soldats, ils ne montent pas de gardes. Ils font semblant de ne pas connaĂźtre notre langue alors que la plupart la parle couramment. Je rĂ©ussis Ă  trouver une technique. Je les prends en groupe et, avec un ballon, j’arrive Ă  organiser des matchs. Devenu copain, nous finissons par engager des conversations amicales. Je forme aussi des nouveaux appelĂ©s. Tous les deux mois, j’ai une nouvelle section. Je rentre en permission dans ma famille Ă  peu prĂšs tous les trimestres. Une fois, aprĂšs avoir passĂ© une semaine Ă  la maison et en retournant Ă  Thionville, je croise mon frĂšre Robert Ă  la gare de Rennes. Il vient de terminer son service en AlgĂ©rie et il rentre Ă  La Bosse. Pour arroser sa quille, nous prenons le temps de boire un verre ensemble au cafĂ© de la Petite Vitesse, boulevard SolfĂ©rino. Le 1er octobre 1958, je suis nommĂ© brigadier. Fin dĂ©cembre, je suis admis Ă  l’hĂŽpital militaire de Metz pour une opĂ©ration de l’appendicite. Ensuite, je reviens chez mes parents pour une convalescence d’une dizaine de jours. À la mi-janvier 1959, lorsque je reviens Ă  la caserne, les jeunes algĂ©riens me crient dessus chef, chef, vous chef
 ». Le 1er fĂ©vrier 1959, j’apprends que je suis nommĂ© Brigadier-chef. Je pars en dĂ©tachement pour cinq semaines dans un centre de formation Ă  Hettange-Grande, au cƓur du Pays des Trois FrontiĂšres Luxembourg, Allemagne, France. Je suis membre du jury de validation pour les examens de permis de conduire. Je commence par passer les miens voiture lĂ©gĂšre, poids lourd et transport en commun. Je les obtiens aprĂšs avoir fait seulement deux heures et demi au volant d’un GMC. À vrai dire, j’ai le permis en poche mais je ne sais pas conduire. C’est en pratiquant par la suite que j’apprends. DĂ©but juillet, je quitte la Moselle pour partir en AlgĂ©rie. Je me rends Ă  Marseille en train et tous les passagers sont assis sur des banquettes en bois. Le 11 juillet 1959, j’embarque sur le bateau PrĂ©sident Cazalet ». Etant sous-officier, je voyage en cabine. Rendu Ă  BĂŽne le lendemain, c’est en train que nous prenons la direction de Souk-Ahras. Nous rejoignons le 139Ăšme RĂ©giment d’Artillerie Ă  TĂ©bessa, entre le massif de l’AurĂšs et la frontiĂšre algĂ©ro-tunisienne. Le casernement est situĂ© au Kouif. Je suis affectĂ© dans une ferme rĂ©quisitionnĂ©e, en bordure de la ligne de chemin de fer, et rĂ©pertoriĂ©e 2 KP. Parfois, nous rejoignons la batterie d’artillerie au casernement de Bekkaria. Les lĂ©gionnaires sont nos sauveurs. Quand nous sommes dans une situation Ă  risque, ils nous prĂ©cĂšdent toujours. C’est seulement quand nous buvons un coup qu’ils nous laissent passer devant eux. Je ne suis pas venu ici pour mettre des obus dans le canon mais pour assurer l’encadrement. Une nuit, je suis camouflĂ© dans une grotte et je commande un tir considĂ©rĂ© trop court. Le lendemain, je me suis convoquĂ© par le capitaine mais, comme je peux prouver qu’il y a eu des blessĂ©s en retrouvant des godasses et du sang sur le site visĂ©, je rĂ©ussis Ă  faire comprendre qu’il y a bien eu une tentative de passage de fellaghas. Nous sommes plusieurs instructeurs Ă  former des futurs sous-officiers, mais nous exerçons rarement au casernement. Nous partons en opĂ©rations le soir et nous dormons Ă  mĂȘme le sol. Notre action se dĂ©roule Ă  90% sur le terrain, en protection de la ligne Ă©lectrifiĂ©e, le long de la frontiĂšre tunisienne. L’armĂ©e de volontaires algĂ©riens nos ennemis est cantonnĂ©e en Tunisie et nous devons l’empĂȘcher de revenir en AlgĂ©rie. Le 1er novembre 1959, je suis promu MarĂ©chal-des-logis. La derniĂšre semaine de l’annĂ©e 1959, je suis responsable Ă  la protection de la ligne de chemin de fer et du rĂ©seau Ă©lectrifiĂ© entre TĂ©bessa et Souk-Ahras en remplacement du titulaire mariĂ© et pĂšre d’un enfant. Il est parti passer les fĂȘtes de fin d’annĂ©e dans sa famille, Ă  Saint-Trojan, en Gironde. Un copain, BarrĂ© » de Maure-de-Bretagne, conduit un half-track. S’apercevant que le phare Ă©clairant le rĂ©seau ne fonctionne plus, il s’arrĂȘte. Nous suivons avec la draisine et nous percutons l’arriĂšre de son vĂ©hicule. Le rail de la mitrailleuse est cassĂ©. Heureusement, il n’y a pas de blessĂ©s. Comme Ă  l’armĂ©e c’est toujours le chef qui est responsable, la sanction me revient. Le Commandant de la place de TĂ©bessa me met vingt-huit jours d’arrĂȘt de rigueur. Le GĂ©nĂ©ral basĂ© Ă  Constantine rajoute dix jours. Durant cette pĂ©riode, non seulement je dois rester bloquĂ© Ă  la caserne mais je dois aussi perdre ma solde. N’étant pas titulaire du permis de chemin de fer, nĂ©cessaire pour conduire la draisine, je proteste. Au final, je reste quand-mĂȘme confinĂ© Ă  la ferme mais ma solde est maintenue. En rĂ©alitĂ©, ça ne me rapporte rien car je me mets Ă  fumer et je dĂ©pense plus que je ne gagne. AprĂšs ces trente-huit jours d’arrĂȘt de rigueur, avec ma section, je me trouve en bordure de la frontiĂšre tunisienne lorsqu’un collĂšgue libĂ©rable, le soldat Chantrel du secteur de Val-d’IzĂ©, passe de l'autre cĂŽtĂ© et meurt accidentellement. Il est au volant d’une jeep Ă  l’arrĂȘt avec un Adjudant comme passager. Ce dernier ramasse un obus puis il le dĂ©pose Ă  l’arriĂšre de la jeep. Quelques minutes plus tard, en roulant, le projectile explose et les deux occupants perdent la vie. Mon frĂšre "Robert" retourne en AlgĂ©rie quelques mois aprĂšs ĂȘtre rentrĂ© de son service militaire. Il va rejoindre sa fiancĂ©e, une française pied-noir qui vit chez ses parents, Ă  Nazereg-Flinois en Oranie. Robert et Francine Garcia se marient le samedi 26 mars 1960 Ă  sept-cents kilomĂštres de lĂ  oĂč je suis. Je voudrais bien y assister mais la permission m’est refusĂ©e pour cause d’insĂ©curitĂ©. Je passe la visite mĂ©dicale de libĂ©ration le 23 avril 1960. Nous sommes plusieurs copains Ă  regagner la France. Nous embarquons sur le PrĂ©sident Cazalet Ă  BĂŽne le 26 avril. Nous essuyons une forte tempĂȘte et tous les passagers se mettent Ă  l’abri. Sur les tables, il reste des bouteilles que nous vidons Ă  quelques-uns. Nous buvons tellement que lorsque nous dĂ©barquons Ă  Marseille le 27, nous sommes saouls comme des cochons. le 28 avril 1960, je suis de retour aux Cours-Luniaux avec neuf jours de permission libĂ©rable. Les gendarmes passent me voir Ă  deux reprises chez mes parents pour essayer de me recruter mais je refuse. Je suis retournĂ© deux fois quinze jours en AlgĂ©rie, en 2013 et en 2019. Chaque fois, l’accueil a Ă©tĂ© trĂšs chaleureux. [RacontĂ© par Jacques Maleuvre 82 ans – le 24 mars 2020] JM37 35281 Au 59Ăšme rĂ©giment d'artillerie Ă  Thionville, en Moselle Jacques Maleuvre 5Ăšme au second rang avec la promotion du certificat d'aptitude technique de 2Ăšme degrĂ© FĂ©vrier 1959 Jacques Maleuvre en permission chez ses parents aux Cours-Luniaux pose avec son frĂšre Robert qui vient d'ĂȘtre libĂ©rĂ© et pour lequel il ne reste plus qu'Ă  rendre le paquetage AlgĂ©rie En opĂ©ration, Jacques Maleuvre est le 4Ăšme Jacques Maleuvre, prĂšs de la frontiĂšre tunisienne, dans le secteur opĂ©rationnel de TĂ©bessa AlgĂ©rie Jacques Maleuvre Jacques Maleuvre dans la draisine Ă  TĂ©bessa AlgĂ©rie Jacques Maleuvre debout Jacques Maleuvre Ă  gauche avec des gars de sa section, au bassin minier de l'Ouenza Avion surnommĂ© "banane" prĂȘt Ă  dĂ©coller avec les autoritĂ©s venues visiter les mine de l'Ouenza TĂ©bessa Jacques Maleuvre avec sa quille de ses rĂȘves Jeudi 3 juin 2021 PubliĂ© dans le journal Trait d'union CPG-CATM-TOE de dĂ©cembre 2021 1958-1960 – du dimanche 4 mai 1958 au jeudi 25 aoĂ»t 1960 Antoine Rouiller Ayant attrapĂ© la jaunisse, j’ai terminĂ© mon service en France Le 4 mai 1958, je pars de Pouchard avec mon vĂ©lo et je le dĂ©pose chez Alexandre Tessier, Ă  ErcĂ©-en-LamĂ©e, avant de prendre un car de la ligne Drouin qui m’emmĂšne Ă  ChĂąteaubriant. Ensuite, c’est en train que je rejoins Angers. À la gare, plusieurs camions sont rangĂ©s prĂȘts Ă  partir, avec les bleus dont je fais partie, Ă  la caserne Desjardin d’Angers pour subir des examens mĂ©dicaux. Quelques jours passent et je suis transfĂ©rĂ© au 6Ăšme RĂ©giment du GĂ©nie de la caserne Verneau, toujours Ă  Angers. Mes classes s'achĂšvent au bout de quatre mois de prĂ©sence et j'obtiens une permission avant le grand voyage. Le lundi 22 septembre, je dois repartir, et pour longtemps cette fois. Lorsque je me prĂ©sente Ă  la gare SNCF de ChĂąteaubriant, il n'y a plus de train pour Angers. Je vais Ă  la gare routiĂšre et je prends un autocar de ligne rĂ©guliĂšre mais je n'arrive Ă  la caserne qu'Ă  midi. je considĂšre que mon retard reste raisonnable car le dernier militaire n'arrive que le lendemain matin. Jeudi 25 septembre 1958 Ă  17 heures, nous sommes environ deux-mille-huit-cent troufions Ă  embarquer sur le bateau MarĂ©chal Joffre » au port de Marseille. Je suis sur la MĂ©diterranĂ©e le 26, lorsque j'Ă©cris une carte postale que j'adresse Ă  mes parents et ma sƓur. AprĂšs avoir passĂ© trois jours et deux nuits en mer, nous atteignons Philippeville. Le train qui nous prend en charge roule au bord d'un prĂ©cipice. Nous avons la peur au ventre jusqu'Ă  notre arrivĂ©e Ă  Bizot, Ă  vingt kilomĂštres au Nord de Constantine. Nous y restons peu de temps puis nous sommes mutĂ©s Ă  Djidjelli. Nous logeons dans des caves Ă  vin. D’autres dorment sous tente. Je cohabite avec trois gars originaires d'Ille-et-Vilaine RenĂ© Brossaux, d'Arbrissel ; Edouard MĂ©tĂ©reau, fils d'un garde-barriĂšre de RannĂ©e ; RenĂ© Richard, fils d'un garde-barriĂšre de Messac ; Amand Canet, fils d'un boucher de DingĂ©. Je reviens plusieurs fois au 65Ăšme bataillon de Bizot pour suivre des cours de conduite. Le 17 janvier 1959, j’obtiens mes permis VL et PL. Je suis dĂ©signĂ© pour conduire des GMC et des half-tracks. Entre-temps, je monte des gardes. Nous sommes souvent deux chauffeurs de camions pour conduire une quarantaine de soldats, Ă©quipĂ©s de pelles et de pioches, dans des endroits perdus en montagne. Ces soldats sont employĂ©s Ă  faire du terrassement pour la construction d’une piste. Un jour, nous partons de Djidjelli en formant un convoi. Nous longeons les gorges de Kherrata. Tout Ă  coup, nous trouvons un camion-grue en travers de la chaussĂ©e. Il remonte une automitrailleuse tombĂ©e au fond du ravin profond d’environ une centaine de mĂštres. Nous restons bloquĂ©s pendant plusieurs heures. Sur une paroi de la falaise, face Ă  nous, nous remarquons d’énormes dessins ayant Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, au marteau et au burin, par des condamnĂ©s Ă  morts suspendus dans le vide au bout d’une corde accrochĂ©e en haut de la falaise. Selon les dires, lorsque les dessins Ă©taient terminĂ©s, des soldats tiraient une balle dans la corde et les condamnĂ©s tombaient au fond du ravin. Une nuit, du poste oĂč je me trouve, je distingue une lumiĂšre Ă  seulement une vingtaine de mĂštres de moi. Sans trop rĂ©flĂ©chir, j’imagine que des fells rodent dans le secteur et je crie Haut les mains ! ». En rĂ©alitĂ©, c’est une patrouille de nuit. En septembre 1959, aprĂšs un an de prĂ©sence sur le sol algĂ©rien, j’obtiens une permission. En montant sur le bateau Ville de Marseille », je pense aux douze soldats d’un rĂ©giment stationnĂ© prĂšs du notre qui, venant d’avoir la quille, sont tombĂ©s en embuscade Ă  El Harrouch, il y a quelques semaines, alors qu’ils se rendaient au port oĂč ils devaient embarquer pour la France. Aucun d’eux n’a survĂ©cu. Peu aprĂšs ĂȘtre revenu en AlgĂ©rie, j’attrape la jaunisse. On me conduit Ă  l’hĂŽpital de Philippeville et un vieux colonel me donne une seconde perme et je rentre Ă  nouveau en France. Je prends le bateau Ă  Philippeville le 8 janvier 1960 et le lendemain je suis Ă  Marseille. De retour Ă  Pouchard, je passe un mois en convalescence chez mes parents. Quand ma permission arrive Ă  son terme, je dĂ©cide d’aller me faire ausculter Ă  l’hĂŽpital militaire Ambroise ParĂ©, Ă  Rennes. On m’envoie Ă  la caserne du Colombier oĂč je trouve une quinzaine de gars qui, comme moi, n’ont pas envie de repartir en AlgĂ©rie. Au bout de quinze jours, on me propose de poursuivre mon service en France et on me demande si j’ai des prĂ©fĂ©rences. J’indique que j’aimerai bien aller au camp de CoĂ«tquidan oĂč EugĂšne Chevrel, mon futur beau-frĂšre, fait son service militaire. Comme lui, je pourrai rentrer Ă  la Bosse Ă  vĂ©lo le week-end. Ma demande n’est pas retenue. Je suis renvoyĂ© Ă  la caserne Verneau d’Angers, lĂ  oĂč j’ai fait mes classes. N’ayant pas grand-chose Ă  glander, je passe pas mal de temps aux cuisines et je mange tout ce que je veux. Au bout de quelques temps, on m’attribue un camion et j’emmĂšne des militaires en manƓuvre. Je conduis aussi le camion assurant la collecte des ordures mĂ©nagĂšres dans les casernes Verneau et Desjardin. On me met deux taulards pour charger les poubelles dans le camion. Je suis libĂ©rĂ© le 25 aoĂ»t 1960. [RacontĂ© par Antoine Rouiller 81 ans – le 7 septembre 2019] AR38 35012 ***** J’ai deux souvenirs du dimanche 4 mai 1958 Le dĂ©part Ă  l’armĂ©e d’Antoine que je frĂ©quentais depuis quelques mois. La naissance de ma filleule Brigitte Hurel, la jeune des filles de Germaine, ma sƓur aĂźnĂ©e. [Yvette Rouiller 84 ans Ă©pouse d’Antoine – le 24 septembre 2019] YR35 35012 ***** Je me souviens trĂšs bien d’Antoine. J’ai cohabitĂ© avec lui Ă  Gastonville, Ă  Taher, Ă  Bouktoub, Ă  Strasbourg, Ă  Bounoghra et Ă  Djimar, des petits villages situĂ©s en Kabylie, aux alentours de Djidjelli. Nous Ă©tions employĂ©s Ă  faire des passages busĂ©s et des canalisations sur les routes. Antoine s’occupait de la bĂ©tonniĂšre. Nous rĂ©alisions aussi des gabions avec des coffres en grillage que nous remplissions de cailloux. Une fois, nous sommes tombĂ©s en embuscade entre Djimar et Abdelaziz. La Coloniale et les paras qui Ă©taient avec nous ont capturĂ© cinq fellaghas. Ils les ont enfermĂ©s dans une cave Ă  pinard. Quand ils en sont ressortis, ils Ă©taient gelĂ©s. Au rĂ©veillon de NoĂ«l 1959, nous avons bu un bouteillon de vin chaud en mettant des morceaux d’orange dedans. Nous disions que c’était pour chasser la grippe. Nous avons souvent eu l’occasion de boire des bolĂ©es ensemble dans les caves Ă  pinard de Djimar. Il y avait du bon rosĂ© et ça nous est arrivĂ© plusieurs fois de rentrer bourrĂ©s le soir. S’apercevant que des quantitĂ©s importantes de vin disparaissaient, le colon avait portĂ© plainte. Les gendarmes Ă©taient venus et ils s'Ă©taient moquĂ©s de lui. [Edouard MĂ©tĂ©reau 82 ans – le 4 novembre 2019] EM37 35051 ***** En AlgĂ©rie, j’étais avec Antoine Ă  Kemekem, Ă  Bizot, Ă  Djidjelli, Ă  Strasbourg, Ă  Gastonville, Ă  Borgseline, Ă  Philippeville
 Parmi les autres copains il y avait Michel Festoc de Saint-MĂ©dard-sur-Ille, Le Jossec du FinistĂšre, Charpentier, Ledigabel, QuĂ©briac, Texier de Noirmoutier, Jean-Marie Baland des Landes, Joseph MacĂ© de Fief-Sauvin, Leny, Pereaudin, Faure, Primot de Paris, Porte, Stuzman, RiviĂšre sergent-chef, David sergent, de FougĂšres. Le 14 juillet 1959, j’accompagnais le groupe qui se baignait en mer Ă  Philippeville. J’étais restĂ© sur la plage pour garder les mitraillettes. Plusieurs fois, les jours de repos, nous sommes allĂ©s Ă  la chasse au sanglier avec notre fusil MAS 36. Pour que l’animal reçoive un maximum d’impacts, nous avions sciĂ© le bout des cartouches. Lorsque nous avons fait le terrassement des pistes sur la campagne de Bizot, des musulmans nous ont aidĂ©. J’étais Cabot-chef et c’est moi qui leur distribuais la paie en fin de mois. SystĂ©matiquement, les nuits suivantes, des individus n’ayant pas participĂ© aux travaux rodaient dans le secteur pour essayer de dĂ©rober l’argent de ceux qui l’avaient gagnĂ©. [Amand Canet 82 ans – le 3 dĂ©cembre 2019] AC36 35094 EtĂ© 1958, Ă  Angers Antoine Rouiller, Ă  droite Pendant une permission Claude Gasnier du Sel, Antoine Rouiller et sa fiancĂ©e Yvette Chevrel. photo probablement prise chez Pascal et Lucienne Marsollier, Ă  La BellandiĂšre, oĂč Yvette assure quelques services [AR38] 26 octobre 1958 – Treize bretons Ă  Strasbourg, en AlgĂ©rie 1 RenĂ© Richard de Messac, 2 Edouard MĂ©tĂ©reau de RannĂ©e, 3 X Ledigabel du FinistĂšre, 4 X Le Jossec, 5 Daniel 

 du Morbihan, 6 Antoine Rouiller de La Bosse, 7 xxxx, 8 Jean-Marie BommĂ© de RougĂ©, 9 RenĂ© Brossaux d’Arbrissel, 10 xxxx, 11 Amand Canet de DingĂ© ; 12 Jean-Marie Prigent de Landivisiau, 13 X Rigeard Nantais. ​​​​​​​ Printemps 1959, Ă  Bouktoub Antoine Rouiller s'occupe de la bĂ©tonniĂšre. Jean Bapaknic un polonais est Ă  sa gauche. [EM37] En AlgĂ©rie 1 xxxx, 2 Antoine Rouiller, 3 X RĂ©gnault Mardi 14 juillet 1959 Ă  Philippeville X Canut de Marseille, X Porquet de Caen, Antoine Rouiller de La Bosse. En AlgĂ©rie RenĂ© Richard arrosant le sanglier qu'Antoine Rouiller a Ă©crasĂ© avec son camion. PrĂ©sents aussi ThĂ©ophile Brossaux et X Porquet. En AlgĂ©rie Antoine Rouiller, au volant d'une jeep En AlgĂ©rie Antoine Rouiller 1958-1961 – du mercredi 3 septembre 1958 au jeudi 5 janvier 1961 Contingent 58/2A Jean Hamon Le jour de mon incorporation, nous sommes trois frĂšres sous les drapeaux Je quitte les Cours-Luniaux, en La Bosse-de-Bretagne, le 3 septembre 1958 pour aller servir dans le 5Ăšme RĂ©giment d’Infanterie, au camp de Meucon. Dans quelques jours, mon frĂšre RenĂ© va rentrer de son service militaire qu’il effectue au Maroc. Mon frĂšre Henri fait le sien en Tunisie. Ma formation de base en tant que jeune recrutĂ© dans l’armĂ©e se dĂ©roule dans un rĂ©giment disciplinaire oĂč il faut faire beaucoup de marche et de parcours du combattant. Pendant mes quatre mois de prĂ©sence Ă  Meucon, j’obtiens deux permissions dont une de huit jours au moment oĂč je termine mes classes. Je pars pour l’AlgĂ©rie le 2 janvier 1959. Je prends le car des transports De Saint-HĂ©nis au bourg de La Bosse, Ă  l’arrĂȘt situĂ© devant le cafĂ©-Ă©picerie de Robert Hugues, prĂšs de la pompe Ă  essence. Rendu Ă  Rennes, je prends le train pour Paris, puis destination Marseille. J’embarque le 13 janvier sur le bateau El-Djazair » et, arrivĂ© Ă  Alger le 14, tous les soldats de ma section s’entassent dans des camions et nous sommes conduits dans une ferme, en haut du col de Ben Chicao. Le poste de commandement est Ă  Bradza. Je suis opĂ©rationnel le 15 janvier dans la 3Ăšme section du 504Ăšme Bataillon du train. À peine arrivĂ©, je pars trois mois Ă  Boghari pour faire stage commando. Ensuite, je suis mis en rĂ©serve Ă  seulement une dizaine de kilomĂštres, sur la commune de Boghar situĂ©e dans les Monts de l’Ouarsenis. Lorsque mon stage est terminĂ©, je reviens Ă  Boghari. Je monte des gardes de temps en temps mais je m’en vais surtout en opĂ©ration dans le djebel de Mongormo ou dans les gorges de Chiffa. Nous sommes hĂ©liportĂ©s sur des pitons et nous devons sauter du Sirkorsky. La nuit, nous partons, Ă  une dizaine d'hommes, Ă  pied avec la mitraillette au poing et le sac sur le dos. Nous avons pour mission de repĂ©rer les endroits oĂč il y a des rebelles. Nous encerclons des mechtas. Quand nous sommes en embuscade, je tire des fusĂ©es. Le 28 aoĂ»t 1959, jour de mes 21 ans, au cours d’une opĂ©ration improvisĂ©e dans le secteur de Bei Royat, le lieutenant me dit Lance des patates ». Je suis Ă  plat ventre sur un talus et j’actionne mon lance-grenades. La riposte est immĂ©diate. Mon copain Roger Letertre originaire de Clisson me prend par les pieds et m’attire avec lui au fond du fossĂ©. Son geste me sauve la vie. Je n’ai jamais pensĂ© autant Ă  ma mĂšre que ce jour lĂ . En dĂ©but d’annĂ©e 1960, je rentre en permission dans ma famille que je n’ai pas revue depuis un an. Pendant la semaine des barricades du 24 janvier au 1er fĂ©vrier 1960, je monte la garde dans les rue d’Alger avec un lĂ©gionnaire originaire de Brest. Nous faisons des escortes Ă  pied pour permettre Ă  des arabes civils de pouvoir rentrer Ă  leur domicile. Le 27 janvier 1961, aprĂšs avoir passĂ© vingt-quatre mois en AlgĂ©rie, je suis libĂ©rĂ©. Je rentre en France avec le Ville d’Oran » le 28 janvier avec une permission libĂ©rable et je suis rayĂ© des contrĂŽles du corps le 5 janvier 1961. [RacontĂ© par Jean Hamon 80 ans – le 16 aoĂ»t 2019] JH38 35051 ***** Jean et moi, nous nous sommes connus en 1958, un peu avant son dĂ©part Ă  l’armĂ©e. Domestique dans la ferme voisine Ă  celle de mes parents, il avait 20 ans et j’en avais 15 et demi. Nous avons correspondu pendant ses vingt-huit mois de service militaire et, le 4 juillet 1962 la veille de l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie, nous nous sommes mariĂ©s. Nous avons habitĂ© au 30 rue Lobineau, Ă  Rennes jusqu'en 1965 et Ă  Fouillard ensuite. En 1971, nous sommes revenus Ă  La Gravelle en Cesson, le village de nos premiers amours, et nous y sommes toujours. Je suis allĂ©e pour la premiĂšre fois chez ses parents, Ă  La Bosse, juste aprĂšs son retour d’AlgĂ©rie. J’ai pris la ligne des Autocars Drouin pour aller Ă  PolignĂ© et mon vĂ©lo voyageait sur la galerie. Jean n’était pas Ă  m'attendre lorsque je suis descendue du car si bien que j’ai cru qu’il m’avait posĂ© un lapin. Quelques minutes plus tard, il est arrivĂ© avec son vĂ©lo, lui aussi. Ensuite, nous avons pĂ©dalĂ© en direction des Cours-Luniaux. [Simone Hamon 76 ans Ă©pouse de Jean – le 12 septembre 2019] SH43 35051 DĂ©but de l'Ă©tĂ© 1959 Jean Hamon avec le fusil mitrailleur, dans le djebel Mongorno EtĂ© 1959 Jean Hamon avec le pistolet mitrailleur, dans le djebel Mongorno EtĂ© 1959 Jean Hamon torse nu devant l'hĂ©lico, avec Roger Le tertre Ă  sa gauche EtĂ© 1959 Jean Hamon avec le poste radio, dans un mirador Ă  Mongorno AoĂ»t 1959 Jean Hamon, de corvĂ©e de cuisine Ă  la roulante, aux environs de Bei Royay Printemps 1960 Jean Hamon devant l'hĂŽpital de MĂ©dĂ©a, aprĂšs quelques jours d'hospitalisation Printemps 1960 Roger Letertre et Jean Hamon avec la roulante, Ă  Boghar 1959-1961 – du mardi 3 fĂ©vrier 1959 au vendredi 12 mai 1961 Contingent 59/1 Bernard Aulnette J'ai fait retarder un double mariage Il y a soixante ans aujourd’hui, le mardi 3 fĂ©vrier 1959, je quittais mon village natal et le lendemain j’étais incorporĂ© pour le service militaire obligatoire. J’avais une annĂ©e de retard par rapport Ă  mon contingent car lorsque je suis passĂ© au conseil de rĂ©vision, mon poids Ă©tait infĂ©rieur Ă  50 kg. Je suis affectĂ© dans l’armĂ©e de l’air, Ă  la base aĂ©rienne 103 d’Epinoy situĂ©e dans le Pas-de-Calais, Ă  dix km de Cambrai. Durant mes trois mois de classes, j'obtiens deux permissions dont la derniĂšre juste avant mon dĂ©part pour la guerre d’AlgĂ©rie. Nous sommes une trentaine Ă  rentrer pour quelques jours en Bretagne et nous devons ĂȘtre de retour lundi 24 avril Ă  7h00, ce qui nous oblige Ă  repartir de chez nous dĂšs dimanche midi. Comme ça ne convient Ă  personne, nous nous faisons le mot puis nous reprenons le train seulement dans la soirĂ©e, si bien que nous n'arrivons Ă  la caserne qu’à 11h00. L’Adjudant de discipline nous attend de pied ferme au poste de garde. Nous avons fait une bĂȘtise mais nous sommes Ă  Cambrai
 Le dĂ©part pour l’AlgĂ©rie programmĂ© demain nous Ă©vite de faire de la tĂŽle mais l’Adjudant nous emmĂšne chez le coiffeur et nous en ressortons avec la boule Ă  zĂ©ro. Le 26 avril, nous quittons dĂ©finitivement la base pour rejoindre Marseille oĂč il nous faut attendre deux jours dans une caserne de transit avant d’avoir un bateau. Enfin, embarquĂ©s Ă  bord du Sidi Bel AbbĂšs, le 30 avril nous posons les pieds sur le sol algĂ©rien, au port d’Oran. La coupe de cheveux des bleus que nous sommes amuse les soldats expĂ©rimentĂ©s qui nous accueillent. Pour nous dĂ©douaner, nous disons qu’une canicule nous a Ă©tĂ© annoncĂ©e
 Quelques jours plus tard, nous sommes conduits Ă  Thiersville, dix-huit kilomĂštres au sud de Mascara, en direction de SaĂŻda. Au cours de l'Ă©tĂ©, nous sommes un petit groupe Ă  nous relayer et nous montons la garde dans les champs cĂ©rĂ©aliers pendant la moisson pour faire en sorte que les fellaghas ne puissent venir mettre le feu au matĂ©riel. Les parcelles sont trĂšs Ă©tendues mais les sols sont pierreux et les rendements peu abondants. Pour les colons qui exploitent ces terres, notre prĂ©sence est prĂ©cieuse. Toutefois nous n'avons aucune considĂ©ration. Il ne leur viendrait pas Ă  l'idĂ©e de nous donner la moindre pratique, pas mĂȘme une boisson. Fin aoĂ»t 1959, le GĂ©nĂ©ral de Gaulle effectue une tournĂ©e d'inspection des zones d'opĂ©rations en AlgĂ©rie la tournĂ©e des popotes. Le jeudi 27 aoĂ»t, il est de passage Ă  Thiersville et je fais partie de ceux qui sont dĂ©signĂ©s pour lui prĂ©senter les armes. À la mi-septembre, je devais avoir une permission pour le mariage de ma sƓur Madeleine avec RĂ©my Tessier prĂ©vu le 19 septembre. Elle est refusĂ©e car elle coĂŻncide avec la date de ma nouvelle affectation Ă  la base aĂ©rienne 141 de la SĂ©nia, en pĂ©riphĂ©rie de la ville d’Oran. Madeleine et RĂ©my, apprennent la nouvelle au moment oĂč les invitations sont sur le point d'ĂȘtre imprimĂ©es. Ils s’empressent de contacter la mairie, le presbytĂšre, le restaurant
, afin de voir si un report peut ĂȘtre envisagĂ©. Ce n’est pas simple car il s’agit d’un double mariage. Il faut aussi l'accord d'Alice la sƓur de RĂ©my et de son fiancĂ© Bernard Pichard. Heureusement, chacun fait preuve de bonne volontĂ© et l'union de Madeleine et RĂ©my est repoussĂ©e au 22 octobre. Cette fois, on me laisse partir et j'ai le bonheur de pouvoir assister au mariage de ma sƓur. Pour ĂȘtre sĂ»r d’arriver Ă  temps, je prends l’avion Ă  Oran et j'atterris Ă  Toulouse-Blagnac. Quand je reviens Ă  la base, je suis toujours affectĂ© Ă  la section de protection. Je fais des patrouilles, armĂ© d’un pistolet mitrailleur MAT 49, mais je ne vais jamais au combat. Je monte la garde un jour sur trois deux heures de garde et quatre heures de pause, en rotation sur 24 heures. Le 2Ăšme jour je suis en repos et le 3Ăšme en alerte. Le jeudi 14 juillet 1960, je dĂ©file Ă  Oran. Tous ceux qui, comme moi, servent dans l'ArmĂ©e de l'air, sont amenĂ©s en autocar depuis la base aĂ©rienne de La SĂ©nia. Les soldats appartenant Ă  d'autres rĂ©giment arrivent en camion. Le 1er aoĂ»t 1960, je deviens Sous-chef. Quelques jours plus tard, j'obtiens une deuxiĂšme et derniĂšre permission d’une vingtaine de jours avec un dĂ©barquement Ă  Port-Vendres. À mon retour Ă  la caserne, je suis nommĂ© 1Ăšre classe. Je ne monte plus la garde sur le terrain mais je travaille dans un bureau. J’ai pour mission de rĂ©veiller les copains et d’assurer le bon fonctionnement du service. Il m’arrive aussi de partir en mission en tant que volontaire, pour escorter des camions GMC dans des convois exceptionnels dirigĂ©s sur Colomb-BĂ©char, Blida ou Tlemcen. Une fois, dans un de ces convois, un de mes potes tire par mĂ©garde sur un troupeau de montons. Nous Ă©vitons la riposte de justesse. Ma mĂšre m'adresse un courrier dans lequel elle m'annonce qu'ArsĂšne et Madeleine Aulnette voisins abandonnerons leur ferme de La Touche Ă  la Saint Michel de l'annĂ©e prochaine et qu'ils s'installeront dans une plus grande Ă  MartignĂ©-Ferchaud. IntĂ©ressĂ©s par la reprise de leurs terres, mes parents m'interrogent afin de savoir si j'ai l'intention de leur succĂ©der le jour oĂč ils atteindront l'Ăąge de la retraite. Je ne leur laisse aucun espoir mais ils saisissent quand-mĂȘme l'occasion. Ils exploiteront le double de la superficie actuelle durant les neuf derniĂšres annĂ©es de leur vie active. À Oran, j’ai le plaisir de rencontrer Robert Drouin et Michel Desbois, deux gars de La Bosse. Mais le soldat avec lequel je passe le plus de temps Ă  l'armĂ©e, c’est Jean Bricaud, de La Dominelais. Depuis le dĂ©but de notre service militaire, nous frĂ©quentons les mĂȘmes bases aĂ©riennes. ExemptĂ© de port d’arme, Jean travaille Ă  l’entretien. Il ravitaille les avions en carburant et, de temps Ă  autre, il assure le poste de vaguemestre. Il arrive mĂȘme qu'il me conduise chez le dentiste Ă  Mascara. Le lundi 16 janvier 1961, je rĂ©ussi mon examen de permis de conduire pour moto, voiture lĂ©gĂšre, poids lourd et transport en commun. Comme ça Ă©tĂ© le cas pour les leçons de conduite, je le passe sur mon temps de repos, Ă  Oran, dans une auto-Ă©cole dont le patron est arabe. Il n'est pas financĂ© par l'armĂ©e mais avec de l'argent qui m'a Ă©tĂ© envoyĂ© par mes parents. C’est Ă  La SĂ©nia que j’obtiens la quille mais, une semaine avant, je ne sais toujours pas si je vais partir. Le putsch d’Alger du 21 avril, dirigĂ© par les quatre gĂ©nĂ©raux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller qui tentent de renverser le gouvernement du GĂ©nĂ©ral de Gaulle me met dans l’incertitude. Le 1er mai 1961, je quitte une AlgĂ©rie encore française et toujours dĂ©chirĂ©e par la guerre. Je reprends le bateau Ă  Oran pour une derniĂšre traversĂ©e de vingt-cinq heures avant de dĂ©barquer Ă  Marseille. Je monte dans le train pour Paris et ensuite pour Rennes oĂč j'arrive le mercredi 3 mai Ă  midi. Par le plus grand des hasards, je croise mon cousin Alfred Guibert en sortant de la gare. Alfred 18 ans propose de me prĂȘter sa mobylette. Evidemment j’accepte. Mon baluchon installĂ© sur le porte-bagages et aprĂšs avoir dit merci Ă  mon cousin, je monte sur sa bĂ©cane. Rendu au Pont de Nantes, je prends la direction de Bain-de-Bretagne et quinze kilomĂštres plus loin, aprĂšs les virages de Bout-de-Lande commune de LaillĂ©, je m'endors au guidon de la mobylette qui vient de m’ĂȘtre prĂȘtĂ©e. L’accident est fatal. RetrouvĂ© au fossĂ©, je suis secouru par les exploitants de la ferme situĂ©e juste en face – Onze ans plus tard, ces braves gens deviennent les beaux-parents de mon frĂšre RenĂ©. LĂ  encore, le hasard veut que le portillon d’entrĂ©e de la propriĂ©tĂ© oĂč RenĂ© et Monique habitent depuis 1980 se trouve Ă  l’endroit oĂč j’ai perdu connaissance – Je me rĂ©veille au CHU de Pontchaillou, Ă  Rennes, alors que je suis attendu Ă  La Touche en La Bosse. Pendant neuf jours, ma quille reste pendue Ă  la tĂȘte de mon lit d’hĂŽpital. Je ne rentre Ă  la maison que le vendredi 12 mai 1961. Je suis retournĂ© une fois Ă  la caserne de Cambrai, fermĂ©e depuis 2013, mais jamais je n’ai remis les pieds en AlgĂ©rie. Un jour peut-ĂȘtre ? Quant Ă  Jean Bricaud, nous sommes toujours restĂ©s copains ! [RacontĂ© par Bernard Aulnette 81 ans – le 3 fĂ©vrier 2019] BA38 35066 ***** Bernard, je l’appelais le grand frĂšre ! Nous nous sommes reconnus sur le quai de la gare de Rennes le jour de notre dĂ©part, suite Ă  une rencontre lors d'une manifestation organisĂ©e par la JAC peu de temps avant. OĂč vas-tu À Cambrai », et toi À Cambrai ». Nous avons pris le train ensemble et, rendus Ă  Montparnasse, un cousin, conducteur de taxi, m'attendait pour m'emmener Ă  la gare du Nord. Bernard en a bĂ©nĂ©ficiĂ©. A Cambrai Nous Ă©tions six dans la mĂȘme piaule Deffains, LeprĂȘtre, Aulnette, Bricaud, Billy et Kervennic. Le gentil Billy ne venait jamais boire un coup avec nous car il possĂ©dait peu d’argent, ce qui ne l’empĂȘcha pas de se faire voler 1000 francs anciens dans son placard. PrĂ©venu, le lieutenant rentra dans notre chambre, accompagnĂ© du sergent Abdala et du caporal HĂ©bert. Le capitaine Guine vint aussi mais il resta Ă  la porte. Nous avons tous Ă©tĂ© fouillĂ©s. J’avais une trouille terrible en imaginant qu’un camarade avait dĂ©posĂ© le magot dans mon placard et que j’aurai Ă©tĂ© jugĂ© responsable. Le caporal trouva le pactole dans la poche de Kervennic, un bel homme Ă  moustache pourtant gentil lui aussi
 Ce jour-lĂ  nous avons compris que nous devions nous mĂ©fier de tout, y compris des bons copains. AprĂšs le dĂ©part des gradĂ©s, Bernard m’avait dit Un moment j’ai cru que c’était toi, tellement tu transpirais ». En AlgĂ©rie J’ai Ă©tĂ© affectĂ© au garage parce que j’avais mon permis de conduire. Bernard Ă©tait Ă  la protection. Quand nous Ă©tions tous deux en repos, nous allions souvent ensemble Ă  la plage ou au cinĂ©ma. Il lui est arrivĂ© aussi de venir avec moi emporter des messages quand j’étais courtier. Le danger Ă©tait permanent. Une fois, avec le sergent, en arrivant Ă  la Poste de Mascara, nous avons appris qu’une embuscade venait d’avoir lieu Ă  Froha, oĂč nous Ă©tions passĂ©s quelques minutes plus tĂŽt. Cinq fellaghas avaient tirĂ© sur un camion de la LĂ©gion avant d’aller se rĂ©fugier dans une mechta. La LĂ©gion riposta en appelant un rĂ©giment de chasseurs en renfort, parmi lesquels il y avait un maĂźtre-chien français. Ce dernier fut tuĂ© dans l’attaque, tout comme les cinq RĂ©sistants. Je me souviens avoir croisĂ© le Colonel Bigeard Ă  Thiersville. Il Ă©tait venu remercier des aviateurs qui l'avaient sauvĂ© lors d'une embuscade. En cadeau, il leur a remis l'arme qui aurait pu lui faire perdre la vie. [RacontĂ© par Jean Bricaud 81 ans – le 7 fĂ©vrier 2019] JB37 35098 ***** Un dimanche de juillet 1960, les parents Bricaud invitent la famille Aulnette Ă  venir leur rendre visite Ă  La Dominelais. C’est RĂ©my, le beau-frĂšre, qui nous y a conduits avec la Peugeot 203 camionnette bĂąchĂ©e de son pĂšre. Nous sommes assis Ă  l’arriĂšre, sur des bancs installĂ©s de chaque cĂŽtĂ©. Dans les virages, nous devons nous agripper Ă  la ridelle
 Rendus chez Jean-Marie et Marie Bricaud, la discussion est essentiellement axĂ©e sur la vie de Jean et de Bernard, nos deux soldats basĂ©s en AlgĂ©rie. AprĂšs avoir pris le dessert et goĂ»tĂ© les confitures de groseilles, Jean-Marie et Marie puis Marie-Madeleine et Annick les deux sƓurs de Jean nous emmĂšnent voir un spectacle de moto-cross disputĂ© tout prĂšs de chez eux. [Joseph Aulnette, frĂšre de Bernard – le 7 fĂ©vrier 2019] JA49 35235 ***** Et oui, c’est vrai que j’ai passĂ© du bon temps avec Bernard et Jean Ă  Cambrai. Nous avions le mĂȘme capitaine et le mĂȘme sergent mais je ne me souviens plus de leur nom. Par compte, je n’ai pas oubliĂ© ce 24 avril oĂč nous avons tous eu la boule Ă  zĂ©ro. Des fois on dit que les jeunes sont dĂ©sobĂ©issants mais, Ă  leur Ăąge, ça nous est arrivĂ© de l’ĂȘtre aussi
 Bernard et Jean, je les ai perdus de vue Ă  la fin des classes. Comme eux, je suis parti de Marseille pour rejoindre Oran mais nous n’étions pas sur le mĂȘme bateau. J’ai embarquĂ© sur le paquebot Kairouan. Rendu en AlgĂ©rie, j’ai eu une 1Ăšre affectation Ă  Tlemcen oĂč je suis restĂ© quinze mois. Les neuf derniers mois j’étais Ă  Djelfa. Nous nous sommes retrouvĂ©s il y a sept ou huit ans et depuis nous nous invitons chaque annĂ©e. [RenĂ© Deffains 80 ans – le 16 fĂ©vrier 2019] RD38 35091 ***** Le mercredi 3 mai 1961, Bernard ne s’est pas endormi comme il le prĂ©tend, en passant devant la maison de mes parents. Avec sa valise sur le porte-bagages de sa mobylette, il a Ă©tĂ© dĂ©sĂ©quilibrĂ© en levant le bras Ă  Huguette employĂ©e chez les voisins qui se trouvait sur le pas de la porte avec Maman et moi-mĂȘme. J’avais 13 ans mais, aujourd’hui encore, je me souviens trĂšs bien avoir vu Bernard zigzaguer sur la route avant de finir sa course dans le fossĂ©, Ă  cĂŽtĂ© de la fontaine. AprĂšs l'avoir fait entrer Ă  la maison, Maman l’a invitĂ© Ă  s’asseoir sur une chaise prĂšs de la gaziniĂšre et, pour l’aider Ă  reprendre conscience, elle lui a donnĂ© un sucre imbibĂ© d’eau de vie. [Marie-Anne Morvan 71 ans – le 17 janvier 2020] MAM48 35124 ***** Ma valise a Ă©tĂ© fabriquĂ©e par Roger Paris, le menuisier de La Bosse. J’ai dĂ» la rĂ©clamer tous les jours pendant la semaine prĂ©cĂ©dant mon incorporation. À chaque fois, Roger me disait Elle sera prĂȘte demain ! » Je ne l’ai rĂ©cupĂ©rĂ©e que la veille de mon dĂ©part. Elle m’a Ă©tĂ© bien utile cette valise en bois. Elle m’a souvent servi de tabouret que ce soit dans les gares, dans les trains, sur les ports ou sur les bateaux. Elle m’a aussi jouĂ© un mauvais tour. Si je me rĂ©fĂšre aux propos de Marie-Anne voir ci-dessus, je constate qu’elle est responsable de l’accident qui m’a valu neuf jours d’hospitalisation, Ă  mon retour d’AlgĂ©rie. [Bernard Aulnette – le 17 janvier 2020] BA38 35066 ***** J'ai fais mes classes Ă  la base aĂ©rienne de Cambrai en mĂȘme temps que Bernard mais, bizarrement, je ne me souviens pas de lui. Il raconte qu'une trentaine de gars s'Ă©taient retrouvĂ©s avec la boule Ă  zĂ©ro parce qu'ils Ă©taient rentrĂ©s de permission en retard. Ça, je m'en souviens car je faisais partie du lot. Lorsque nous avons dĂ©butĂ© notre formation, le Sergent de notre section un Corse avait dit Si vous marchez en vous tenant correctement, je ne vous embĂȘterais pas ». C'est vrai que nous n'avons pas Ă©tĂ© trop malmenĂ©s. J'avais mon permis VL avant l'armĂ©e et j'ai passĂ© le poids lourd Ă  Cambrai si bien qu'en arrivant en AlgĂ©rie, on m'a affectĂ© un camion. [Joseph Poulain 81 ans – le 14 dĂ©cembre 2020] JP39 35125 EtĂ© 1959, Ă  Thiersville Bernard Aulnette, Ă  droite, avec ses copains lors d'une soirĂ©e de dĂ©guisement 1960 Jean Bricaud et Bernard Aulnette, Ă  la base aĂ©rienne de La SĂ©nia 1960 Bernard Aulnette, devant un T6, Ă  la base aĂ©rienne de la SĂ©nia 1960 Robert Drouin et Bernard Aulnette se rencontrent Ă  Oran. 1960 Bernard Aulnette et Robert Drouin 1960 Bernard Aulnette derriĂšre celui qui est assis sur la ridelle du GMC en convoi prĂšs de Colomb-BĂ©char 1960 Bernard Aulnette avec un casque en convoi prĂšs de Colomb-BĂ©char 1961 Bernard Aulnette, Ă  la base aĂ©rienne de La SĂ©nia 1961 Bernard Aulnette Ă  l'avant dernier rang, en calot. PrĂšs de lui, Pierre Legavre de Saint-GrĂ©goire avec la section de protection, peu avant la quille 1959-1961 – du dĂ©but avril 1959 Ă  fin juin 1961 Claude SavourĂ© J'apprends Ă  nager avec une chambre Ă  air Au printemps 1959, je pars au service militaire aprĂšs avoir Ă©tĂ© ajournĂ© d’une annĂ©e pour cause de poids insuffisant. Je suis incorporĂ© dans la Cavalerie Ă  Saumur. Dans la caserne oĂč je suis, je ne fais pas seulement mes classes mais c'est lĂ  que j'ai une affectation ensuite. Je ne demande pas Ă  partir, dans l’unitĂ© oĂč je suis l’esprit est plutĂŽt bon enfant. Comme je reste Ă  l’école de cavalerie pour une durĂ©e non dĂ©terminĂ©e, on veut m’attribuer un travail. On me propose un poste de chauffeur et ça ne m’emballe absolument pas. J’ai mon permis civil mais je ne le dis pas. Je fais une formation avant de passer l’examen et, dĂšs que je deviens titulaire du permis militaire, j’intĂšgre l’équipe de conducteurs. J’emmĂšne rĂ©guliĂšrement des ElĂšves Officiers de RĂ©serve EOR au camp militaire du Ruchard Indre-et-Loire oĂč ils vont s’entraĂźner pour pratiquer le tir Ă  l’arme lĂ©gĂšre. Je rentre assez souvent en permission Ă  La Bosse et la plupart du temps, je fais le trajet en stop. Une fois, ce sont des forains qui me ramĂšne avec leur camionnette Ă  Bain-de-Bretagne. Pour le retour, je prends toujours le train pour ĂȘtre certain d’arriver Ă  l’heure. Par deux fois, c’est un militaire effectuant son service dans le mĂȘme rĂ©giment que moi mais dans un autre bataillon qui me ramĂšne en moto Ă  l’école de cavalerie. En arrivant, il se permet de remplir le rĂ©servoir de sa bĂ©cane Ă  la pompe Ă  essence de la caserne. C’est seulement au bout de quatorze mois de prĂ©sence Ă  la Cavalerie de Saumur, que je suis envoyĂ© en AlgĂ©rie. Je prends le train pour me rendre Ă  Marseille et j’embarque sur un bateau. Le lendemain, je suis au port d’Alger. Nous sommes nombreux Ă  ĂȘtre emmenĂ©s en camion au 6Ăšme RĂ©giment de Cuirassiers basĂ© Ă  AĂŻn-M’lila, dans le Constantinois. J’y reste quelques mois et, ensuite, la plupart d’entre nous sont mutĂ©s Ă  ChĂąteaudun du Rhumel avant d’ĂȘtre dispatchĂ©s par groupes de trois ou quatre dans les fermes environnantes. Je me retrouve avec AndrĂ© Horvais, un de mes meilleurs copains. Il est originaire de DingĂ©. Nous obĂ©issons aux ordres du brigadier-chef Cherouvrier, un engagĂ© qui vit Ă  la caserne avec son Ă©pouse et ses enfants. Ils habitent dans logement indĂ©pendant. La nuit, nous nous relayons Ă  quelques-uns pour monter la garde dans un mirador, chez un colon fortunĂ© qui possĂšde une trĂšs grande exploitation. Pendant les pauses, nous dormons sur des lits de camp mis Ă  notre disposition dans une petite piĂšce situĂ©e en bas du mirador. Dans la journĂ©e, nous avons pour mission de surveiller les bougnoules employĂ©s sur la ferme. Bien que serviables, ils sont filous et nous devons constamment ĂȘtre derriĂšre eux. Gros amateurs de biĂšres, ils ouvrent les bocks avec leurs dents. Nous profitons d’un bassin d’eau disposĂ© sur un monticule de terre qui, Ă  l’aide d’une tuyauterie en serpentin, abreuve l’élevage de cochons se trouvant en contrebas. Avec l’accord du colon, nous utilisons cette rĂ©serve comme s’il s’agissait d’une piscine et nous apprenons Ă  nager avec une chambre Ă  air. Quand nous avons besoin de nous ravitailler en nourriture, c’est le colon qui nous emmĂšne Ă  la ville. Lorsque la quantitĂ© est insuffisante, la nuit d’aprĂšs nous volons un cochon au patron. Nous le tuons et nous le prĂ©parons aussitĂŽt. Il en a tellement qu’il ne s’en aperçoit mĂȘme pas. Il nous arrive aussi de choper des volailles dans le poulailler. Nous les prĂ©parons et, afin de ne laisser aucune trace, nous jetons la tripaille et le plumes dans les chiottes. C’est un breton qui fait la popote, un certain Baratte. Un jour, il nous prĂ©pare des escargots "des p'tits gris". C’est la premiĂšre fois que j’en mange et je me rĂ©gale. Nous n’avons pas souvent l’occasion d’aller nous promener dans les parages environnants. Une fois cependant, nous partons pour une semaine Ă  Djidjelli pour passer des vacances au bord de la mer. Le lieutenant-colonel Bonnefous signe mon certificat de bonne conduite le 18 juin 1961. À la fin du mois je suis libĂ©rĂ©, sans jamais ĂȘtre rentrĂ© dans ma famille depuis mon arrivĂ©e en AlgĂ©rie. [RacontĂ© par Claude SavourĂ© 81 ans – le 8 janvier 2020] CS38 35335 Le certificat de bonne conduite de Claude SavourĂ©. Le verso du certificat de bonne conduite de Claude SavourĂ©, paraphĂ© par les gars de sa section le jour de la quille. 1959-1961 – du dimanche 3 mai 1959 au mercredi 19 juillet 1961 Contingent 59/1B Elie PĂ©an J’ai fait la totalitĂ© de mon service militaire en AlgĂ©rie Le 3 mai 1959, mon pĂšre m’emmĂšne en moto Ă  PolignĂ© et je prends le car la ligne Drouin pour me rendre Ă  Rennes. À la gare SNCF, je rencontre Jean-Claude Colombeau, d’EancĂ©. Il est appelĂ© pour servir au mĂȘme rĂ©giment que moi. Nous partons tous deux directement en AlgĂ©rie mais nous devons rĂ©cupĂ©rer notre tenue militaire dans une caserne au Mans oĂč nous restons deux jours. Lorsque nous revenons Ă  la gare, nous sommes contrĂŽlĂ©s par la police militaire qui nous oblige Ă  ouvrir notre paquetage. Nous prenons le train pour Marseille et, le 12 mai, nous montons Ă  bord du Ville de Tunis », un bateau Ă  la fois beau et rapide. Le 13 mai, quand nous dĂ©barquons Ă  Oran, deux camions nous attendant. Nous sommes une cinquantaine de soldats de la 59/1B Ă  ĂȘtre conduits Ă  Mostaganem. Nous dĂ©pendons du 31Ăšme groupe vĂ©tĂ©rinaire, un rĂ©giment qui a pour rĂŽle de dresser des chiens et de former des maĂźtres venant de diffĂ©rents corps. À la caserne, oĂč il y a une centaine de chiens et autant de chevaux de concours hippiques, je fais connaissance de LĂ©on Roulin, un gars de Corps-Nuds qui frĂ©quente Paulette Ermoin, une de mes petites cousines. AffectĂ© au contingent 59/1A, il est ici depuis deux mois. Fin juin, nous sommes sĂ©parĂ©s car LĂ©on est envoyĂ© en montagne. Il sera des fois plusieurs mois sans redescendre. J’ai un autre gars d’Ille-et-Vilaine dans ma section, Joseph Merlet du 59/2A. Il est originaire de Sixt-sur-Aff. Le 28 aoĂ»t 1959, mon contingent termine ses classes. Nous allons ĂȘtre rĂ©partis en trois groupes vĂ©tĂ©rinaires diffĂ©rents une quinzaine de troufions reste au 31Ăšme GV de Mostaganem, une autre quinzaine au 32Ăšme GV de Saint-Arnaud et nous sommes une trentaine Ă  rejoindre le 541Ăšme GV de Blida oĂč il manque beaucoup de maĂźtres-chiens. Nous logeons dans des box Ă  chevaux durant la premiĂšre semaine et ensuite nous dormons sous tente. Quand le vent "Sirocco" souffle, nous devons retenir la toile pour ne pas qu'elle s'envole. DĂšs mon arrivĂ©e au 541Ăšme, on m’attribue un chien de maintenance et je fais une formation de maĂźtre-chien. Pendant mon stage, j’assure moins de gardes. Je fais connaissance de Pierre Planchais, un engagĂ© originaire de Bain-de-Bretagne. Il est marĂ©chal des logis-major et il dresse des chiens de toutes catĂ©gories pour les parcours du combattant. Ma formation achevĂ©e, je pars souvent en patrouille en fin d’aprĂšs-midi avec mon chien et j’arpente des terrains pentus qui ressemblent aux landes du ClĂ©ray. Je dois escalader une trentaine de marches puis crapahuter sur deux-cents mĂštres en renouvelant cet exercice plusieurs fois de suite. Quand j’arrive en haut, je n’ai plus de souffle. Pour descendre, c’est encore plus difficile. Je ne rentre que le lendemain en soirĂ©e 25 heures Ă  chaque fois. Une nuit, je monte la garde sur un sommet dominant Oued El Alleug et, Ă  deux reprises, des rebelles surgissent Ă  l’endroit oĂč je me trouve. La 1Ăšre fois, Ă  1h40 et la 2Ăšme presqu'aussitĂŽt. C’est mon chien qui m’avertit et qui les fait rebrousser chemin. Je tremble et je pense Ă  ma mĂšre en me disant que je ne la reverrai pas. À 2h00, lorsqu’un gars de ma section arrive pour assurer la relĂšve, je rĂ©alise que mon chien m’a sauvĂ© la vie. Avant d’aller me coucher, je monte au poste de commandement pour informer le marĂ©chal des logis-chef de ce qui vient de m’arriver. Il tĂ©lĂ©phone au bidasse de service et celui-ci rapporte qu’aprĂšs avoir entendu un bruit suspect, il a braquĂ© un projecteur sur le poste de garde oĂč j’étais et il a comptĂ© cinq fells Ă  la 1Ăšre tentative d’attaque et au moins une dizaine Ă  la seconde. Fin aoĂ»t 1960, je rentre en permission pour dix-sept jours. Je demande une prolongation pour aider mes parents Ă  battre le blĂ© noir mais elle m’est refusĂ©e. J’embarque pour Marseille, sur le bateau El Djazair ». Pendant ma permission, je passe transmettre le bonjour Ă  la femme de Pierre Planchais, Ă  la demande de ce dernier. Elle va bientĂŽt rejoindre son mari en AlgĂ©rie. En prenant le bateau pour retourner Ă  la caserne, je me dis que si j’avais fait mon service militaire en France, j’aurai bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une autre permission, agricole celle-ci et de vingt-et-un jours mais, servant en AlgĂ©rie, je n’y ai pas droit. Maintenant, j’apprends le mĂ©tier de boucher avec un certain Leduc, originaire de la Mayenne, un bon gars. Pendant deux mois, jusqu’au jour oĂč il est libĂ©rĂ©, il me montre comment tuer des bourricots et des mulets et comment procĂ©der Ă  la dĂ©coupe. La viande sert ensuite Ă  nourrir les chiens. Je suis employĂ© Ă  la boucherie mais ça ne m’empĂȘche pas de faire des patrouilles la nuit et de monter des gardes. Durant ces pĂ©riodes de travail intense, je n’ai pas beaucoup de temps pour dormir. De toute façon, c’est difficile de se reposer ici car, dans la vallĂ©e de la Chiffa, la chaleur est Ă©touffante mĂȘme la nuit. À Mostaganem, nous ne manquions pas d’air mais nous Ă©tions en bordure de mer. BĂ©nĂ©ficiant d'une perme de quarante-huit heures, Jean-Claude Colombeau et moi, nous nous rendons Ă  Alger. Nous rencontrons Auguste Giboire et Robert Lunel, deux gars de La Bosse, ainsi qu'AndrĂ© Choquet, de Bain-de-Bretagne. Ma compagnie part rarement en opĂ©ration mais quand nous y allons, c’est pour quatre ou cinq jours et sans nos chiens. Avec le sac et la toile sur le dos, nous montons Ă  mi-hauteur du col de ChrĂ©a. L’hiver, il y a souvent de la neige. Je suis libĂ©rĂ© Ă  la mi-juillet 1961. Le 17, Jean-Claude Colombeau et moi-mĂȘme, nous sommes au port d’Alger et nous embarquons sur le Sidi Okba », un vieux rafiot. La mer est trĂšs agitĂ©e et la casquette d'un lĂ©gionnaire s'envole. Il court sur le pont pour la rattraper mais il arrive trop tard. Un message est diffusĂ© au haut-parleur Descendez tous dans les cales, ne restez pas sur le pont ! » Nous sommes Ă  Marseille le 18 et nous montons dans le train pour Lyon. Vingt minutes plus tard, nous en prenons un autre pour Nantes et lĂ , Jean-Claude et moi, nous partons chacun dans une direction diffĂ©rente. Je prends place dans un car Drouin et, arrivĂ© Ă  Bain-de-Bretagne, je vais Ă  pied chez Adrien GĂ©rard, autocariste Ă  La Croix-Blanche. Il est absent et son Ă©pouse Marcelle nĂ©e Bretagne qui est ma cousine, est partie faire une leçon d'auto-Ă©cole. Je n’ai pas d’autre choix que de faire du stop mais, en tenue militaire, je trouve facilement. Quand le conducteur me dĂ©pose Ă  La BellandiĂšre, au pignon de la ferme de mes parents, il me dit qu'il rejoint RannĂ©e. Vers 9h00, je suis Ă  la maison et ma mĂšre est seule. Elle me dit Ah, te voilĂ , ton pĂšre et moi, nous pensions que tu ne serais arrivĂ© qu’en dĂ©but d’aprĂšs-midi. » Je prends mon petit dĂ©jeuner et j’enfile la tenue de travail que j’ai abandonnĂ©e depuis vingt-six mois puis, avec ma faucille sous le bras, je rejoins mon pĂšre dans le champ de la lande. Avant de moissonner le blĂ©, il dĂ©gage le tour avec sa faux afin permettre le passage de la lieuse. Travaillant dans le champ d’à cĂŽtĂ©, ArsĂšne Nourisson m’aperçoit et aussitĂŽt il arrive prendre des nouvelles du militaire qui vient de rĂ©intĂ©grer la vie civile. [RacontĂ© par Elie PĂ©an 80 ans – le 22 septembre 2019] EP39 35030 ***** Avant d’aller en AlgĂ©rie, Elie Ă©tait passĂ© voir mes parents Ă  Corps-Nuds car il avait appris par Michel Dufeu, vĂ©tĂ©rinaire de JanzĂ© venu soigner une bĂȘte Ă  La ferme de la BellandiĂšre, que j’étais Ă  Mostaganem, dans le mĂȘme rĂ©giment que celui qui Ă©tait indiquĂ© sur sa convocation. C’est moi qui l’ai emmenĂ© en jeep sur les hauteurs d’Oued El Alleug, oĂč son chien lui a sauvĂ© la vie. C’est moi aussi qui lui ai appris comment mettre ses guĂȘtres. Elie n’a pas eu la vie rose car il a eu des classes difficiles et ensuite, il a montĂ© beaucoup de gardes. Il Ă©tait dans une section commandĂ©e par deux gradĂ©s, un marĂ©chal des logis un appelĂ© qui Ă©tait sympa et un jeune rempilĂ© qui leur en a fait baver. Lorsque j’ai quittĂ© Elie, je suis allĂ© Ă  Agbou. J’avais l’occasion de le revoir quand je rentrais au quartier mais ce n’était pas souvent, environ une fois tous les trois mois. [LĂ©on Roulin 80 ans – le 23 septembre 2019] LR39 35088 ***** À Mostaganem, Elie et moi, nous avons vĂ©cu des classes difficiles. Il n’y avait pas grand-chose Ă  bouffer et c’était dĂ©gueulasse. Par compte, Ă  Blida, la cuisine Ă©tait excellente. Je me souviens du 1er repas servi Ă  notre arrivĂ©e au 541Ăšme GV. Le pain Ă©tait frais et l’omelette dĂ©licieuse ! Nos permissions pour sortir en ville Ă©taient rares. Une fois nous avons Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  nous rendre tous les deux Ă  Blida pour la journĂ©e. En arrivant au centre-ville, nous sommes tombĂ©s dans une manifestation et nous avons Ă©tĂ© pris Ă  partie par une quinzaine de musulmans excitĂ©s. Ils nous ont bousculĂ©s en nous envoyant des coups de poings et des coups de pieds. Elie avançait en tĂȘte et je suis restĂ© blotti derriĂšre sa carrure jusqu'au moment oĂč nous avons aperçu une patrouille de soldats Ă  un angle de rue. Nous avons rĂ©ussi, non sans mal, Ă  les rejoindre. Deux gars de notre compagnie sont arrivĂ©s Ă  la Poste, avec une jeep, pour dĂ©poser le courrier. Nous sommes rentrĂ©s Ă  la caserne avec eux. Quand Elie a dĂ©butĂ© son travail Ă  la boucherie, j’étais bourrelier au harnachement des chiens. Ensuite, j’ai changĂ© d’activitĂ© en devenant infirmier. Elie Ă©voque le marĂ©chal des logis-major Pierre Planchais, je n’en ai pas gardĂ© un bon souvenir. Pour avoir refusĂ© de me mettre au garde-Ă -vous, dix-sept jours avant la quille, il m’a sanctionnĂ© en me faisant passer une semaine en taule. [Jean-Claude Colombeau 80 ans – le 27 septembre 2019] JCC39 53259 Elie PĂ©an, devant un box Ă  chevaux au 541Ăšme GV, Ă  Mostaganem Un berger allemand lors d'une sĂ©ance de dressage, Ă  Mostaganem Blida Joseph Merlet originaire de Sixt-sur-Aff et Elie PĂ©an, dans l'atelier de dĂ©coupe, devant des carcasses de bourricots et de mulets Blida Pierre Planchais, marĂ©chal des logis-major, un engagĂ© originaire de Bain-de-Bretagne. Il pose avec sa femme et ses deux filles Elie PĂ©an, Ă  genoux avec un bĂąton Ă  la main droite, lors d'une patrouille Blida 1 Elie PĂ©an, debout avec le pistolet mitrailleur MAT 49 Ă  la main Elie PĂ©an devant son poste de garde Ă  Blida Elie PĂ©an de service Ă  Blida. Avec sa chienne "Bella", il contrĂŽle le passage des fellaghas Blida AussitĂŽt aprĂšs le passage de la draisine, la ligne de chemin de fer est minĂ©e et le train dĂ©raille Blida 1 Joseph Merlet, 2 Elie PĂ©an, sur un bourricot 1960 Cinq militaire d'Ille-et-Vilaine se retrouvent Ă  Alger 1 Jean-Claude Colombeau, d'EancĂ© - 2 AndrĂ© Choquet, de Bain-de-Bretagne - et trois gars de La Bosse 3 Auguste Giboire - 4 Robert Lunel - 5 Elie PĂ©an 1960 Alger > 1 Robert Lunel, 2 Elie PĂ©an, 3 Auguste Giboire 1959-1961 – du lundi 4 mai 1959 au dimanche 27 aoĂ»t 1961 Contingent 59/1B Germain Hervochon Au bout de dix-huit mois d’armĂ©e, j'ai Ă©tĂ© promu brigadier-chef Le 4 mai 1959, je prends ma valise puis je quitte EugĂšne et Maria Masson, chez qui je suis arrivĂ© en famille d’accueil seulement trois jours aprĂšs ma naissance. Je me rends Ă  l’arrĂȘt de car des Transports De Saint HĂ©nis situĂ© Ă  quelques pas de la maison, devant le cafĂ©-Ă©picerie de Robert Hugues. Un de mes conscrits, Robert Lunel de La Haute Bosse, est lui aussi appelĂ© Ă  servir sous les drapeaux. Nous sommes assis cĂŽte Ă  cĂŽte jusqu’à Rennes et nous voyageons dans le mĂȘme train jusqu’au Mans. Ensuite, nous partons chacun dans une direction diffĂ©rente. Robert s’en va en Allemagne et moi je vais dans l’Allier. Je suis incorporĂ© au RĂ©giment du MatĂ©riel de Montluçon. C’est lĂ  que j’effectue mes deux mois de classes. DĂ©but juillet 1959, je suis mutĂ© au Centre d’Instruction du MatĂ©riel CIM 302 de Kaiserslautern, en Allemagne. Je fais une formation qui me permet de devenir moi-mĂȘme moniteur d’instruction. Je monte des gardes rĂ©guliĂšrement mais je passe la majeure partie de mon temps Ă  animer des stages destinĂ©s Ă  des soldats venant de diffĂ©rents corps d’armĂ©e. Ils apprennent Ă  dĂ©panner tout type de matĂ©riel dodge, GMC, half-track, Jeep et vĂ©hicule blindĂ©. Je suis encadrĂ© par des gradĂ©s qui boivent plus que la normale mais, sur le plan humain, ils sont supers. Le travail me plait et je fais le maximum pour rester ici le plus longtemps possible. Je ne suis pas pressĂ© d’aller en AlgĂ©rie. Le 3 octobre 1959, j’obtiens le permis de conduire voiture lĂ©gĂšre et poids lourd. Le 23 octobre, je suis titulaire du diplĂŽme d’électricien auto en Ă©tant classĂ© 3Ăšme sur les vingt-et-un candidats prĂ©sentĂ©s Ă  l'examen. Le 1er janvier 1960, je suis nommĂ© caporal. Jean Bitauld de PancĂ© dix mois de moins que moi et que je ne connais pas est incorporĂ© dans la caserne oĂč je suis. La proximitĂ© de nos communes natales fait que nous sympathisons de maniĂšre naturelle. Un samedi matin, nous sommes ensemble lorsque nous remarquons qu'un moteur sur chĂąssis ne fonctionne plus. J'enlĂšve le carburateur et la pompe dĂ©bite directement dans l'entrĂ©e d'admission. Un retour de flamme se produit et le moteur s'embrase. Jean se prĂ©cipite et, Ă  l'aide d'un extincteur , il rĂ©ussit Ă  Ă©teindre le feu. Je suis promu brigadier-chef Le 1er octobre 1960 et je quitte l’Allemagne fin octobre. J’ai une permission qui me permet de rentrer Ă  La Bosse mais ensuite, bien qu’ayant effectuĂ© la durĂ©e lĂ©gale de dix-huit mois, je dois quand-mĂȘme partir en AlgĂ©rie. Je descends Ă  Marseille en train. Le 15 novembre 1960, je prends le bateau et le lendemain, je dĂ©barque Ă  Alger. Nous sommes nombreux Ă  monter dans des camions pour ĂȘtre conduits Ă  la gare de Constantine. Ensuite, nous prenons un train et voyageons dans des wagons Ă  bestiaux jusqu’à Batna, commune situĂ©e dans les AurĂšs. Je suis toujours affectĂ© au matĂ©riel, spĂ©cialisĂ© dans le dĂ©montage et remontage des moteurs dans diffĂ©rents corps de troupes. Le 25 aoĂ»t 1961, aprĂšs avoir passĂ© un peu plus de neuf mois sur le sol algĂ©rien, je suis libĂ©rĂ©. Je prends le bateau le Chanzy », Ă  Philippeville le jour mĂȘme et je dĂ©barque Ă  Marseille le lendemain. De retour Ă  La Bosse le 27 aoĂ»t avec la quille, je n’ai aucun regret concernant les vingt-huit mois que je viens de passer Ă  l’armĂ©e. L’argent que j’ai gagnĂ© en tant que brigadier-chef me permet d’avoir un bel apport pour l’achat de ma premiĂšre voiture, ma dauphine ! Plus tard, si je me suis dĂ©brouillĂ© dans la vie, c’est grĂące aux expĂ©riences vĂ©cues pendant mon service militaire. Si j’ai rĂ©ussi le concours d’électricien auto au SecrĂ©tariat GĂ©nĂ©ral d’Administration de la Police SGAP de Rennes et si j’y suis restĂ© durant trente ans, c’est en partie parce que je suis passĂ© par le centre d’instruction de Kaiserslautern. [RacontĂ© par Germain Hervochon 80 ans – le 10 janvier 2020] GH39 35136 ***** En septembre 1968, suite aux Ă©vĂšnements ayant eu lieu en mai-juin et sept annĂ©es aprĂšs notre retour d'AlgĂ©rie, Germain et moi-mĂȘme, nous sommes rappelĂ©s au camp de la MaltiĂšre Ă  Saint-Jacques-de-la-Lande pour une pĂ©riode de trois jours pendant lesquels nous restons en alerte. Germain est employĂ© au garage et moi au magasin d'habillement. [Bernard Aulnette 82 ans – le 17 dĂ©cembre 2020] BA38 35066 Au Centre d’Instruction du MatĂ©riel de Kaiserslautern Au Centre d’Instruction du MatĂ©riel de Kaiserslautern Au Centre d’Instruction du MatĂ©riel de Kaiserslautern Novembre 1960 Marcel Douessin et EugĂšne Masson place de la gare de Rennes avec Germain Hervochon qui s'apprĂȘte Ă  prendre le train pour Marseille avant d'embarquer pour l'AlgĂ©rie 1959-1961 – du lundi 4 mai 1959 au dimanche 27 aoĂ»t 1961 Contingent 59/1B Robert Lunel Je suis Ă  Alger le jour de la tentative de coup d’Etat Mon heure est arrivĂ©e. Je prends le car De Saint-HĂ©nis devant le cafĂ©-Ă©picerie de Robert et Denise Hugues, au bourg de La Bosse. Germain Hervochon est lĂ  lui aussi. Comme moi, il entre sous les drapeaux aujourd’hui. Nous voyageons assis cĂŽte Ă  cĂŽte, dans un autocar jusqu’à Rennes et dans un train jusqu’au Mans. Sur le quai de la gare, nous nous devons nous sĂ©parer en partant chacun dans une direction opposĂ©e. Germain s’en va Ă  Montluçon. Je me rends Ă  Spire, ville portuaire allemande localisĂ©e en RhĂ©nanie-Palatinat, Ă  seulement une cinquantaine de kilomĂštres de la frontiĂšre franco-allemande. Je suis attendu au casernement du 32Ăšme RĂ©giment du GĂ©nie. Mon contingent fait quatre mois de classes en effectuant de nombreuses marches en forĂȘt et en apprenant Ă  manipuler les armes. Un jour, au stand de tir, je lance une grenade par-dessus le mur de clĂŽture du terrain d’entrainement mais j’avance trop prĂšs et ce n’est pas conforme au rĂšglement. Le capitaine est contrariĂ©. Il s’emporte et m’envoie un coup de pied brutal dans le coccyx. J’ai mal pendant plusieurs jours mais j’évite de me plaindre. Parfois, en partant en manƓuvre, nous traversons le Rhin avec des GMC aprĂšs avoir construit un pont artificiel en utilisant des barques que nous disposons en travers du fleuve dans un endroit pas trop profond. Nous avons quand-mĂȘme de l’eau jusqu’à la ceinture. Quand notre installation de fortune est au point, nous pouvons passer en France. Nous y restons une bonne partie de la journĂ©e. Le 16 mai 1960, je suis nommĂ© premiĂšre classe. Fin aoĂ»t, je rentre une dizaine de jours en permission dans ma famille. À peine suis-je revenu Ă  Spire, je repars avec toute ma section, mais cette fois, c’est pour aller en AlgĂ©rie. Toute la compagnie est convoyĂ©e en camion Ă  Marseille. Nous embarquons 18 juin 1960 sur le Ville d’Oran » et le lendemain, nous accostons au port d’Alger. Ensuite, nous montons dans un train qui nous conduit jusqu’à Bou SaĂąda, dans le Sud-algĂ©rois. Des GMC prennent le relais et c’est aprĂšs avoir empruntĂ© pas moins de quatre-vingt kilomĂštres de piste que nous atteignons la caserne oĂč nous allons sĂ©journer. Nous sommes affectĂ©s dans un RĂ©giment du Train. Nous restons vingt mois dans le mĂȘme bled oĂč il fait souvent trĂšs chaud. Je monte frĂ©quemment des gardes avec un Harki dans un mirador situĂ© Ă  un kilomĂštre de notre point d’attache. Nous sommes toujours Ă  deux, un soldat musulman un harki et un soldat europĂ©en. Nous avons chacun un fusil. Je ne me sens absolument pas en danger en contrĂŽlant la zone que nous protĂ©geons. Ce que je crains, ce sont les rĂ©actions que pourrait avoir mon coĂ©quipier. Il est gentil certes, mais il ne me met pas Ă  l’aise. Sa prĂ©sence m’oblige Ă  ĂȘtre vigilant et Ă  rester bien Ă©veillĂ©. À la caserne, je passe une bonne partie de mon temps dans l’atelier de menuiserie Ă  faire le mĂ©tier que j’exerce dans la vie civile. Le quartier est entourĂ© d’un mur d’une hauteur de deux mĂštres. Les bĂątiments sont sur un seul niveau et ils sont occupĂ©s par Ă  peu prĂšs cent-cinquante militaires, gradĂ©s compris. Officiers ou simples soldats, nous vivons tous sous le mĂȘme toit. Quand nous avons besoin d’un matĂ©riel spĂ©cifique ou de divers matĂ©riaux, nous nous rendons Ă  Bou SaĂąda. Pour tout ce qui concerne les produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, dont l’alimentation, nous sommes ravitaillĂ©s par les airs, avec des Nord-Atlas. Tout prĂšs de notre campement, un bĂątiment est rĂ©servĂ© spĂ©cialement pour des prisonniers algĂ©riens ayant Ă©tĂ© capturĂ©s au cours d’une opĂ©ration de ratissage. Pour nos quatre derniers mois de prĂ©sence sur le sol algĂ©rien, nous sommes dĂ©placĂ©s Ă  Alger oĂč la tension monte. Notre mission consiste Ă  assurer le maintien de l’ordre. Nous logeons dans une ancienne gare, sur les hauteurs de la ville et c’est de-lĂ  que le 21 avril 1961, nous apprenons qu’un putsch vient d’ĂȘtre commanditĂ© par quatre gĂ©nĂ©raux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller. LĂ  encore, j’ai la chance d’ĂȘtre rĂ©quisitionnĂ© pour faire de la menuiserie et de l’ébĂ©nisterie. Je ne suis que trĂšs rarement confrontĂ© Ă  des situations dangereuses alors que mes copains qui vont en opĂ©ration sont quelquefois pris Ă  partie dans des embuscades. Je n’obtiens aucune permission durant mes deux annĂ©es passĂ©es en AlgĂ©rie mais le jour oĂč j’ai la quille, le 25 aoĂ»t 1961, je suis bien content. J'embarque Ă  Alger sur le Ville d’Oran » mĂȘme bateau qu'il y a quatorze mois et je dĂ©barque Ă  Marseille le 26. J'emprunte le trajet qui me ramĂšne Ă  La Bosse et plus prĂ©cisĂ©ment au lieu-dit La Haute-Bosse. Bizarrement, je rentre le 27 aoĂ»t 1961, mĂȘme jour que Germain Hervochon, mon conscrit et ami qui a commencĂ© son service militaire le mĂȘme jour que moi. [RacontĂ© par Robert Lunel 80 ans – le 6 janvier 2020] RL39 35139 EtĂ© 1959 Ă  Spire Robert Lunel avec un gars originaire de Lunel dĂ©partement de l'HĂ©rault. 1959, Ă  Spire Robert Lunel 1960, en AlgĂ©rie Robert Lunel 1960 Cinq militaire d'Ille-et-Vilaine se retrouvent Ă  Alger 1 Jean-Claude Colombeau, d'EancĂ© - 2 AndrĂ© Choquet, de Bain-de-Bretagne - et trois gars de La Bosse 3 Auguste Giboire - 4 Robert Lunel - 5 Elie PĂ©an 1960, Trois gars de La Bosse se retrouvent Ă  Alger 1 Robert Lunel, 2 Elie PĂ©an, 3 Auguste Giboire 1960, Ă  Alger Jean-Claude Colombeau, Elie PĂ©an, Robert Lunel, AndrĂ© Choquet, Auguste Giboire. 1960, Ă  Alger Robert Lunel et Auguste Giboire 1961, Ă  Alger Robert Lunel 1961, Ă  Alger Robert Lunel 1959-1961 – du dĂ©but juillet 1959 Ă  octobre 1961 Contingent 59/
 Guy RĂ©billard On me nomme sous-officier de l’ordinaire Normalement, j’aurai dĂ» ĂȘtre appelĂ© il y a un an mais, ayant Ă©tĂ© ajournĂ© pour cause de poids insuffisant, je rentre sous les drapeaux seulement dĂ©but juillet 1959. Etant instituteur Ă  LouvignĂ©-de-Bais, je viens juste de terminer l’annĂ©e scolaire lorsque je suis incorporĂ© au camp d’Auvours, dans la Sarthe, pour y faire une formation de quatre mois. Mes classes achevĂ©es et aprĂšs une permission d’une dizaine de jours, je suis mutĂ© Ă  TrĂšves en Allemagne en fin octobre 1959, dans le RĂ©giment du Train. J’occupe le poste de secrĂ©taire du lieutenant de la Compagnie, ce qui me donne l’avantage d’ĂȘtre exemptĂ© de corvĂ©e. Toutefois, je continue avec faire des marches avec les copains mais les missions qui me sont confiĂ©es ne sont pas toutes rĂ©jouissantes. Quand un soldat ayant fait sa formation Ă  TrĂšves meurt en AlgĂ©rie, je suis quelquefois dĂ©signĂ© pour aller rencontrer les parents et je leur remets les affaires personnelles de leur fils dĂ©funt. Un jour, je suis allĂ© dans le Morbihan et, passant prĂšs de ma famille, j’ai eu droit Ă  une permission de quelques jours. De temps en temps, j’ai quand mĂȘme le privilĂšge de faire des choses qui me passionnent. C’est ainsi que je créé un petit journal qui paraĂźt mensuellement. Ça me vaut d’ĂȘtre bien vu par le Capitaine qui n’est pas rĂ©putĂ© sympa. Il a aussi un cĂŽtĂ© un peu farfelu. Ça ne le gĂȘne pas de passer dans les rangs et de donner un coup de tondeuse sur le cuir chevelu d’un troufion pour lequel il n’a pas d’estime. J’ai la chance d’ĂȘtre Ă©pargnĂ© Ă  chaque fois. Le

., je suis nommĂ© Caporal. Je travaille dans le bureau de l’Adjudant responsable de la trĂ©sorerie de la caserne. Chaque fin de mois, c’est moi qui remets la paie en espĂšces et en main propre aux officiers de carriĂšre. Occasionnellement, je participe aux manƓuvres avec les soldats de ma section. On m’affecte une moto 500cm3 un peu trop lourde pour moi si bien qu’il m’arrive de dĂ©gringoler. Plus tard, je rĂ©cupĂšre une jeep et lĂ , je suis nettement plus Ă  l’aise. Je pars quelquefois dĂšs Ă  5 heures du matin pour aller poser le flĂ©chage sur l’itinĂ©raire empruntĂ© deux heures plus tard par la Compagnie. Un jour, je tombe avec mon pistolet mitrailleur Ă  la main et, voulant le protĂ©ger, je me casse le poignet droit et je me retrouve avec un plĂątre que je dois garder trois mois. En dĂ©passant vingt-neuf jours de convalescence Ă  la caserne, l’armĂ©e doit me verser une pension. Pour Ă©viter cela, Ă  deux reprises, durant cette pĂ©riode de trois mois, je rentre en permission pour quinze jours. Finalement, la permission de quinze jours prĂ©cĂ©dant mon dĂ©part en AlgĂ©rie dure un mois. En aoĂ»t 1960, je me rends Ă  Marseille avec mon contingent et nous embarquons pour Alger. De-lĂ , c’est en camion que je rejoins Djelfa, mon point d’attache situĂ© au pied de l’Atlas saharien, Ă  trois-cents kilomĂštres au sud de la capitale. On me nomme sous-officier de l’ordinaire. Je conduis une camionnette et je vais rĂ©guliĂšrement au ravitaillement Ă  MĂ©dĂ©a. La route est longue et elle n’est pas sans risque. Je reviens avec de la nourriture en abondance. J’en donne souvent aux gars qui partent en opĂ©ration poulets, pĂąté . Je suis convoquĂ© chez le Capitaine qui me reproche de distribuer des vivres sans en avoir l’ordre. Je lui rĂ©ponds en disant que je trouve normal que ceux qui risquent leur vie sur le terrain en faisant la guerre soient aussi bien nourris que ceux qui restent Ă  l’abri. J’ajoute que j’ai pour consigne de dĂ©penser le budget qui m’est attribuĂ© et qu’il est supĂ©rieur Ă  mes besoins. Le Capitaine, non satisfait de ma rĂ©ponse et pensant que je suis communiste, me reproche aussi de ne pas avoir acceptĂ© d’entrer Ă  l’Ecole des Officiers de RĂ©serve EOR. Suite Ă  ces dĂ©sapprobations, je suis affectĂ© sur un nouveau poste. Me voilĂ  secrĂ©taire du Commandant de toutes les armes et je travaille en civil. J’habite une petite maison en centre-ville et, chaque jour, un Harki vient faire mon mĂ©nage. L’inconvĂ©nient, c’est que je suis seul avec un dactylo et nous ne nous sentons pas toujours en sĂ©curitĂ©. Une nuit, j’entends un bruit suspect. Etant couchĂ© avec mon fusil mitrailleur sous mon lit, je le prends et je l’arme. J’avance doucement vers la porte et, qu’est-ce que je vois, une souris qui s’amuse avec un bout de fil de fer. Djelfa est une ville assez calme mais, Ă  partir de fĂ©vrier 1961, avec la crĂ©ation de l’Organisation de l’ArmĂ©e SecrĂšte OAS, la situation se complique. J’ai la chance d’avoir beaucoup de lĂ©gionnaires dans le quartier oĂč je suis, car ils font fuir les fellaghas. Ils me disent souvent Guy, si tu as besoin, tu nous fais signe ! » Un jour, une dizaine d’artilleurs sont tuĂ©s dans une embuscade en montagne par trois fells. Un autre jour, un breton qui Ă©tait avec moi au camp d’Auvours saute sur une mine. Pour mes dix derniers mois d’armĂ©e effectuĂ©s en plus de la durĂ©e rĂ©glementaire, comme je suis fonctionnaire dans la vie civile, je ne perçois plus le salaire de troufion mais l’équivalent de ce que j’avais avant d’entrer sous les drapeaux. DorĂ©navant, je porte le courrier et je suis responsable du service dĂ©cĂšs pour les lĂ©gionnaires perdant la vie au combat et n’ayant pas de patrie. Je fais les dĂ©marches permettant qu’ils soient enterrĂ©s dignement. Je suis libĂ©rĂ© de mes obligations militaires fin octobre 1961 et je rentre en France sans jamais avoir eu de permission au cours de mes quatorze mois passĂ©s sur le sol algĂ©rien. Sur le bateau, le retour est difficile car la mer est dĂ©chainĂ©e et, comme tous les soldats prĂ©sents avec moi, je n’ai pas le pied marin. Rares sont ceux qui, parmi nous, ne vomissent pas. Revenu en France, je reprends mon mĂ©tier d’instituteur non pas dans une Ă©cole Ă©lĂ©mentaire normale mais Ă  ma maison de l’enfance de CarcĂ©, en Bruz. Nous accueillons des enfants en difficultĂ© familiale ou sociale patronnĂ©e par Monsieur CouĂ©, inspecteur d’acadĂ©mie. [RacontĂ© par Guy RĂ©billard 83 ans – le 23 novembre 2020] GR37 Espagne xxx photos en attente 1960-1962 du mercredi 6 janvier 1960 au samedi 14 avril 1962 Claude Maleuvre Je reviens en France avec la quille le jour du cessez le feu en AlgĂ©rie Le mercredi 6 janvier 1960, je prends le train en gare de Rennes, destination Granville. Je suis incorporĂ© Ă  la caserne du Roc, au 21Ăšme RĂ©giment de Chasseurs, oĂč se trouve un centre d'instruction d'appelĂ©s pour l'AlgĂ©rie. Au bout de deux mois, je rentre en permission et je retrouve Annick que je frĂ©quente depuis que nous nous sommes rencontrĂ©s Ă  une fĂȘte, Ă  PlĂ©chatel, l’étĂ© dernier. Revenu au service, je vais faire un stage Radio Ă  la caserne Rocabey, Ă  Saint-Malo. J’apprends Ă  manipuler les postes et je passe des examens un peu avant de terminer mes classes. Je rentre une nouvelle fois en permission Ă  La Bosse et le 8 mai 1960, je suis dans le train qui me conduit Ă  Marseille. L’embarquement Ă  lieu le 11 mai sur un paquebot baptisĂ© PrĂ©sident de Cazalet ». Nous traversons la MĂ©diterranĂ©e, destination Oran. Le 13 mai, un petit train un vieux tacot nous emmĂšne Ă  Montgolfier, commune situĂ©e Ă  mi-chemin entre Relizane et Tiaret. Nous sommes impressionnĂ©s de voir que, sur notre parcours, tous les poteaux tĂ©lĂ©phoniques sont sectionnĂ©s. À notre arrivĂ©e, nous apprenons que ce n’est pas liĂ© Ă  des bombardements mais pour empĂȘcher les communications. Nous recevons le paquetage et, deux semaines plus tard, nous dĂ©mĂ©nageons Ă  quelques kilomĂštres. Nous stationnons dans un endroit oĂč il y a un gros stock de blĂ© et de nombreuses cuves Ă  vin. Chaque section est composĂ©e de 24 ou 25 soldats mais, faisant partie d’un petit contingent, nous sommes seulement sept pour remplacer vingt-et-un quillards. Je suis affectĂ© au commando 41 du 31Ăšme Bataillon de Chasseurs Ă  Pied, Ă  PrĂ©vost-Paradol. Je reçois un 2Ăšme paquetage. L’entrĂ©e du commando disciplinaire dĂ©nommĂ© Les fermes » est signalĂ©e avec des lettres de deux mĂštres de hauteur facilement repĂ©rables par les transports hĂ©liportĂ©s. Quelques jours aprĂšs mon arrivĂ©e, un soldat prĂ©sent ici depuis plusieurs mois me tape sur l’épaule. Comme moi, il est originaire de La Bosse. C’est Jean LorĂ©e, un des fils d’Alfred et d’EloĂŻse, des BrĂ»lons. Je suis dans la mĂȘme section que lui et nous sommes ensemble le jour oĂč je fais ma 1Ăšre sortie. Nous avons un accrochage avec un groupe de fellaghas. Il fait trĂšs chaud et, n’ayant rien Ă  boire, je suis bien content d’avoir Jean prĂšs de moi car il a deux bidons d’eau. Une autre fois, nous partons vers deux heures du matin et, alors que nous traversons l’Oued Mina, un copain est happĂ© par le courant. Heureusement, le lieutenant rĂ©ussit Ă  le rattraper. À 4h45, des fellaghas tirent sur nous. Je file me cacher derriĂšre une petite chapelle. En revenant, je constate qu’il y a eu deux morts dans leur camp. Ayant mal aux pieds pour cause d’ongles incarnĂ©s, je dis au lieutenant Green un kabyle que je ne peux plus marcher mais ce connard de 1Ăšre classe refuse que j’arrĂȘte car je suis le seul radio. Au bout de quelques jours, il m’autorise quand-mĂȘme Ă  aller aux soins. À peine rendu Ă  l’infirmerie, on me dĂ©clare inapte et c’est comme ça que je sors du commando. Un jour, François Lunel, affectĂ© dans un rĂ©giment de tirailleurs basĂ© non loin d’oĂč je me trouve, passe en camion devant l’entrĂ©e de notre campement. L’enseigne lui fait penser que c’est lĂ  que je suis. Lorsqu’il est de retour Ă  sa caserne, il m’écrit pour m’informer de son passage. Nous allons laver notre linge et prendre des douches au pied d’une cascade mais Ă  chaque fois nous sommes escortĂ©s de deux ou trois soldats armĂ©s. Puis, arrive le jour oĂč nous n’avons plus le droit de nous y rendre car c’est trop risquĂ©. Quand nous sommes de repos, nous allons souvent nous baigner au lac de Bakhadda. Un jour, aprĂšs m’ĂȘtre un peu trop aventurĂ©, je coule Ă  trois reprises. C’est un arabe, Ahmed Fartas, qui me sauve la vie. En octobre 1960, je quitte deux bons copains Jean LorĂ©e reste Ă  la ferme de PrĂ©vost-Paradol et Jean Aubry originaire de Renac s'en va Ă  Guertoufa. Ma section est transfĂ©rĂ©e Ă  la ferme de Gaston Jouin suitĂ©e dans un coin perdu, un vrai coupe-gorge oĂč nous ne restons heureusement que quelques mois. Ensuite nous nous rendons Ă  la ferme Meyer, situĂ©e Ă  environ cinq kilomĂštres de Montgolfier. Par rapport Ă  ce que nous avons connu, nous avons l’impression de passer de l’enfer au paradis. Nous partons souvent la nuit mais nous n’avançons que sur renseignements. Je porte en permanence le poste radio qui pĂšse 11 kg 750. Pendant le putsch d’Alger d’avril 1961, je vais Ă  Oran pour des soins dentaires et, je n’ai pas de moyen de transport. Un groupe de pieds noirs voyageant en traction s’arrĂȘte pour me prendre et je suis dĂ©posĂ© devant la PrĂ©fecture. De lĂ , je m’accroche Ă  l’arriĂšre d’un camion et on m’emmĂšne dans un camp militaire. Ensuite, un soldat me ramĂšne en jeep Ă  l’hĂŽpital pour me faire soigner. Au printemps 1961, je rentre en permission dans ma famille. De retour Ă  la ferme Meyer, je suis dĂ©signĂ© comme chef de chantier en maçonnerie, charpente et couverture. Je dis souvent aux gars de ma section Ne vous plaignez pas, souvenez-vous de ce que nous avons vĂ©cu ». Nous restaurons le logement du lieutenant puis nous crĂ©ons un bar. En octobre 1961, je rentre une 2Ăšme fois en permission, mais cette fois c’est pour les obsĂšques de mon pĂšre. Je n’ai pas d’argent, heureusement mon rĂ©giment m’en prĂȘte. Je prends l’avion Ă  Oran et j’atterri Ă  Marseille Marignane puis je monte dans le train pour Paris et enfin pour Rennes. De retour Ă  mon campement, je peins des quilles pour les soldats libĂ©rables. Je viens juste de terminer lorsque nous avons la visite du capitaine. En voyant les quilles, il demande Qui est l’artiste qui a fait cela ? » Le lieutenant rĂ©pond C’est Maleuvre !» Le capitaine vient vers moi et dit Soldat Maleuvre, je viens de voir les quilles que vous venez de peindre. Pourriez-vous me copier le fanion du rĂ©giment Ă  l’identique ? » Je fais la reproduction du fanion et, pendant une semaine, je suis invitĂ© Ă  manger au mess des officiers. Peu aprĂšs, le capitaine est libĂ©rĂ©. Avant de rentrer chez lui, il me donne 30 000 frs CFA. Je lui dis que je dois rendre l’argent qui m’a Ă©tĂ© prĂȘtĂ© pour que je puisse aller aux obsĂšques de mon pĂšre. Il rĂ©pond Ecoutez Maleuvre, vous n’ĂȘtes pas rentrĂ©s chez vous pour le plaisir, gardez cet argent ! » Environ un an de prĂ©sence Ă  la ferme Meyer, avec ma section, je reviens Ă  Montgolfier, oĂč j’étais lors de mon arrivĂ©e en AlgĂ©rie. Le Sergent-chef un type bien remplace le lieutenant Bernard Laugue parti en France pour se marier. Il me dit Maleuvre, on va faire une patrouille de nuit ». Il ne veut pas que je prenne mon poste radio car il vient de trĂ©bucher avec son pistolet mitrailleur. Un peu plus tard, le lieutenant reprend son poste et nous partons en opĂ©ration dans le djebel amour, une chaĂźne montagneuse de l’Atlas saharien. Nous faisons du ratissage lorsque je lui demande Lieutenant, pouvez-vous ralentir la progression car j’a une envie pressante ». Je m’éloigne de quelques mĂštres et, soudain, un felouze sort d’une touffe de grandes herbes dans laquelle il Ă©tait cachĂ©. Je crie au lieutenant un fell
 » PaniquĂ©, je me trouve dans une situation qui me coupe l’envie de 
 Toute la section est sur ses gardes, la culasse du pistolet en arriĂšre, prĂšs Ă  appuyer sur la gĂąchette. Le felouze est pris en charge par des officiers et il est enfermĂ© dans une cuve Ă  vin oĂč il va rester plusieurs jours. Le Sergent-chef est virĂ© de notre section pour avoir tirĂ© une rafale. Quant au lieutenant, il recevra une citation, alors que c’est moi qui ai risquĂ© d’ĂȘtre assassinĂ©. Je suis libĂ©rĂ© Ă  Montgolfier le 16 mars 1962. Je prends le Sidi Ferruch Ă  Oran le 17 mars et je dĂ©barque Ă  Marseille le 19. De lĂ , je prends le train pour Sissonne dans l’Aisne oĂč je dois encore attendre une douzaine de jours avant de rentrer Ă  La Bosse. [RacontĂ© par Claude Maleuvre 79 ans – le 19 aoĂ»t 2019] CM39 35030 NB Claude est sur la MĂ©diterranĂ©e avec sa quille le 18 mars 1962, au moment oĂč les accords d’Evian sont signĂ©s. Il dĂ©barque Ă  Marseille le 19 mars 1962, jour du Cessez le feu en AlgĂ©rie. JA49 35235 Automne 1960 Claude Maleuvre passager, dans la ferme de Gaston Jouin Automne 1960 Claude Maleuvre, dans la ferme de Gaston Jouin Claude Maleuvre au centre Trois copains de Claude Maleuvre 1 Carpy des CĂŽtes-du-Nord, 2 Martin de Notre-Dame-des-Langueurs Loire-Atlantique, 3 Raymond Le Yondre, de Ploeren Morbihan Claude Maleuvre accroupi Ă  gauche avec une bande de copains C'est l'heure de la lessive Claude Maleuvre, accroupi dans un arbre non pas pour monter la garde mais pour le plaisir Claude Maleuvre, avant dernier Ă  droite Le 16 mars 1962 Claude Maleuvre dans le train 2Ăšme fenĂȘtre Ă  droite Ă  Montgolfier, le jour de sa libĂ©ration D'autres articles concernant "Nos Soldats d'AlgĂ©rie" sont publiĂ©s dans la rubrique suivante Suivezvotre vol intĂ©rieur ou international Ă  l’aĂ©roport Marseille (MRS) Ă  l'aide de notre tableau des arrivĂ©es et des dĂ©parts. Consultez les arrivĂ©es et les dĂ©parts (Marseille) et trouvez le vol qui vous intĂ©resse Ă  l’aide de la recherche rapide. Vous pouvez rechercher la compagnie aĂ©rienne, le numĂ©ro de vol, ou encore l M le mag AlgĂ©rie Entre le port de la mĂ©tropole des Bouches-du-RhĂŽne et celui de la capitale algĂ©rienne, le trafic maritime reprendra le 1er novembre aprĂšs plus d’un an et demi de fermeture. Suspendue par la pandĂ©mie FermĂ©e depuis le 19 mars 2020, la liaison maritime entre Marseille et Alger va reprendre du service. Le 12 octobre, le ministĂšre algĂ©rien des transports a annoncĂ© par communiquĂ© que la compagnie publique algĂ©rienne ENTMV-AlgĂ©rie Ferries transporterait Ă  nouveau des voyageurs Ă  destination de la France, Ă  partir du 1er novembre ». Pour le moment, un aller et un retour sont prĂ©vus chaque semaine. Corsica Linea, le concurrent français sur cette liaison maritime, n’a pas encore annoncĂ© la reprise de ses traversĂ©es. Mais le principe de rĂ©ciprocitĂ© devrait permettre Ă  la compagnie de reprendre son trafic sur cette ligne courant novembre. Seule ombre au tableau, Alger est actuellement la seule ville desservie. Les trajets vers Oran, BĂ©jaĂŻa, Skikda et Annaba n’ont toujours pas repris. Le ministĂšre algĂ©rien des transports examinera la programmation de voyages supplĂ©mentaires vers d’autres destinations selon l’évolution de la situation sanitaire du pays. » Service minimum Depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie, peu de Franco-AlgĂ©riens ont pu retourner au bled. Certains ont manquĂ© des mariages, des anniversaires, des enterrements
 Et souffrent de ne pas voir leur famille. Les frontiĂšres algĂ©riennes se sont peu Ă  peu ouvertes depuis juin, mais les trajets en avion, seul moyen d’accĂšs jusqu’alors, se sont rarĂ©fiĂ©s. Avant la crise, il y avait 64 vols par jour entre la France et l’AlgĂ©rie. Aujourd’hui, il y en a 24 par semaine », remarque Elyas Attar, rĂ©dacteur en chef du site Visas Voyages AlgĂ©rie. Une bonne partie des vols affiche donc complet. Lire aussi Covid-19 en AlgĂ©rie, la sociĂ©tĂ© civile s’organise face Ă  la pandĂ©mie Aussi la reprise des traversĂ©es Ă©tait-elle trĂšs attendue. Des centaines de personnes ont fait le pied de grue devant les agences d’AlgĂ©rie Ferries, notamment Ă  Paris et Ă  Lyon. Prise d’assaut, la compagnie a appelĂ© ses clients Ă  rĂ©server leurs places sur Internet. C’est un Ă©norme soulagement. Ma famille va enfin pouvoir retrouver sa terre et ses proches », se rĂ©jouit une jeune Franco-AlgĂ©rienne, Nawel Belnour. Bateau flambant neuf Cette reprise marquera les grands dĂ©buts du nouveau navire le Badji Mokhtar 3. La derniĂšre acquisition d’AlgĂ©rie Ferries arrive tout droit du chantier naval de Guangzhou, en Chine. Ce bateau neuf vient ­rajeunir la flotte de la compagnie, plutĂŽt vieillissante. L’état des bateaux Ă©tait inqualifiable vĂ©tustes, sales, et le service mĂ©diocre
 L’arrivĂ©e de ce ­nouveau bateau est une ­excellente nouvelle », se rĂ©jouit Nawel Belnour. Le Badji Mokhtar 3 a une capacitĂ© de transport de 1 800 passagers et 600 vĂ©hicules. On y trouvera deux restaurants, un salon de thĂ©, des aires de jeux pour les enfants, une salle de sport et un espace de priĂšre. C’est un bateau luxueux pour une compagnie comme AlgĂ©rie Ferries », constate Elyas Attar. Plus rapide, ce navire permettra de faire la traversĂ©e en dix-huit heures, quand les prĂ©cĂ©dents paquebots mettaient presque six heures de plus. Liaison attractive Au port de Marseille, la direction se dit trĂšs contente qu’une telle ligne historique puisse repartir ». En 2019, le port phocĂ©en comptait 388 687 passagers venus ou en direction de l’AlgĂ©rie, ce qui reprĂ©sente 12,5 % de son trafic. Ces traversĂ©es sont trĂšs empruntĂ©es par la vaste communautĂ© algĂ©rienne de Marseille, estimĂ©e Ă  plus de 220 000 personnes. Mais pas seulement. On y retrouve principalement des familles, venues de l’Europe entiĂšre », explique Elyas Attar. Les tarifs, plus attractifs que ceux de l’avion, permettent aux foyers les plus modestes de rentrer au pays et de voyager avec leur voiture. Avant l’annonce de la reprise, les Franco-AlgĂ©riens craignaient une flambĂ©e des prix, Ă  l’image de celle du transport aĂ©rien. En effet, depuis juin, les prix s’envolent de 700 Ă  1 000 euros l’aller-retour. La direction d’AlgĂ©rie Ferries assure que les tarifs resteront les mĂȘmes qu’avant la crise sanitaire 316 euros aller-retour. Tom Bertin Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

HorairesVol Marseille / Alger. 11 vols le lundi. Départ : 06h35 Arrivée : 08h45 MRS - ALG Vol n°WT602 02h10 direct. Départ : 07h30 Arrivée : 09h10 MRS - ALG Vol n°AH1025 01h40 direct. Départ : 08h30 Arrivée : 09h10 MRS - ALG Vol n°AH1025 01h40 direct.

Corsica linea, la compagnie maritime française desservant l’AlgĂ©rie au dĂ©part de Marseille, suscite encore les critiques et la polĂ©mique. Cette fois, Ă  cause du prix de la bouteille d’eau minĂ©rale pratiquĂ© au bord de ses navires. Un taris qui, il faut le dire, dĂ©passe tout entendement. EpargnĂ©e jusque lĂ , la compagnie maritime Corsica linea se retrouve sous les feux de la critique depuis quelques jours. Pratiquement chaque traversĂ©e au dĂ©part de Marseille Ă  destination des diffĂ©rents ports algĂ©riens qu’elle dessert, suscite la foudre des voyageurs. La semaine Ă©coulĂ©e, un voyageur est montĂ© au crĂ©neau pour dĂ©noncer un service dĂ©plorable » au niveau du bateau le MĂ©diterranĂ©e. Nous prenons aujourd’hui le bateau MĂ©diterranĂ©e CORSICA LINEA.TraversĂ©e Marseille-Alger. Tout allait bien jusqu’à notre arrivĂ©e Ă  la cabine », raconte ce passager. Ce dernier raconte qu’ il n’y a pas eu de rĂ©fection des couchettes qu’on a trouvĂ© dans un Ă©tat lamentable. J’ai Ă©tĂ© signalĂ© cet abominable problĂšme Ă  l’accueil. Les agents n’étaient pas surpris et un responsable m’a dit qu’il allait envoyer 2 agents pour refaire la cabine ». Corsica Linea prend l’eau ConsternĂ©, le ressortissant algĂ©rien a affirmĂ© qu’il n’y avait aucune prise Ă©lectrique » qui fonctionne dans sa cabine. CotĂ© sanitaires, il y a juste un lavabo entartrĂ© et sale, poursuit-il. Et pour finir, la porte de la cabine ne ferme pas ». Pour lui la compagnie maritime française se dĂ©grade d’une annĂ©e Ă  l’autre ». Corsica Linea a fait parlĂ© d’elle cette semaine encore
 et cette fois Ă  cause du prix de la bouteille d’eau minĂ©rale qui se vend Ă  4,5 euros dans les bateaux de la compagnie. Pour les voyageurs, cela relĂšve du vol », pur et simple. Les passagers prĂ©cisent que la bouteille d’eau ne coĂ»te pas plus de euro. Cela se fait au su et au vu de tout le monde », indique un voyageur. Pour plus d’un, la compagnie corse doit absolument revoir sa copie. CORSICAlinea, lignes de ferry pour la Corse, la Sardaigne, l'AlgĂ©rie et la Tunisie. CORSICA linea est une compagnie maritime rĂ©gionale assurant le transport de passagers et de marchandises (fret) entre la France, au dĂ©part de Marseille, la Corse, en desservant quotidiennement les ports d' Ajaccio et Bastia et 3 fois par semaine le port d
Marseille News 24/71600Bouches-du-RhĂŽne un incendie se dĂ©clare Ă  Auriol, le massif menacĂ©Le feu s'est dĂ©clarĂ© dans la commune d'Auriol ce jeudi aprĂšs-midi. La maire de la commune annonce avoir dĂ©clenchĂ© le plan de sauvegarde communal1324Mercato pourquoi l'OM a dĂ©cidĂ© de se sĂ©parer de MilikL'OM a trouvĂ© un accord avec la Juventus pour le prĂȘt avec option d'achat d'Arkadiusz Milik lors du mercato estival. Le dĂ©part de l'attaquant polonais de 28 ans constitue un choix Ă©conomique mais aussi 1 les supporters de l'OM interdits de dĂ©placement Ă  NiceL’OGC Nice recevra l’Olympique de Marseille dimanche lors de la quatriĂšme journĂ©e de Ligue 1. Le prĂ©fet des Alpes-Maritimes a interdit le dĂ©placement des supporters phocĂ©ens alors que le duel entre les deux rivaux avait Ă©tĂ© marquĂ© par de graves incidents en est-elle la capitale du rap?Les rappeurs marseillais sont omniprĂ©sents dans les classements des titres les plus Ă©coutĂ©s en France. Beaucoup de jeunes talents de la citĂ© phocĂ©enne se lancent en espĂ©rant devenir le nouveau visage du un cycliste tuĂ©, renversĂ© par un scooterUn accident de la circulation entre deux vĂ©los et un scooter s'est produit sur le boulevard de Paris dans la citĂ© phocĂ©enne. Un homme de 35 ans qui circulait Ă  vĂ©lo est d'un twitto marseillais Ă  Jul, itinĂ©raire du rĂȘve "Ronaldo Ă  l'OM" sur les rĂ©seauxDepuis plus d'un mois, les supporters marseillais entretiennent le doux rĂȘve de voir Cristiano Ronaldo signer Ă  l'OM. Ce qui n'Ă©tait au dĂ©but qu'un simple condensĂ© de passion et de second degrĂ© sur les rĂ©seaux sociaux est devenu un vrai sujet de conversation, y compris chez les Ă  Marseille la mise en place de la totalitĂ© du dispositif prĂ©vue en 2025942Trafic de drogue l’appel Ă  l’aide du maire communiste de Port-de-BoucDans "Apolline Matin" ce jeudi sur RMC et RMC Story, le maire communiste de Port-de-Bouc Bouches-du-RhĂŽne a lancĂ© un appel Ă  l’aide face au trafic de drogue dans sa ville. Il demande au ministre de l’IntĂ©rieur, GĂ©rald Darmanin, la mise en place de moyens de ZFE Ă  Marseille se prĂ©pare, "l'objectif Ă©tant que l'habitant ne soit pas pris au piĂšge" explique la mĂ©tropole926"La Ciotat, il Ă©tait une fois 1720" un spectacle bientĂŽt prĂ©sentĂ© au public926Marseille, la capitale française du rap902OM les rĂ©seaux sociaux mĂšnent l'enquĂȘte et spĂ©culent sur l'arrivĂ©e de Ronaldo Ă  Marseille852La Ciotat un spectacle retrace l'histoire de la peste de 1720 en Provence846Olympique de Marseille Éric Bailly arrive, Kevin Strootman s'en va837Ligue des champions le tirage au sort de la phase de groupes aura lieu Ă  18h831Marseille neuf jeunes ont dĂ©couvert le milieu marin avec la police nationale825Alerte aux mĂ©duses le Parc national des Calanques appelle Ă  la vigilance820Marseille comment obtenir la vignette Crit'Air, indispensable en ZFE?717Ligue des champions sur quelle chaĂźne et Ă  quelle heure voir le tirage au sort des groupes du PSG et de l'OMLes barrages qualificatifs et tous les qualifiĂ©s pour la Ligue des champions connus, l'UEFA va procĂ©der ce jeudi au tirage au sort de la phase de poules en direct d'Istanbul en Turquie. Deux clubs français sont concernĂ©s, le PSG et l'OM, les rivaux de la Ligue 1 connaitront leurs trois adversaires respectifs Ă  partir de Bouches-du-RhĂŽne quelques nuages avant le retour du soleil dans l'aprĂšs-midi de jeudi24/08Ligue des champions la composition complĂšte des chapeaux est connue, le PSG et l'OM sont fixĂ©sLes barrages ont rendu leur verdict ce mercredi soir et les trois derniĂšres Ă©quipes qualifiĂ©es pour la phase de groupes de la Ligue des champions Glasgow Rangers, FC Copenhague et Dinamo Zagreb sont connues. Le PSG et l'OM savent dĂ©sormais Ă  quoi s' une semaine de l'entrĂ©e en vigueur de la zone Ă  faibles Ă©missions, les Marseillais sont-ils prĂȘts?La prĂ©fecture indique qu'une certaine tolĂ©rance sera appliquĂ©e pendant le premier mois d'entrĂ©e en vigueur de cette mesure. Les verbalisations pourraient toutefois commencer dĂšs le mois d' Bailly prĂȘtĂ© Ă  l’OM, c’est officielComme attendu, l’arrivĂ©e d’Éric Bailly Ă  l'OM a Ă©tĂ© officialisĂ©e par le club phocĂ©en. Le dĂ©fenseur central ivoirien s’est engagĂ© pour une saison en prĂȘt en provenance de Manchester United. Marseille, qui a dĂ©boursĂ© deux millions d’euros, bĂ©nĂ©ficie d’une option d’achat de dix millions d’ emplacements manquants Ă  Marseille, la pĂ©nurie de place dans les cimetiĂšres se fait ressentirBeaucoup de cimetiĂšres n'ont plus de place pour les nouveaux dĂ©funts et les dĂ©lais pour trouver des emplacements adaptĂ©s peuvent ĂȘtre trĂšs Emmanuel Macron annonce le dĂ©part d'un navire de vivres et de matĂ©riel mĂ©dical depuis MarseilleL'annonce a Ă©tĂ© faite par le prĂ©sident de la RĂ©publique dans un message vidĂ©o publiĂ© Ă  l'occasion de la fĂȘte nationale le maire demande un classement en quartier de reconquĂȘte rĂ©publicaine24/08Port-de-Bouc le maire alerte Darmanin sur "l'explosion" du trafic de drogue24/08Provence-Alpes-CĂŽte d'Azur des orages saisonniers attendus aprĂšs les fortes tempĂ©ratures de l'Ă©tĂ©24/08Des records annuels de nombre de nuits tropicales battus dans les Bouches-du-RhĂŽne et le VarLa ville d'Arles a dĂ©jĂ  connu 41 nuits tropicales cette annĂ©e, la ville d'Istres en compte elle chez vous Ă  la dĂ©couverte du chĂąteau du Lourmarin
Mais dĂ©jĂ , depuis janvier 1962, le gouvernement français cherche Ă  empĂȘcher une arrivĂ©e massive de rapatriĂ©s et souhaite rĂ©guler le flux des arrivĂ©es. " Il demande aux compagnies de navigation, la Transat, la Compagnie de navigation mixe et la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale de Transports Maritimes, de rĂ©duire le nombre de rotations hebdomadaires des bateaux entre l'AlgĂ©rie et la Voyager de Tlemcen Ă  IbizaIbiza attire chaque annĂ©e des milliers de touristes et de voyageurs d'affaires. Organiser un voyage Ă  Ibiza au dĂ©part de Tlemcen est chose aisĂ©e grĂące Ă  vous trouvez les meilleurs vols et chambres d'hĂŽtel selon votre budget et effectuez votre rĂ©servation en ligne, en seulement quelques voyage inoubliable TLM - IBZProfitez pleinement de votre voyage de Tlemcen TLM Ă  Ibiza en consultant Ă  l'avance sur les attractions Ă  ne pas manquer. Avec l'aperçu sur les Ă©vĂ©nements/visites disponibles dans la ville de votre sĂ©jour, vous pouvez rĂ©server Ă  l'avance et ainsi passer un sĂ©jour inoubliable. Lettrede Demande de remboursement en cas de retard Ă  l'arrivĂ©e pour AlgĂ©rie Ferries. Adresse d'envoi : AlgĂ©rie Ferries - 27, boulevard des Dames, 13002 Marseille. Les indemnisations en cas de retard du ferry sont rĂ©gies par le rĂšglement europĂ©en n° 1177/2010 concernant les droits des passagers voyageant par mer ou par voie de navigation intĂ©rieure.

Votre traversĂ©e en ferry avec ENTMV – ALGERIE FERRIESVous dĂ©placez frĂ©quemment dans les pays bordant la MĂ©diterranĂ©e pour vos affaires ou pour des raisons familiales ? Essayez le ferry, un moyen de transport Ă  la fois Ă©conomique, pratique et bien plus agrĂ©able que l’avion. Vous pourrez Ă©galement consacrer une journĂ©e ou deux pour dĂ©couvrir la rĂ©gion de votre port de dĂ©part. La compagnie ENTMV – ALGERIE FERRIES Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs jouit d’une rĂ©putation bien Ă©tablie grĂące Ă  la qualitĂ© du service qu’elle propose. Vous pouvez lui faire confiance pour vos traversĂ©es en ferry entre la France, l’Espagne, l’Italie et l’AlgĂ©rie. La rĂ©servation se fait en quelques clics, il ne vous reste qu’à choisir la date de votre dĂ©part. LES FERRIES DE ENTMV – ALGERIE FERRIESENTMV dispose d’une flotte de navires de nouvelle gĂ©nĂ©ration Ă©quipĂ©s de nombreuses commoditĂ©s l’El Djazair II, le Tariq Ibn Zyiad, le Tassili II, l’Elyros, le SeraĂŻdi, et le Badji Mokhtar II. Les critĂšres retenus par la compagnie dans la sĂ©lection de ses bateaux sont la rapiditĂ©, la sĂ©curitĂ© et le confort. Vous serez accueilli Ă  bord par un personnel souriant et attentif Ă  vos exigences. Pour votre confort, les bateaux comportent des salons, des restaurants de 1Ăšre et 2e classe, un rĂ©seau wifi gratuit et des boutiques hors taxes. Des animations sont Ă©galement organisĂ©es, et des espaces de dĂ©tente, une piscine et des bars vous attendent sur le pont PRINCIPALES TRAVERSÉES Les navires de la compagnie ENTMV – ALGERIE FERRIES assurent notamment les liaisons au dĂ©part de France pour l’AlgĂ©rie ou AlgĂ©rie en direction de la France Marseille – Alger, Marseille-Bejaia, Marseille-Skikda, Marseille-Annaba, traversĂ©es maritimes au dĂ©part d’Espagne en direction de l’AlgĂ©rie Alger – Alicante,Annaba – Marseille,Mostaganem – Valence,Oran – Marseille et Skikda – l’Espagne, elle a mis en place les lignes Alicante – Alger,Alicante – Oran etValence – Mostaganem, Alicante – Mostaganem, Barcelone – MostaganemAu dĂ©part d’Italie EN DIRECTION DE L’AlgĂ©rie vous pouvez faire le trajet GĂȘnes – Skikda ou Skikda – trouverez de nombreuses offres promotionnelles toutes l’ & EMBARQUEMENT Votre heure de prĂ©sentation au port sera prĂ©cisĂ©e sur votre confirmation de rĂ©servation. Vous devrez la prĂ©senter au bureau d’embarquement de la compagnie ENTMV ALGERIE FERRIES, munis d’une piĂšce d’identitĂ©. Attention Ă  bien respecter l’heure indiquĂ©e, elle peut ĂȘtre diffĂ©rente, selon votre destination, si vous ĂȘtes piĂ©ton ou si vous avez un vĂ©hicule. La rĂšgle gĂ©nĂ©rale, pour une traversĂ©e Ă  destination de l’Europe, est de se prĂ©senter au minimum 1 heure avant pour un piĂ©ton et au minimum 2 heures avant si vous avez un vĂ©hicule. Pour une traversĂ©e Ă  destination du Maghreb, la prĂ©sentation est de 4 heures avant l’heure de dĂ©part avec un vĂ©hicule et pour les le dĂ©tail des heures de prĂ©sentations selon les traversĂ©es maritimes desservies par ENTMV ALGERIE FERRIES pour les traversĂ©es ALICANTE – ORAN/ALGER 4h minimum piĂ©ton ou 30min minimum vĂ©hiculeMarseille Alger en Ferry – Alicante Oran en Ferry – Marseille Oran en Ferry – Valence Mostaganem en Ferry

CorsicaLinea: TrĂšs bien - consultez 2 397 avis de voyageurs, 716 photos, les meilleures offres et comparez les prix pour Ajaccio, France sur Tripadvisor. La pandĂ©mie du Coronavirus a paralysĂ© le monde entier. La propagation dangereuse de ce virus mortel a obligĂ© la majoritĂ© des pays du monde Ă  fermer leur espace terrestre, maritime, mais aussi aĂ©rien, afin d’éviter le les pays qui ont Ă©tĂ© fortement touchĂ©s par la Covid-19, figure l’AlgĂ©rie. À cet effet, et suite au chiffre alarmant enregistrĂ©, les autoritĂ©s du pays ont procĂ©dĂ© Ă  la fermeture de tous les espaces, et ce, dans l’espoir de limiter la circulation du trois vagues dĂ©sastreuses, le pays semble enfin attraper son Ă©quilibre. Suite Ă  cela, les mĂȘmes autoritĂ©s ont procĂ©dĂ©, le 1e juin dernier, Ă  la rĂ©ouverture partielle des frontiĂšres le nombre de vols programmĂ©s demeurait insuffisant face Ă  la forte demande des voyageurs ainsi que de la diaspora. Sur ce, le gouvernement algĂ©rien a optĂ© rĂ©cemment pour la reprise des croisiĂšres afin de soulager la pression sur le trafic reprise des croisiĂšres aprĂšs 19 mois de suspensionEn effet, les autoritĂ©s compĂ©tentes ont choisi la date d’aujourd’hui, le lundi 1e novembre 2021, pour lancer officiellement la reprise du trafic maritime avec la France aprĂšs une longue lundi, la joie des AlgĂ©riens, notamment de la diaspora, est multipliĂ©e par deux. Ces derniers fĂȘtent ce grand Ă©vĂ©nement historique du dĂ©clenchement de la RĂ©volution nationale, ainsi que la reprise des croisiĂšres, aprĂšs plus de 19 mois de les croisiĂšres entre les deux villes, Alger et Marseille sont reprises, et ce, Ă  partir de 16 heures, par un dĂ©part de la capitale algĂ©rienne, et une arrivĂ©e aprĂšs 19 heures de traversĂ©e en mer. Ce qui veut dire que le navire arrivera demain Ă  11 heures Ă  sa destination, nouveau navire peut transporter 1 800 passagersCe n’est pas tout ! Les clients d’AlgĂ©rie Ferries ont Ă©galement la chance d’embarquer Ă  bord du tout nouveau venu dans la flotte, le navire Badji Mokhtar 3. Ce dernier peut transporter jusqu’à 1 800 passagers dans chaque et afin de respecter les mesures prises par le gouvernement afin de lutter contre la Covid-19, ledit navire ne portera que 1 500 passagers, soit une rĂ©duction de 20 %. Outre des 1 500 passagers, Badji Mokhtar 3 peut transporter Ă©galement 600 vĂ©hicules Ă  son rappel, le nouveau navire va assurer la ligne Alger – Marseille, tout en attendant la reprise des autres lignes, mais aussi de l’activitĂ© des autres navires de l’Entreprise Nationale du Transport Maritime des Voyageurs, Ă  savoir, Tassili 2, DajazaĂŻr2 et Tarik Ibn Ziad. MeteoBateau CassĂ© - AlgĂ©rie (Alger) ☌ Longitude : 3.22 Latitude : 36.76 Altitude : 2m ☀ L'AlgĂ©rie est le plus grand pays d'Afrique et du bassin mĂ©diterranĂ©en de par sa superficie : plus de 2 380 000 km2, soit plus de quatre fois la Horaireset calendrier ferry Alger - Marseille 2022. captainferry Membre du rĂ©seau Selectour Afat. RĂ©servez vos billets Lignes Compagnies Ports Le blog Mon compte Notre rĂ©seau d'agences Nous contacter Aide. 00 33 1 84 20 06 66 Notre rĂ©seau d'agences Nous contacter Me connecter. RĂ©servez vos billets Lignes Compagnies Ports Aide Le blog. Être rappelĂ© par Captain Ferry. ×. WXf3wYZ.
  • 16txzvxrln.pages.dev/19
  • 16txzvxrln.pages.dev/697
  • 16txzvxrln.pages.dev/487
  • 16txzvxrln.pages.dev/332
  • 16txzvxrln.pages.dev/760
  • 16txzvxrln.pages.dev/702
  • 16txzvxrln.pages.dev/285
  • 16txzvxrln.pages.dev/614
  • 16txzvxrln.pages.dev/984
  • 16txzvxrln.pages.dev/693
  • 16txzvxrln.pages.dev/843
  • 16txzvxrln.pages.dev/371
  • 16txzvxrln.pages.dev/375
  • 16txzvxrln.pages.dev/632
  • 16txzvxrln.pages.dev/791
  • heure d arrivĂ©e bateau alger marseille aujourd hui